"Avec seulement 9 membres restants, l'Instance Vérité et Dignité perd sa légitimité" a déclaré samedi l'ancien vice-président de l'Instance (IVD), Zouhair Makhlouf au cours d'une conférence de presse à Tunis. En plus, "pour pouvoir exercer, 5 des membres de l'IVD doivent être des femmes. Et avec mon licenciement, il n'en reste que 4", a expliqué Lilia Bouguira, dans une déclaration à la TAP. Selon l'article 19 de la loi organique relative à la justice transitionnelle, "l'instance se compose de 15 membres dont le taux de représentativité de l'un des deux sexes ne peut être inférieur au tiers". "L'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) est appelée à combler les vacances", a souligné Zouheir Makhlouf, déplorant l'atermoiement du Parlement, depuis plus de deux ans, à remplacer les membres sortants de l'IVD. Il a par ailleurs mis en avant les conflits de l'IVD avec nombre d'établissements publics, d'associations et de médias, estimant que ces conflits sont de nature à entraver le processus de justice transitionnelle. Makhlouf a, aussi parlé de dépassements au sein de l'IVD, citant "des dépenses non justifiées, des décisions de licenciement arbitraires et des PV de réunions falsifiés". Selon lui, "Sur un total de 62 000 dossiers déposés, aucun n'a été réglé". Instance Vérité et Dignité: Deux membres rebelles, Bouguira et Baâzaoui, limogés ! Sihem Ben Sedrine n'a pas accepté que deux des membres de l'Instance de Vérité et Dignité fassent rébellion et se plaignent en public de ses agissements. Sihem Ben Sedrine a sévi et démis, grâce au consentement des autres membres de l'IVD, Lilia Bouguira et Mustapaha Baâzaoui. Sihem Ben Sedrine règne désormais sans partage et surtout sans aucune voix d'opposition sur l'Instance censée garantir le bon déroulement du processus de justice transitionnelle en Tunisie. Jeu, set et manche? Un conseil de discipline a été convoqué vendredi au sein de l'IVD. Ce n'est pas une première dans l'histoire de cette instance. En 2015, son Vvice-président Zouhair Makhlouf a également fait l'objet d'un conseil disciplinaire à l'issue duquel il a été limogé. Un long feuilleton juridique s'en est alors suivi. Aujourd'hui, c'est le tour de Lilia Bouguira et de Mustapha Baâzaoui d'être « punis » et démis de leurs fonctions. Le conseil de discipline devait se tenir le 7 octobre mais a été reporté au 14 sans raison particulière. Les 11 membres de l'IVD se sont réunis ce vendredi et après une longue séance, il a été décidé de limoger Bouguira et Baâzaoui, se référant à l'article 37 de la loi n°53 de 2013 publié le 24 décembre de la même année, relative à la justice transitionnelle. Une décision pleinement attendue après la levée, il y a une semaine, de l'immunité des deux membres qui étaient depuis longtemps dans le viseur de la présidente de l'IVD. Le début des désaccords remonte à quelques mois quand Lilia Bouguira et Mustapha Baâzaoui avaient porté plainte devant le tribunal administratif concernant la légalité de la nomination d'un deuxième vice-président de l'IVD. Subissant les griefs de Sihem Ben Sedrine suite à cette initiative, ils ont adressé une lettre au président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, dans laquelle ils se sont plaints des agissements de la présidente de l'IVD, l'accusant de leur faire subir des pressions, des agressions et du harcèlement verbal. Interrogée au sujet de son limogeage, Lilia Bouguira déclare: « Avec Mustapha Baâzaoui nous avons subi ce conseil disciplinaire et cette sanction alors que la procédure n'est pas du tout en règle. La présidente a fait changer le règlement intérieur concernant le quorum il y a près d'un mois pour garantir le bon déroulement de son plan. Vendredi nous étions 11 réunis et les neuf membres ont voté en faveur de notre limogeage. Mais cette sanction n'est que la partie visible de l'iceberg. Il y a bien longtemps qu'elle a décidé le gel de notre activité et notre non-représentativité aussi bien sur le plan national qu'international. Nous vivions un calvaire et aujourd'hui, je pars la tête haute. Je suis fière de ma démarche et de mes décisions. Avec mon collègue, nous avons été punis pour avoir dénoncé des torts. Or que réclamions-nous concrètement? Tout simplement l'application de la loi et la transparence. Nous voulions que chaque centime dépensé et que chaque transaction effectuée soient divulgués au grand public et publiés sur le site. Or, il n'en est rien. Prenons l'exemple de Chiboub : est-il normal qu'en tant que membre, je n'ai eu vent de l'accord signé entre lui et l'IVD que le jour-même? Quels sont les dessous de ce dossier et quels ont été les véritables termes de cet accord ? Aujourd'hui, Ben Sedrine règne sans partage sur l'IVD comme si elle gouvernait son propre Etat, forte de ceux qui lui assurent un solide bouclier. Et dire qu'il s'agit là d'une Instance sensée garantir la dignité de chacun. Mais peut-on vraiment parler de dignité alors que celle des membres de l'Instance est à ce point bafouée ? »