Tout juste après les incidents de violences survenus lors de la dernière réunion du bureau exécutif de Nidaa Tounes dans la ville d'Hammamet, trente-et-un députés ont présenté leur démission du bloc parlementaire du mouvement auprès du bureau de l'Assemblée des représentants du peuple. Suite à un appel lancé par le président du mouvement, Mohamed Ennaceur, cette démission a été suspendue à condition que le président du mouvement appelle à une réunion du bureau exécutif à avant la date du 22 novembre 2015. Etant donné que le bureau exécutif n'a pas été appelé à se réunir, le porte-parole du groupe des trente-et-un, Mustapha Ben Ahmed, a annoncé que le député Raouf Cherif a été chargé de mettre à exécution la démission collective administrativement et de terminer la procédure engagée à cet effet dans les jours à venir. De son côté, Bochra Bel Hadj Hmida a déclaré que le bureau exécutif se réunira mercredi prochain avec le groupe des trente-et-un pour examiner toutes les propositions allant dans le but de la protection du mouvement. Entre-temps, une information a circulé durant le week-end dernier indiquant que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, proposerait une nouvelle initiative pour la réunification les rangs de Nidaa Tounes. Commentant cette information, le député Khaled Chaouket a assuré que le fondateur du Nidaa lancerait une initiative comportant trois étapes pour mettre fin aux querelles au sein du mouvement. La première étape résiderait en la création d'une commission qui sera chargée de préparer le congrès constitutif du mouvement. Une fois le congrès constitutif est tenu , les nouveaux dirigeants conduiront le mouvement jusqu'aux élections municipales. La troisième étape consisterait en la tenue d'un congrès électoral tout juste après les élections municipales. Revenant sur cette déclaration, le porte-parole du groupe des trente-et-un députés, Mustapha Ben Ahmed, a rappelé que Khaled Chaouket n'est pas le porte-parole de la présidence de la République et qu'il n'est en aucun cas qualifié pour annoncer de telles mesures. Et d'ajouter que le groupe en question n'a pas été abordé par quelconque partie. Mustapha Ben Ahmed a également déclaré que les députés démissionnaires présenteront dans les prochains jours des initiatives politiques pour résoudre les conflits au sein de Nidaa Tounes. Il est aujourd'hui clair qu'aucun des deux clans n'est prêt à faire des concessions : pour le clan de Mohsen Marzouk, l'idée de la tenue d'un congrès constitutif est inacceptable. Pour le clan de Hafedh Caïd Essebsi, les bureaux exécutif et politique du mouvement n'ont plus aucune légitimité et ne peuvent en conséquence rien exiger. Face à cela, le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, est pris entre deux feux ; d'un côté il ne peut dépasser ses prérogatives dictées par la Constitution en intervenant directement pour résoudre cette crise interne et de l'autre côté, il ne peut rester de marbre face à tous ces dépassements. Cela va bientôt faire huit mois que le parti majoritaire patauge dans la crise qui le ravage. Un dialogue de sourds-muets s'est installé entre les deux parties qui pensent, chacune séparément, détenir la légitimité absolue. Entre un clan qui attaque le gouvernement et qui appelle à une ‘révolte' générale et un autre qui s'est approprié la licence du mouvement et la figure charismatique de Béji Caïd Essebsi, il est difficile aujourd'hui de croire qu'une autre fin est possible à part celle de la division définitive.