Depuis que leur bloc parlementaire commence à récupérer quelques-uns de ses députés qui l'ont quitté suite au fiasco du congrès de Sousse, des dirigeants du mouvement de Nidaa Tounes ne cessent d'affirmer que leur parti est sur la voie de la réconciliation. Toutefois, il nous est difficile d'adhérer à une telle lecture, aussi optimiste soit-elle, lorsque nous nous heurtons, presque quotidiennement, aux déclarations peu amènes de ces mêmes dirigeants. La dernière crise en date est celle qui a éclaté entre Ridha Belhadj, Khemaïs Ksila et Boujemâa Remili d'une part et entre ce que l'on appelle le clan de Hafedh Caïd Essebsi. Belhadj et compagnie ont profité de l'initiative présidentielle pour contrer, à la fois, et Nidaa Tounes et le chef de l'Etat. Après des communiqués dénonçant le côté anticonstitutionnel de l'initiative, les ‘anti HCE' – ceux mêmes qui étaient, il y a à peine quelques semaines de cela, les plus fiables amis du fils du président de la République – semblent faire profil bas en attendant la séance de vote de confiance à Habib Essid et à son gouvernement samedi prochain devant l'Assemblée des représentants du peuple. Mais quelques semaines avant cette crise, est survenu un autre tiraillement qui a fait, encore une fois, beaucoup de bruit. Fraîchement admis au sein des structures du mouvement, le patron de la chaîne Nessma TV, Nabil Karoui, s'était, à son tour, lancé dans une bataille sans nom contre Hafedh Caïd Essebsi. A peine cette guerre s'était calmée pendant quelques semaines, un article publié sur le site de Nessma TV a relancé la polémique. L'article en question est revenu sur la réunion élargie de Nidaa Tounes, tenue le week-end, à laquelle ont pris part les députés du mouvement. Selon Nessma TV, les participants à cette réunion s'étaient penchés sur les agissements de Hafedh Caïd Essebsi et en sont sortis avec la décision de l'éloigner de la direction du mouvement afin que ce dernier ne soit pas perdu. Répondant à cet article, la députée Héla Omrane a publié un post Facebook dans lequel elle a assuré que le contenu de cet article n'est que diffamation visant à induire l'opinion publique en erreur vis-à-vis de l'actuel directeur exécutif de Nidaa Tounes. Et d'ajouter que « l'article en question a suscité la colère des députés ‘qui n'admettent pas que le fils du président de la République soit mêlé à des tiraillements partisans internes auxquels il n'a jamais pris part ». La crise de Nidaa Tounes dure depuis maintenant plus d'un an. Cette guerre de positionnement a déjà causé une sévère scission au sein du parti après le départ de Mohsen Marzouk et de son clan. Aujourd'hui, alors que le nouveau parti de Marzouk, « Mouvement Projet Tunisie », est officiellement fondé, il est devenu encore plus difficile de croire à une éventuelle fusion entre toutes les parties en conflit. Force est de constater qu'à chaque fois qu'un Nidaïste souhaite renverser les équilibres partisans internes, il fait directement appel à la carte joker : Hafedh Caïd Essebsi. Tous ceux qui se sont révoltés contre lui, avaient joué, à un moment ou à un autre, le rôle du plus grand partisan du fils du chef de l'Etat...