La chanteuse et musicologue tunisienne Dorsaf Hamdani nous avait conquis en nous proposant vendredi une rencontre fantasmée et lumineuse de la chanteuse libanaise Fairouz et de l'icône française Barbara. Sous la direction musicale de Daniel Mille, elle réinvente le répertoire de ces deux artistes, comme elle, libres et anticonformistes. Elle a ébloui le public par sa voix douce, son timbre particulier et sa sensibilité. Dorsaf qui possède un talent remarquable pour la scène, a démontré l'étendue de son jeu. Cette artiste à la voix superbe et dotée d'une intelligence musicale certaine, dessine un pont enchanteur entre les rives de la Méditerranée. Avec ce répertoire, elle offre la rencontre inattendue entre deux des plus grandes voix de la chanson française et du monde arabe : Barbara, et la diva libanaise Fairouz. Dans ce spectacle qui les réunit, Dorsaf Hamdani n'a pas voulu "orientaliser" Barbara ou "occidentaliser" Fairouz. Elle a créé quelque chose d'original qui n'a rien à voir avec une mièvre réinterprétation. Ce sont-là deux univers musicaux qui s'interrogent, se répondent et se fondent. Il ne s'agissait pas de faire des allers-retours artificiels entre les deux artistes, mais d'explorer une troisième voie originale... Ce n'est pas à un duel de divas que nous invite Dorsaf en chantant Barbara et Fairouz. « J'ai essayé de les rencontrer toutes les deux pour faire dialoguer ces mondes qui paraissent différents. Elles ont des références similaires. Je parle d'un autre langage, humain, universel. Ce sont des êtres qui ont des douleurs, et beaucoup de beauté, d'émotions. Leur point commun, c'est aussi le physique, l'apparence, comment elles se tenaient J'avais envie qu'elles se parlent l'une à l'autre » dit-elle simplement. Ce soir, Dorsaf a mis toute son énergie et toute sa sensibilité.. Aussi, était-ce avec une aisance et un entrain remarquables qu'elle a gratifié l'assistance de très belles chansons. Entre Fairouz et Barbara, entre la Parisienne, la grande dame de la chanson française et la Bayroutine promue diva de la musique arabe, entre « la solitude » « l'Aigle noir » ou « Nantes » de l'une et « Zourouni » ou « El Qods » de l'autre, il y a un vrai pont musical qui relie ces deux grandes dames qui sont de la même palette et des mêmes humeurs. Et là il faut saluer le bon travail du directeur musical Danielle Mille, du guitariste Lucien Zerrad, du violoniste Zied Zouari et du percussionniste Youssef Zayed. Une grande réussite et une chanteuse apaisée et épanouie. Visiblement heureuse, Dorsaf invita ce soir à la fête et insuffla à la scène une énergie débordante. Il y avait de quoi puisqu'elle rythma ses paroles. Le public l'accompagnait à chaque instant. Elle a tenu à l'emballer. Elle changeait souvent de répertoire, de langue, se jouait des rythmes, refusait la monotonie. Elle s'amuse sur scène en chantant des œuvres bien connues de Fairouz et de Barbara .Une très belle performance. La chanteuse est émue. L'orchestration dépouillée, avec guitare et percussions, fait entendre Fairouz et Barbara autrement .La star se laisse parfois bercer par les notes douces qui fusent, le tout sur un fond bleu nuit et lumière tamisée. Moment de pur romantisme ! Un vrai régal pour tous ses fans qui n'ont pas voulu quitter la scène après des moments d'écoute et de sensations fortes.