La troupe de « Nadi Al Assil » de Sfax a donné le 30 juin à Dar Lasram un concert intitulé « Chawahed wa aoutar » dans le cadre de la 34è édition du festival de la Médina de Tunis. Ce concert était une revisite de fragments du patrimoine musical tunisien riche en « Naoubets » et autres chansons d'une rare qualité artistique. Cette soirée de « Tarab » était présentée par des musiciens professionnels et une chorale composée d'amateurs de chant, pas du tout dans le sens péjoratif du terme. Car ces chanteurs en herbe, n'ont rien à envier à ceux qui sont célèbres et connus. Le spectacle avait démarré à l'heure, soit à 22 heures 30 et le public était encore peu nombreux. Mais peu à peu, les spectateurs affluaient de plus en plus nombreux, jusqu'à ce que le patio de Dar Lasram ne pouvait plus accueillir d'autres spectateurs. Et bien que cet espace est à ciel ouvert, cette nuit de Ramadan était suffocante. Mais la musique était là avec une troupe respectueuse du chant de haute qualité sous la conduite du maestro Youssef Trabelsi. « Nadi Al Assil » de Sfax a remporté en 2015 le premier prix du festival du Malouf de Testour. Le concert a été présenté par le chroniqueur et fin narrateur Abdessattar Amamou. Une belle surprise pour l'assistance. Et pour rester avec le Malouf, un extrait de « Noubet Edhil » a été proposé pour démarrer la soirée. Nous étions dans le vif du sujet. Cette musique était, en plus, dans son fief. Seule la canicule nocturne n'était pas la bienvenue. Le chant en solo allait suivre avec Amal Sassi qui a interprété avec brio « Ya khammouri », chanson enregistrée par Aïcha, quelques années après la mort de Saliha et à l'automne de la vie de son compositeur. Cette belle œuvre a été composée, en effet, par Khémais Tarnène sur des paroles de Haj Othman Gharbi. Maghreb-Orient La troupe allait enchaîner avec un « Daour », une forme de chant oriental qu'on compose rarement aujourd'hui. Il s'agissait de celui très célèbre composé par Hédi Jouini sur des paroles d'Ali Douaji. Un régal que le crooner Moez Mezgheni a si bien chanté avec une voix forte, limpide et qui pouvait prendre encore plus d'envolées. Quant à Imène Abbès, elle a chanté « Ya laimi yizzini » écrite par le même Ali Douaji et composée par Khémais Tarnène. Le Malouf était ensuite de retour avec une « Wasla » dans le mode « Asbain. » La haute qualité artistique était toujours respectée par cette troupe. Les chansons en solo revisitaient également des pièces maîtresses de notre patrimoine musical récent. Walid Bouzid a savamment servi avec une voix pure la chanson d'Adnène Chaouachi « Ini ala sihr el hawa. » D'autres chansons tunisiennes immortelles ont été reprises, à l'instar « Ya inha » de Mustapha Charfi et « Jismi biid aalik », composée par Mohamed Triki pour Hassiba Rochdi. La chanson orientale n'était pas en reste avec « Bayia el hawa » du chanteur égyptien Mohamed Abdelmouttaleb. Une belle soirée musicale qui n'a duré qu'une heure et demie, mais qui a fait voyager l'auditoire à travers des œuvres éternelles puisées du Malouf tunisien où l'on retrouvait une œuvre agréablement composée par Salah Mehdi dans le genre maghrébin. Le public en redemandait et les responsables de cet ensemble ont promis de revenir la prochaine année à ce même festival de la Médina.