Quand on parle de Nidaa Tounes, on pense souvent au fameux congrès de Sousse (janvier 2016) auquel avaient pris part le président de la République et le chef du mouvement d'Ennahdha. Ce congrès est devenu tristement célèbre après avoir marqué, au fer rouge, la scission définitive du Nidaa et ce suite à la démission massive du camp de Mohsen Marzouk et la naissance de son nouveau parti politique. Aujourd'hui, on reparle de Sousse. Toutefois, il ne s'agit pas d'un congrès consensuel mais plutôt d'une Assemblée générale du bloc parlementaire de Nidaa Tounes. Avant de revenir sur ce qui s'y est passé, un petit flash-back serait utile. Cela a commencé avec la réunion du dimanche 19 septembre à l'issue de laquelle le clan de Hafedh Caïd Essebsi a proposé, publiquement, au chef du gouvernement de présider le Comité politique de Nidaa Tounes (poste occupé, jusqu'au mois de mai 2016, par Ridha Belhadj). Cette annonce a causé une grande tempête médiatique entre les deux camps, Toubel versus HCE, surtout lorsque le président du bloc a été accusé par Tahar Battikh de collaborer avec des hommes d'affaires corrompus. Contacté par le fils du chef de l'Etat, Sofiene Toubel a réagi à cette campagne (de diffamation ? On n'en sait encore rien puisqu'aucune enquête sérieuse n'a été initiée) en refusant, catégoriquement, de reporter la tenue des Journées parlementaires dont l'ordre du jour contenait, entre autres, la tenue des élections pour la composition du bureau du bloc. Ces Journées avaient donc eu lieu les 24 et 25 septembre et les députés du clan de HCE y ont brillé par leur absence. Avec la présence d'une vingtaine de députés, Toubel avait renoncé aux élections et sa reconduction avait été décidée à l'aimable. Mais les députés, des deux clans, se sont retrouvés, le week-end dernier, dans la ville de Sousse. Le camp de HCE, représenté, entre autres, par Tahar Battikh et Mohamed Saïdane (vice-président actuel du bloc), s'est opposé à la candidature de Wafa Makhlouf tout en profitant pour demander, encore une fois, le report du vote. Le camp de Toubel a rejeté cette requête, les élections ont été tenues, Toubel a été reconduit et le tout, encore une fois, sans la présence des députés pro-HCE. Cela sans compter, bien évidement, les épisodes d'agressions physiques et verbales qui ont marqué ce week-end d'enfer. Parler de ce qui se passe au sein de Nidaa Tounes devient aujourd'hui très délicat: la cuisine interne du mouvement est dans un état tel qu'on doit marcher sur des œufs afin de respecter toutes les sensibilités et tous les clans. La confusion est d'autant plus qu'importante quand on voit des dirigeants qui soutiennent aujourd'hui l'un des camps et qui retournent la veste sans gêne, aucune. L'année dernière, la tempête avait fini par achever le Comité constitutif et politique de Nidaa Tounes et son bloc avait perdu plus d'un vingtaine de députés. Aujourd'hui, les élus des deux camps menacent, dans les coulisses, de quitter le navire... Hafedh Caïd Essebsi donne l'impression de vouloir éviter, coûte que coûte, la tenue des élections du bloc. Cela voudrait dire qu'il ne permettra jamais la tenue d'un congrès électif au sein du mouvement. Et, comme nous ne cessons de le répéter, sans la tenue d'un tel congrès, Nidaa Tounes ne pourra plus jamais se relever.