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Les lettres africaines ont le vent en poupe
Publié dans Le Temps le 14 - 08 - 2016

La rentrée littéraire africaine est exceptionnelle cette année. Elle témoigne de la vitalité et de la diversité d'une production qui raconte la pauvreté, la corruption et les guerres tribales séculaires, mais aussi le rêve, la beauté et la « rumeur du monde ». Voici les incontournables de la rentrée africaine 2016. Premier volet.
Parole aux femmes, parole des femmes, avec Léonora Miano
Quatre voix de femmes s'adressent successivement à un homme qui ne les entend pas et ne peut leur répondre. Existe-t-il vraiment ? A travers les monologues des protagonistes qui s'emboîtent, la Camerounaise Léonora Miano dessine les contours d'un monde au féminin, sa fragilité et sa force. L'action se déroule de nos jours, mais à l'ombre d'une histoire d'asservissement, de trahisons et de rapports de force meurtriers que les protagonistes se remémorent entre eux. Il s'agit d'un roman choral, porté par la gravité de la pensée, mais aussi par la puissance et la densité de son écriture que Miano a su imposer comme sa marque de fabrique.
Léonora Miano est née à Douala, mais elle vit en France. Son œuvre, composée de huit romans, mais aussi de pièces de théâtre et de nouvelles, occupe une place grandissante dans le champ littéraire francophone et africain, comme le confirme le prix Femina qu'elle a remporté pour son précédent roman sur la traite négrière, La Saison de l'ombre.
Crépuscule du tourment, par Léonora Miano. Editions Grasset, 288 pages, 19 euros.Parution le 17 août 2016.
Cameroun-Amérique: le rêve brisé d'Imbolo Mbue
Imbolo Mbue est originaire de Limbé, dans le Cameroun anglophone. Elle est arrivée en 1998 aux Etats-Unis où elle vit désormais. Voici venir les rêveurs est son premier roman, qui sort le 18 août, simultanément en anglais et en traduction française. Mis aux enchères par l'agence Susan Golomb à la Foire du Livre de Francfort, il avait fait sensation, avec l'éditeur américain Random House acceptant de payer la somme astronomique de 1 million de dollars pour en acquérir les droits.
Le roman raconte l'histoire de deux familles aux destins croisés, évoluant dans le New York contemporain sur fond de crise économique. Immigrants de fraîche date, les Jonga originaires du Cameroun, luttent pour survivre et pour réaliser un jour leur rêve américain. La rencontre de Jende Jonga avec Clark Edwards qui est un directeur influent chez les Lehman Brothers, et dont il devient le chauffeur personnel, est un moment décisif dans la vie de cette famille d'immigrants. Cette rencontre a aussi des répercussions sur le devenir des Edwards dont le couple est en train d'exploser. A travers les heurs et malheurs des deux familles sur fond d'éclatement de la bulle des subprimes, Mbue dépeint avec empathie et maestria la tragédie de l'immigration, mais aussi celle de la société américaine engluée dans ses problèmes de corruption et d'inégalités criardes.
Les chapitres sont brefs, l'écriture maîtrisée et évocatrice. Imbolo Mbue entraîne ses lecteurs au cœur des illusions et des faux-fuyants de la modernité américaine à travers des personnages forts et fragiles à la fois.
Voici venir les rêveurs, par Imbolo Mbue. Traduit de l'anglais par Sarah Tardy. Edition Belfond, 440 pages, . Parution le 18 août 2016.
Francis et Kidi: les Bebey père-fille
Le Camerounais Francis Bebey fut un homme aux nombreux talents. Conteur, romancier, haut-fonctionnaire, il fut aussi un grand connaisseur de musiques traditionnelles africaines. Musicien lui-même, il avait abandonné son poste de haut fonctionnaire international pour se consacrer à la découverte du vaste monde des musiques africaines. Il a sorti une trentaine d'albums et s'est produit dans des salles prestigieuses telles que le Carnegie Hall à New York, la Maison de Radio-France à Paris ou encore le musée Munch à Oslo. Son instrument favori était la guitare, mais il se faisait souvent accompagner d'instruments traditionnels aussi: harpe traditionnelle, sanza, flûte pygmée, percussions... Mort en 2001, ce patriarche a laissé derrière lui un héritage important, que ses enfants n'ont pas encore fini de découvrir. Le récit biographique que sa fille Kidi Bebey lui consacre s'inscrit dans cette démarche.
Kidi Bebey est journaliste, auteur pour la jeunesse. Mon royaume pour une guitare est son premier roman, un roman à mi-chemin entre biographie et fiction. Avec pudeur et tendresse, l'auteur-narratrice raconte l'extraordinaire destin de son père, tout en se mettant en scène à la fois comme personnage et spectatrice privilégiée de cette saga. Les plus belles pages du livre sont celles où la narratrice donne à voir la lente transformation de son père lorsqu'il quitte son uniforme de haut fonctionnaire de l'Unesco pour devenir ce musicien qui sommeillait en lui depuis sa plus tendre enfance. La mutation du héros, tout comme le récit de son parcours qui l'a conduit du Cameroun colonial à la France de De Gaulle et de Pompidou, donne sens à cette vie profondément marquée par les grandes tragédies de son époque.
Hommage filial à un père disparu trop tôt, ce livre est aussi un roman historique sur l'Afrique.
Mon royaume pour une guitare, par Kidi Bebey. Edition Michel Lafon, 320 pages, 17,95 euros.Sortie le 18 août 2016.
Yasmina Khadra à Cuba : quand la révolution s'essouffle
On ne présente plus Yasmina Khadra. Auteur d'une vingtaine de romans dont quelques grands succès de librairie de ces dernières années : Les Hirondelles de Kaboul (2002), L'Attentat (2005), Les Sirènes de Baghdad (2006). La grande originalité de cet Algérien, retraité de l'armée de son pays et recyclé dans l'écriture à 45 ans, est d'avoir fait de la politique internationale le matériau de la fiction.
La réconciliation de la grande Histoire avec le roman populaire est le secret du succès de son nouveau roman. Son action se déroule à La Havane. L'auteur a puisé l'inspiration dans la réintégration de l'île révolutionnaire dans la vie politique internationale. Sur ce fond politique vient se greffer l'histoire poignante d'un chanteur de rumba qui voit son monde s'effondrer avec l'arrivée des capitalistes yankee, venant de l'autre côté du golfe du Mexique. Tout bascule pour le chanteur sexagénaire lorsque le gérant du Buena Vista vient lui annoncer que ce cabaret où il se produit depuis 35 ans va changer de propriétaire. La nouvelle propriétaire qui est une richissime américaine de Miami veut engager des jeunes chanteurs pour attirer les touristes qui s'affolent de « reggaeton », la nouvelle vague hybride et débridée de la musique cubaine. Ce tournant inattendu que le vieil homme doit négocier est emblématique du changement que traverse tout le pays, qui a trop longtemps vécu à l'abri des assauts du monde extérieur. Avec ce nouvel opus raconté sur des airs de rumba, le romancier renoue avec l'intelligence et le souffle épique de ses grands romans.
Dieu n'habite pas La Havane, par Yasmina Khadra. Editions Julliard, 312 pages, 19,50 euros. Parution le 18 août 2016.


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