Hatem Bourial revisite l'exposition «Carthago» qui se tient jusqu'au mois de mai au musée de Leyden aux Pays-Bas. Les rencontres deviennent rares dans le cadre des clubs culturels depuis le mois de décembre, et pour cause ! Une circulaire du ministère de la Culture a «gelé» les activités des comités culturels à travers toute la Tunisie. Ce sont des choses qui arrivent pour faire le point, mais quand la situation s'éternise, les responsables de ces lieux se retrouvent dans une sorte d' «étouffoir», puisqu'ils ne peuvent rien programmer comme activité, d'autant plus qu'ils n'ont aucune réponse claire du ministère en question, et qu'ils naviguent carrément à vue. Il faudrait trancher dans l'urgence pour dissiper ce flou qui paralyse le quotidien de ces clubs et de ces maisons de la culture. Cette rencontre étayée par des photos de l'exposition consacrée à Carthage et à sa civilisation au pays de Rembrandt a démarré avec le témoignage de Hatem Bourial qui était présent lors de l'ouverture pour présenter une communication sur Jean Emile Humbert, le «découvreur» moderne de Carthage. Rappelons que cet archéologue hollandais était en Tunisie sur l'invitation du Bey pour construire le port de La Goulette et ensuite pour consolider les remparts de la Médina de Tunis. «Cette exposition décrit le quotidien des Carthaginois, leur mode de vie, leurs croyances, car Carthage est le sujet principal de cet évènement», dit Hatem Bourial; les organisateurs ont évité autant que possible de montrer une culture et une civilisation par sa destruction, c'est pour cela qu'ils n'ont pas mis l'accent sur les guerres puniques par exemple. «Les organisateurs ont aussi voulu montrer que dans la Carthage romaine il existait encore des influences puniques. Ce qui, à mon sens, met l'accent sur le côté melting-pot de la société tunisienne et place Carthage dans le réseau méditerranéen, la statue de la déesse avec la tête de lionne qui a été affichée dans toute la ville montre d'ailleurs que la culture punique n'a pas disparu sous les Romains». L'exposition, qui a drainé un grand public dès l'ouverture, montre aussi l'image de Carthage dans la culture européenne que ce soit par les estampes ou par les affiches de films. Lors de cette rencontre au club Tahar- Haddad, les diaporamas ont été commentés par M. Habib Ben Younes, l'ancien conservateur du musée du Bardo, qui a montré une parfaite connaissance des pièces exposées au musée de Leyden et qui proviennent des musées du Bardo ou de Carthage. Rappelons que sur 250 pièces exposées, 160 proviennent des musées du Bardo et de Carthage, les autres provenant du Louvre et du British Museum, ce qui fait dire à Hatem Bourial : «La polémique sur la provenance douteuse des pièces est totalement infondée, d'autant plus que le musée de Leyden est connu pour sa collection tunisienne réunie par Jean Emile Humbert. En tout cas, cela fait de l'effet de voir toutes ces pièces réunies ensemble pour la première fois». L'exposition, inaugurée le 27 novembre dernier, se poursuivra jusqu'au 10 mai 2015.