Après le scandale des stentes ou ressorts médicaux périmés, une nouvelle affaire similaire a éclaté, risquant d'avoir des retombées négatives sur l'industrie pharmaceutique et les prestations médicales en Tunisie. Il s'agit d'un litige opposant d'un côté la société arabe des industries pharmaceutiques (SAIPH), et de l'autre côté le ministère de la Santé publique et les laboratoires pharmaceutiques français Servier. Le motif, selon les responsables de la société SAIPH qui parlaient lors d'un point de presse tenu, hier, à Tunis, en est une décision de la direction de la pharmacie et des médicaments du ministère de la Santé publique, portant sur le retrait de l'autorisation de mise en vente de quatre médicaments fabriqués sous licence en Tunisie, par la société SAIPH , sur autorisation des laboratoires Servier, et ce suite à une décision des laboratoires français Servier de résilier leur contrat avec la société SAIPH. Puis, la DPM (direction de la pharmacie et des médicaments) a attribué et transféré cette autorisation de mise en vente des médicaments signalés à un autre laboratoire pharmaceutique tunisien. La société SAIPH estime que toutes ces décisions sont contraires à la loi, et elle a déposé une plainte auprès du tribunal administratif en attendant d'intenter d'autres actions en justice pour demander réparations des dommages causés par ces décisions. Le directeur général de la société SAIPH , Ramzi Sendi, a demandé, à cette occasion, au ministre de la Santé publique de revenir sur ces décisions et d'ouvrir une enquête à ce sujet, disant que le ministre de la Santé publique a déclaré, dans des interventions publiques, qu'il n'avait pas supervisé les décisions signées au niveau de la direction de la pharmacie et des médicaments. Or, selon l'avocat de SAIPH, maître Mounir Baccouche, seul le ministre est habilité, par la loi, à prendre et à signer de pareilles décisions. Il a indiqué que la plainte déposée auprès du tribunal administratif réclame le report de l'application des décisions et leur annulation. Le président du Conseil d'administration de la société SAIPH , Dr Mohamed Khélil, de Jordanie, présent au point de presse, a réclamé, à son tour, l'application de la loi. Une réunion était prévue, ce même jour (hier), entre le ministre et les responsables de SAIPH sur les moyens de régler le litige. M. Ramzi Sendi, directeur général de SAIPH, a déploré les dernières modifications apportées au guide d'enregistrement des médicaments en Tunisie et à la réglementation en matière d'autorisations de mise en vente des médicaments (AMM), parce qu'elles ont supprimé deux importantes dispositions , savoir que tout transfert d'une AMM d'une société à une autre doit être conditionné par l'accord documenté du titulaire et ensuite l'épuisement des stocks des produits transférés, se bornant à la condition relative à la résiliation des contrats de fabrication sous licence de la part des partenaires étrangers. Il a estimé que ces modifications sont de nature à favoriser la mainmise des laboratoires pharmaceutiques étrangers sur l'industrie pharmaceutique nationale et à menacer la sécurité nationale en matière d'accès aux médicaments, vu que les laboratoires pharmaceutiques nationaux couvrent plus de 60% des besoins locaux en médicaments, sans compter qu'ils font travailler des milliers de personnes et de cadres tunisiens, et participent activement à l'exportation. Les multinationales des médicaments, a-t-il dit, ne tiennent compte que de leurs propres intérêts. Aussi, au-delà de SAIPH , le problème revêt une dimension nationale, d'après lui. Le représentant de l'Union générale tunisienne du travail, Belgacem Ayari, qui assistait à la rencontre de presse, a fait part du soutien de la centrale syndicale à la position de la société SAIPH , compte tenu des dommages qu'elle va subir à cause de ces décisions, et de leur incidences négative sur son avenir et sur celui des personnes qu'elle emploie. Le représentant du Conseil de l'ordre des pharmaciens, Mokhter Ben Ayba, a aussi exprimé son appui à la position de la société SAIPH.