Nous avons appris que le ministère de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine vient de changer son appellation pour adopter à nouveau celle d'antan « Ministère des Affaires culturelles. » Du coup, il semblerait que la sauvegarde du patrimoine ne fait plus partie des prérogatives de ce département. Comme l'on envisage aussi d'intégrer la sauvegarde dans les affaires culturelles. Un vrai casse-tête chinois purement tunisien. Sous d'autres cieux, tels que l'Egypte, par exemple, il existe un ministère des monuments historiques. Pourtant, la culture dans notre pays possède son propre ministère depuis 1961, à la date de sa création et l'on sait que son nom a maintes fois changé, selon qu'il était rattaché au département de l'information, ou qu'il portait celui de la culture, des affaires culturelles et porté depuis quelques années celui de la culture, de la jeunesse et des loisirs. Nos politiques, et par moments, ne savaient plus où donner de la tête, un beau jour, se sont aperçus ou se sont rappelé que le domaine culturel englobe plusieurs secteurs. Ils ont beau changé l'appellation du ministère de la culture pour insister à dire que le domaine culturel est vaste et mérite plus d'attention. Mais les résultats demeuraient presque identiques, avec la même routine et la même conception du travail, plutôt. Pourquoi ? Pour la simple raison que le budget annuel alloué à ce ministère représente 1% du budget global de l'Etat ! Il est demeuré inchangé depuis des décennies, l'un des plus dérisoires par rapport à d'autres ministères qui s'occupent de quoi ? En fait. Pourtant, le ministère des affaires culturelles, pour l'appeler par son nouveau nom, devrait être considéré comme l'un des ministères de premier ordre « horizontal ». La culture étant l'image du pays quand ce dernier s'intéresse à ses musées, à ses activités culturelles diurnes et nocturnes, à la création artistique qui s'affiche à même la rue et à l'animation. La Tunisie dispose d'établissements culturels, voire des institutions culturelles qui ont été créés au long de six décennies. Et à l'instar des multiples appellations qu'a pris le ministère des affaires culturelles, différents ministres s'y sont succédé durant les ères de la Tunisie post-indépendance. Transformations De Chedly Klibi, à Habib Boularès, de Mahmoud Messâadi, à Mohamed Yâalaoui, de Foued Mebazzâa, à Béchir Ben Slama, de Zakaria Ben Mustapha, à Moncer Rouissi, d'Abdelbaki Hermassi, à Salah Baccari, d'Abdelaziz Ben Dhia (pour trois jours), à Abderraouf Basti. Et depuis la révolution, la liste s'est encore élargie avec : Moufida Tlatli, Ezzeddine Bach Chaouch, Mehdi Mabrouk, Mourad Sakli, Latifa Lakhdhar, Sonia Mbarek et Mohamed Zinelabidine. Mais suffit-il de changer les noms pour que la politique culturelle du pays change et y trouve son compte ? Le comédien Lamine Nahdi a déclaré récemment sur la chaîne « Al Janoubiya » que rien n'a changé en Tunisie depuis des lustres, que les subventions allouées aux créations artistiques ont diminué et que les programmes dont en ont parlé les ministres de la culture mijotent encore dans leur tête ! Les changements devraient être tangibles et il faudrait que le citoyen lambda revendique des activités culturelles dignes de ce nom ? Pour que le politique transforme les réflexes archaïques. A bon entendeur, salut !