Maintenant que le mois de Ramadan est terminé, les vacances peuvent enfin officiellement commencer. Direction la plage pour tous pour de longues journées de farniente et des plongeons à répétition. Mais cette année, des créatures menaçantes se sont invitées dans plusieurs de nos plages rendant les baignades dangereuses, voire parfois quasi-impossibles. Il s'agit des méduses de différentes tailles, dont certaines très urticantes et nocives. Il y a un peu plus d'une semaine, un nombre important de grandes méduses de type Rhizostoma pulmo s'échouaient sur la plage de Chaffar à Sfax, provoquant un mouvement de panique parmi les baigneurs. Le sable était jonché de ces animaux marins tentaculaires entravant ainsi l'accès à la mer par endroits. Un phénomène inquiétant d'autant plus qu'il concerne également d'autres plages. Certes, il n'est pas rare de rencontrer des méduses en Tunisie mais il s'agit généralement d'espèces de petites tailles de type Olindias mesurant entre 4 et 6 centimètres. Urticantes, elles deviennent fréquentes vers la deuxième moitié du mois d'août et en septembre. D'autres espèces sont également communes en Tunisie telles que les Rhopilema (entre 20 et 80 centimètres) présentes à Tunis, Bizerte et Gabès, les Aurelia (entre 5 et 20 centimètres) très fréquentes en hiver et au printemps mais aussi les Pelagia (entre 5 et 10 centimètres), très communes en Tunisie du nord au sud et ce, tout au long de l'année. Mais il est rare que les plages tunisiennes connaissent une invasion aussi étendue et précoce au cours de l'année. A ce propos, L'Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral (APAL) affirme que ce phénomène est principalement dû à la disparition graduelle des tortues marines causée par la pollution des eaux et l'abondance des déchets plastiques en mer. Cette version est toutefois contestée par certains chercheurs et spécialistes du milieu marin qui affirment que la présence accrue et la prolifération anormale des méduses dans les plages est due à un ensemble de causes reliées dont principalement les changements climatiques, la surpêche et la modification des habitats marins. L'augmentation de la température des eaux ainsi que l'augmentation de la stratification des eaux serait donc à l'origine de ce phénomène mais aussi la pêche en surnombre qui a abouti à la disparition de certaines espèces marines. Les chercheurs pointent également du doigt la destruction des fonds marins naturels par les chalutiers ce qui induit la disparition d'une partie de la faune dont certains sont des prédateurs des polypes de méduses. Parallèlement, la construction des marinas, des ports, des docks et des plateformes pétrolières fournit un environnement favorable à la prolifération des méduses. Pour ces chercheurs, la disparition de la tortue de mer en Tunisie n'est pas une cause suffisante pour expliquer le phénomène d'invasion des méduses. En effet, ils affirment que la tortue Caretta Caretta, principale espèce présente en Tunisie se nourrit principalement de poissons, de crustacés et de mollusques et non pas principalement de méduses. La Tunisie n'est pas le seul pays de la Méditerranée à être touché par cette invasion. C'est le cas également pour la France et ailleurs. Fabien Lombard, enseignant-chercheur au laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer et spécialiste de l'étude des méduses sur le littoral méditerranéen a déclaré à ce propos que les méduses restent habituellement au large mais que ce sont les coups de vent qui les rapprochent des côtes. Le chercheur affirme toutefois que l'année 2016 sera une année à méduses, ajoutant que les vingt dernières années l'ont également été. Par ailleurs, les médecins rappellent qu'en cas de contact avec une méduse, il faut rincer la partie enflammée avec de l'eau de mer et jamais avec de l'eau douce. Puis, il faut éliminer le reste des tentacules, appliquer une crème apaisante et enfin laisser sécher la partie du corps endolorie.