Sous nos cieux et durant la saison estivale, les galeries d'art étatiques et privées prennent congé de leur public, histoire de reprendre de bon pied le rythme de la saison prochaine. Un choix légitime qui ne répond surtout pas à la réalité de l'animation culturelle estivale qui devrait perdurer, particulièrement le soir pour ne pas seulement chanter avec les cigales. Mais nos galeristes ne le voient pas de cet œil-là. A Tunis-Belvédère, la Maison des Arts est en vacances depuis des semaines déjà. Il en est de même pour la galerie Ali Guermessi, située à la rue Charles De Gaule. Cette galerie s'apprête à prendre congé, après avoir prolongé une exposition d'un groupe de femmes plasticiennes. Idem pour la galerie d'Art et d'Essai « Le Damier », à Mutuelleville et pour l'Espace « 32 Bis », tout près de la gare de Tunis-Sud. Et du côté de la banlieue nord, rares sont les galeries privées qui bossent en été. A Sidi Bou Saïd, la galerie Saladin prend des vacances, sans toutefois laisser porte de bois. Car le proprio y a installé une exposition de la collection privée de cette galerie, tout en choisissant de recevoir ses visiteurs sur rendez-vous. Une fermeture à moitié, en quelque sorte, pour ne pas fermer totalement, sans pléonasme aucun. La galerie Gorgi ne déroge pas également à la règle des fermetures. La seule galerie qui ne chôme pas cet été est Selma Feriani Gallery, toujours à Sidi Bou Saïd, qui accueillera du 28 juillet au 28 août une exposition d'un groupe de plasticiens. Notre propos n'est de dénoncer les galeristes qui se reposent un peu en été, mais de dire qu'il faudrait repenser la saison culturelle qui devrait essentiellement faire des prolongations durant l'été. Cela permettrait de donner une image d'un pays vivant qui donne une visibilité de ses activités culturelles et qui tient compte du passage des touristes. Ces derniers reprennent peu à peu et fort heureusement la destination Tunisie. Il serait opportun d'organiser, par exemple, des salons d'arts plastiques d'été et d'automne, jusqu'à la fin du mois de septembre. L'ouverture des expositions serait en fin d'après-midi pour se prolonger en soirée. La fréquentation serait plus nombreuse que durant l'hiver, étant donné que les promeneurs noctambules de toutes les générations découvriraient ces lieux de culture et apprécieraient leur existence pour devenir, peut-être et dans un proche avenir de fidèles visiteurs. Alternative Et comme les temps sont incertains et que la crise économique fait toujours des mécontents, il vaudrait mieux éviter la « faillite » culturelle et intellectuelle en proposant au grand public et aux initiés une alternative de l'art. Le fonctionnement des galeries en été ne date pas d'aujourd'hui, car il existait dans le passé des salons d'été et d'automne, ne serait-ce qu'à la Goulette et à la Marsa jusqu'il y'a une vingtaine d'années. Mais les temps ont changé et le public potentiel a déserté les galeries d'art. Quant aux acquéreurs, ils restent parfois invisibles, préférant acheter sur commande ou acquérir leurs tableaux hors-frontières. Parlerons-nous alors d'un marché de l'art en Tunisie ? Il s'agirait plutôt des « marchands d'art », comme ceux qui existent à travers le monde et qu'on retrouve grâce à un clic sur le PC.