Aucun établissement tunisien ne figure dans l'édition 2016 du classement de Shanghai des 500 meilleures universités du monde publié hier par le cabinet indépendant Shanghai Ranking Consultancy. Aucun autre pays du Maghreb n'est aussi parvenu à placer une seule université dans ce prestigieux classement qui prend en compte six critères pour distinguer 500 des 1.200 établissements répertoriés dans le monde, dont le nombre de Nobel parmi les anciens élèves, le nombre de chercheurs les plus cités dans leur discipline ou le nombre de publications dans les revues «Science» et «Nature». A l'échelle arabe cinq universités figurent dans le classement, en l'occurrence l'Université du Caire qui arrive à la 410e position ainsi que quatre universités saoudiennes: King Abdulaziz University, King Saud University, King Abdullah University of Science and Technology et King Fahd University of Petroleum & Minerals. Au niveau africain, cinq universités figurent dans le classement: l'Université du Caire (Egypte) et les quatre universités sud-africaines: University of Cape Town, University of the Witwatersrand, Stellenbosch University et University of KwaZulu-Natal A l'échelle mondiale, les universités américaines continuent de dominer le classement Shanghai. Pour la 14e année consécutive, Harvard arrive en 2016 en tête de ce classement des 500 meilleures universités au monde. Les trois premières places du podium (et huit des dix premières du classement) sont d'ailleurs occupées par des universités américaines, puisque Stanford se place deuxième comme l'an dernier, suivie de Berkeley (+1 place). Première non-américaine, l'université britannique Cambridge arrive 4e, soit une place de mieux qu'en 2015. Par ailleurs, cette année marque l'entrée, pour la première fois, d'universités chinoises dans les cent premières du classement, avec Tsinghua (58e) et Pékin (71e). Objectifs quantitatifs Le cabinet Shanghai Ranking Consultancy décrit son classement comme «le plus fiable», mais plusieurs experts estiment que les critères retenus sont axés sur la recherche et les sciences de la vie, ce qui occulte, entre autres, les sciences humaines et sociales. Quoiqu'il en soit, ce classement confirme, si besoin est, que l'Université est devenue l'homme malade de la Tunisie. Sous le règne de Bourguiba, l'éducation a été érigée en priorité nationale. L'objectif de l'Etat était alors d'éradiquer l'analphabétisme. L'essentiel était d'apprendre à lire et à écrire mais le plus important avait été négligé. On n'apprenait pas aux élèves de comprendre, réfléchir, questionner, critiquer, analyser et synthétiser... Cela n'avait pas pourtant empêché l'Université tunisienne de produire des dizaines de milliers de têtes bien faites. D'autant plus que l'accès à ce cycle de l'enseignement était limité et sélectif, en raison notamment du manque de moyens de l'Etat. Avec l'arrivée de Ben Ali au pouvoir, les objectifs quantitatifs qui visaient à produire de belles statistiques nécessaires à l'opération de marketing du vrai faux «miracle tunisien» l'ont emporté sur les aspects qualitatifs. La politique de démocratisation de l'éducation qui a été étendue à tous les niveaux de l'enseignement (primaire, secondaire et supérieur) a été utilisée comme un instrument de propagande politique. La plupart des doyens des universités et des instituts étaient d'ailleurs nommés seulement sur la base de leur appartenance au Rassemblement Constitutionnel démocratique (RCD). Conséquence: durant les vingt trois années de règne de Ben Ali, le nombre des diplômés du supérieur a explosé, mais le niveau des apprenants s'est gravement détérioré, ce qui a abouti à une forte inadéquation entre les compétences des diplômés et les besoins réels du marché de l'emploi. Selon les estimations des experts, moins de 30% seulement des jeunes diplômés tunisiens à la recherche d'un emploi disposent des compétences requises.