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La fin des certitudes
Publié dans L'expert le 15 - 08 - 2013

Par : Maître SOUIBGUI Mansour, Docteur en droit public et analyse politique, – Avocat à Tunis.
La première fois que les politologues, les intellectuels, les philosophes et les stratèges occidentaux avaient parlé de la « fin des certitudes » c'était en 1989. Cette époque correspondait, en fait, à « la fin des idéologies ».Un siècle de terreurs, de guerres, de fascisme, de nazisme et de léninisme, mouvements souvent autoritaires à la fois militaristes, nationalistes et violents venait de tirer sa révérence pour quitter l'action politique et prendre place dans les musés de l'histoire humaine. Le monde était constitué alors de trois blocs : le Bloc soviétique véritable enfermement psychiatrique à la Michel Foucault avec, en face, une confrontation nucléaire ouverte contre les Etats Unis et l'URSS qui se cherchaient à se détruire mutuellement quant au plan idéologique et enfin, l'émergence d'une troisième force aux ailes d'argile constituée essentiellement des « nouveaux Etats »issus de l'ère coloniale, lourdement handicapés, encore arriérés, où régnaient l'analphabétisme et la misère.
Aujourd'hui se pose de nouveau la question de l'islamisme politique, vécu et appliqué par ses tenants non pas comme l'une des grandes religions monothéistes, mais comme une véritable idéologie s'appuyant sur une lecture à la fois rigoriste et statique contraire au sens de la vie, et dont la violence apparaît comme étant le seul vecteur pour l'exercice du pouvoir ِCes mouvements peuvent-ils nous réunir, avoir un projet démocratique qui requiert l'assentiment de la majorité, pour avancer ensemble et répondre aux exigences des nouveaux temps, et des nouveaux citoyens ici et maintenant ? En d'autres termes, y a-t-il un avenir, dans un monde ouvert et interdépendant pour un islamisme qui travestit le sacré, en une idéologie proche du fascisme de l'extrême droite européenne qui fut à l'origine de la Seconde guerre mondiale ?
INTRODUCTION :
La Tunisie s'inscrit dans le cadre des nouveaux Etats nés après 1945. Aujourd'hui, ce beau pays plusieurs fois millénaire se trouve sur le fil du rasoir par la faute des siens. La menace ne vient pas de l'extérieur, elle est en nous-mêmes, conséquences directes de tant de mensonges, d'humiliation, d'injustice, de l'absence d'Etat qui se soumet au droit, et de privation des libertés sous toutes ses manifestions.
La volonté de briser les chaines et de démonter les verrou de la dictature du Sergent BEN ALI, était partie le 17 décembre 2010 de Sidi Bouzid, avant d'en trouver les relais les plus fervents d'abord à Kasserine et à Thala, ensuite, un peu partout à travers tout le pays, et surtout, à l'intérieur des Régions de l'oubli et de la honte pratiqués par l'Etat tunisien et ses gorilles sécuritaires pour atteindre le 14 Janvier 2011, l'Avenue Habib BOURGUIBA, devenue pour la circonstance et par la volonté d'un peuple lieu de pèlerinage. La dictature trembla et le despote armé de lâcheté prit le chemin de la fuite, laissant ses sbires livrés à la vindicte populaire. C'était le premier printemps arabe.
Trois ans plus tard, les insurgés tunisiens en général et les jeunes sans emplois, les lycéens les étudiants , et la classe bien pensante qui avaient servi de bois pour allumer les feux de la révolution se trouvent cloués au pilori par une autre fraction du peuple d'anciens bagnards ,des djihadistes d'Irak, d'Algérie, de Somalie et d'Al-Qaïda de Ben Laden, qui avaient fui la dictature de BEN ALI, en Europe et partout ailleurs ;pendant plus de deux décennies et que la Révolution leur a permis de rentrer à la mère patrie, d'être portés par les élections du 23 octobre 2011 aux plus hautes charges de l'Etat, partant du principe que ce petit jardin méditerranéen appartient à TOUS les Tunisiens.
Aujourd'hui, le Pays est bloqué. Les honnêtes gens ont la peur au ventre en raison des quantités considérables d'armes lourdes et légères de toutes sortes, et de munitions diverses, comme si le Pays se préparait à une guerre d'émancipation ou d'agression.
Que se passe-t-il en Tunisie ? La Révolution est-elle devenue une malédiction frappant tous les Tunisiens ? Pourquoi ont-ils perdu le sourire, leur joie de vivre et de blaguer, en dépits de tout ? Quelles sont la nature et l'étendue de la menace, si menace il y a, qui pèse sur la Tunisie ici et maintenant ? Comment sortir de la spirale de la violence, des agressions, des liquidations physiques ? Qui a intérêt à ce que notre Pays devienne la Somalie du Maghreb ? Et comment s'en sortir et lever la tête de l'eau ?
Telles sont les questions les plus pressentes qui se sont imposées à nous, et auxquelles nous allons tenter d'y apporter les réponses, sans aucune concession, pour ne pas éluder le débat, et fuir notre objectivité analytique au profit d'une langue de bois longtemps cultivée dans ce Pays par les apparatchiks de la politique.
Pour ce faire, nous allons adopter un style télégraphique, pour schématiser autant que possible, des faits déjà connus par tous.
LE RAPPEL DES FAITS
Au lendemain de l'indépendance de la Tunisie, BOURGUIBA fut proclamé président de la République par « ovation » de la nouvelle Constituante, laquelle était issue d'un curieux « Front national » dont on avait exclu le courant yousséfiste de Salah Ben Youssef, alors Secrétaire général du Parti du Néo-Destour de BOURGUIBA. Ce dernier était alors âgé de quelque 56 ans. Il avait séjourné pendant plusieurs années, tantôt dans la clandestinité, tantôt dans les prisons de l'Etat colonial. Sa santé était fragile et cette expérience douloureuse d'être déporté loin des siens avait fortement limité sa grande lucidité et son indépendance d'esprit. Du coup, le Pays, hier uni, se retrouva de nouveau écartelé, désuni. D'un coté les Régions dites « berbères » du Nord Ouest et du Sud, fiefs des fellagas des révoltes et des rebellions contre le Beylik oubliés par l'Indépendance et, de l'autre côté, les Régions côtières et du Sahel fiefs de la nouvelle nomenclature du Nouvel Etat-Parti, et qui absorbaient plus de 70% en investissements et du budget de l'Etat.
L'arrivée de Ben Ali à la suite du « coup d'Etat médico-légal » dans la nuit du 6 au 7 novembre 1987, était, contrairement à l'hypocrisie qui se répand aujourd'hui, saluée de la façon la plus solennelle par toutes les composantes de la société tunisienne, y compris par la Troïka qui est aujourd'hui aux commandes de l'Etat. Le Pays attendait un « miracle » pour lever les écrous sur le Pays et les libertés, pour qu'enfin, les « deux jambes écartelées » de cette Tunisie tant trahie, soient reliées en un seul corps capable de remarcher. Hélas, ce fut une autre déception, et non des moindres.
En quelques années, le Pays était devenu une grande prison, un véritable goulag. Les islamistes furent chassés ou emprisonnés après avoir été torturé de la façon la plus abominable, les anciens destouriens fidèles à BOURGUIBA ont été purgés. Les Universités furent livrées à la police politique, une milice secrète, qui remplaçait celle de Mohamed Sayah ,ancien ministre et biographe du Zaim déchu, appelée (المواطن الرقيب ), une sorte de « mouchard légal de la République » à l'instar de la Securitate de Chauscisco en Roumanie .Les élections, à l'exception de celles de 1989 ,étaient de nouveau truquées, avec une représentation de façade pour quelques partis de l'opposition démocratique. La Pieuvre et la Mafia de la famille du Sergent Ben Ali y sévissaient en toute impunité. Un marché noir inconnu du Ministère des finances, de l'Industrie et du Commerce, ruinait de jour en jour l'économie du Pays.
La Tunisie, à la veille du17 décembre 2010, était telle une marmite, maintenue trop longtemps sous pression, et prête à exploser sur la figure de son artificier.
LE VOCABULAIRE DES INSURGES :
Encadrés par les syndicalistes de base, partout à travers le Pays, les insurgés scandaient nuit et jour :
« Pain et eau, et Ben Ali non » (خبز و ماء وبن علي لا),
« Bandes de voleurs, Le travail est un droit » (الشغل استحقاق يا عصابة السراق),
« Dégage » (ارحل) ,
« Election d'une nouvelle Assemblée Constituante » (انتخاب مجلس تأسيسي جديد) ,
« Liberté et justice entre toutes les Régions » (جميع الجهات يا عصابة السراق حرية و عدالة بين)
« Point de peur après aujourd'hui » (لا خوف بعد اليوم),
Ainsi donc, dès le départ, les revendications portées par les insurgés étaient destinées à destituer le Président de la République, la dissolution des institutions politiques, telles que l'Assemblée nationale, la Chambre des conseillers, et toutes les institutions symboles de la dictature, et à juger la famille du Président, ainsi que tous ceux et toutes celles, qui, de près ou de loin, étaient impliqués dans la dilapidation de l'argent public, de vols, escroquerie, corruption, extorsions de fonds et de biens meubles ou immeubles, confiscations illégales, torture et liquidation d'opposants parmi les islamistes qui avaient choisi la clandestinité.
Après le 14 janvier 2011, d'autres revendications ont été avancées, telles que la dislocation de la police politique, la traduction des snipers parmi la Securitate, ceux qui avaient donné l'ordre de tuer et blesser des manifestants, ainsi celles ou ceux qui ont mis ces ordres en exécution parmi les cadres du Ministère de l'intérieur.
Des opérations avaient mis à sac (détruit ou brulé) tous les symboles de la dictature, tels que les commissariats de police et de la gendarmerie, les perceptions du ministère des Finances ainsi que les biens meubles, cheptels, immeubles, fermes présumés appartenir à la pègre de Ben Ali, et aux frères de la Piovra.
Les chefs des islamistes et tous ceux qui, pour une raison ou une autre, avaient quitté le Pays sous le règne du sergent Ben Ali, ainsi que les « djihadistes » d'Irak, d'Afghanistan, de Guantanamo, et ceux qui étaient disséminés dans les Pays du Golfe, en Arabie Saoudite, au Soudan, au Yémen et en Europe avaient commencé par affluer vers ce nouvel espace créé par la Révolution du Jasmin dès la deuxième quinzaine de Février 2011, sans aucune statistiques en la matière ou le moindre renseignement sur ceux qui entraient dans une terre promise, la police et la douane étant complètement submergées et menacées de toute part. Le dernier gouvernement de Mohamed Ghannouchi, formé à la hâte avec des apparatchiks du Parti de Ben Ali, était de nouveau sous les feux des insurgés, qui avaient fini par le renverser, car Monsieur Ghannouchi n'avait pas compris le sens et les revendications des révolutionnaires. Un religieux de l'Eglise polonaise, le Père Marek Rybinski, économe de l'école Ibn Al Jazzar, à la Mannouba, fut découvert un 18 février 2011 égorgé dans un garage appartenant à l'école, et dont l'enquête fut bâclée de façon qui ne laissait aucun doute, tant le ministre de l'intérieur d'alors exigeait de ses services des résultats immédiats. Du coup, tandis que les assassins présumés courent toujours en liberté, un innocent est emprisonné à leur place.
LE GOUVERNEMENT DE BEJI CAID ESSEBSI
Avocat de formation et homme politique tunisien, Monsieur Béji Caïd Essebsi, rompu à l'expérience de l'Etat, était un véritable expert des Institutions tunisiennes, avec un franc-parlé certain .Il fut donc appelé à présider aux destinées de la première phase transitoire, après la démission de Mohamed Ghannouchi, l'ancien Premier ministre de Ben Ali. Un bruit courait selon lequel sous le Gouvernement Ghannouchi, plusieurs dossiers compromettants à tous les secteurs auraient été soit détruits, soit volés à telle enseigne que le Ministre des Finances, (ou son Secrétaire d'Etat) aurait été vu travailler le dimanche, au sein de son département, à faire disparaitre tout ce qui était compromettant.
Alors, on avait fait appel à Maitre Béji CAID ESSEBSI pour conduire l'une des transitions les plus difficiles qu'ait jamais connue la Tunisie auparavant. Il fut confronté à des défis majeurs : restituer l'autorité de l'Etat, restaurer le respect la légalité républicaine, donner un signal clair et net pour restaurer la confiance entre les citoyens et la police nationale, la gendarmerie et la douane en tant que services publics républicains et non des milices au service du sergent Ben Ali. Une amnistie générale couvrant la période 1956 à 2011, a permis à tous les islamistes aujourd'hui au pouvoir d'être lavés de toutes les condamnations dont ils furent l'objet sous Bourguiba ou sous Ben Ali. Une haute commission fut chargée des élections pour la nouvelle Constituante, lesquelles furent remportées par la Troïka qui, d'emblée, avait fixé à un an la durée de la rédaction de la nouvelle Constitution, et travaillait pendant cette durée à titre gratuit, pour aider le pays à se relever. Il y avait d'énormes irrégularités, et notamment l'irruption de « l'argent politique » pour la première fois en Tunisie. En effet, derrière les rideaux, et dans un silence quasi coupable de la classe politique, l'Arabie Saoudite, directement ou via les prédicateurs de l'islamisme Egyptien, imprégnés du Wahhabisme intégriste et djihadistes, et la principauté de Qatar, se livraient à une guerre aux acharnée. Du coté libyen, les armes de toutes dimensions, et la drogue transitaient de toutes part en direction du Sud tunisien, et des gouvernorats les plus pauvres « tombés » sous la coupole des intégristes et des wahhabites, tandis que le Gouvernement ESSEBSI tentait un équilibre bien fragile entre les défis d'un pays en révolution, et les refugiés de plusieurs nationalités qui affluaient de la Libye, entrée en guerre civile. Plusieurs bavures ont eu lieu, des innocents furent tués dans des conditions suspectes, dont un prédicateur modéré qui officiait en toute liberté du temps de Ben Ali,
LE GOUVERNEMENT de Hammadi JEBALI :
Une promesse aurait été donnée à Monsieur ESSEBSI, pour présider la république à l'issue des élections de la Constituante, tant tout le monde était d'accord sur un gouvernent de techniciens fort réduit numériquement, composé d'hommes et de femmes indépendants des jeux politiques. Cependant, cette promesse fut rompue à l'initiative de la Troïka, et le premier gouvernenent nahdaoui, présidé par Hammadi Jebali était numériquement trois fois supérieur au Gouvernement de BEJI CAID ESSEBSI. Dès les premiers jours, on avait assisté à une véritable purge au niveau de l'administration centrale, régionale et locale y compris dans des secteurs ou la neutralité et l'indépendance étaient une exigence essentielle, comme la Justice, les mass médias, les syndicats, le mouvement des diplomates, des grandes sociétés, les grands départements de l'Etat. On avait même tenté d'infiltrer l'armée nationale, en contrôlant au mètre carré près la carte administrative de la République. Pendant que la Nahdha s'assurait le contrôle du Pays de bout en bout, ses bras armés, « les milices de protection de la révolution » et les Salafistes de tout poil (intégristes avérés, Djihadistes, Ançar al charia ...) commettaient en toute impunité des agressions, des voies de fait sur les honnêtes gens dans le dessein d'imposer leur mode de vie et de pensée à des millions de Tunisiens. Les armes et les drogues dures étaient devenues, dans les quartiers pauvres de la Tunisie, un commerce prospère en dehors du contrôle de la légalité. On assista à un discours d'une exceptionnelle agressivité à l'égard des Tunisiens qui avaient découvert, grâce à la Nahdha, qu'ils « n'étaient pas musulmans depuis 1956 », et que cette dernière entend les « islamiser » par la force de l'épée !
Ainsi, les revendications essentielles des jeunes et des pauvres qui ont servi de bois à la révolution furent oubliées. Aucun objectif ne fut atteint, à ce jour, et le nombre de pauvres a augmenté, les milliers de chômeurs représentent près de 25 % de la population active et vivent une véritable asphyxie. Les prix des produits de consommation courante ont atteint des niveaux incalculables, comme si nous étions sous les répercussions de la crise de 1929, aux Etats Unis. Le dinar tunisien qui représentait plus de 11 FF et plus d'un dollar US en 1980, est devenu telle une monnaie de singe, en perdant de sa valeur. Plusieurs investisseurs de l'Europe occidentale et d'ailleurs avaient fini par se retirer du Pays, surtout après l'attaque contre l'Ambassade des Etats Unis conjointement à Tunis et Tripoli, ce qui prouvait à ne pas en douter une action terroriste concertée de part et d'autre d'Al Quaida et ses bras armés, dans le Maghreb arabe, faisant de la Tunisie un numéro clignotant en rouge, car là où l'on allait on trouvait des tunisiens envoyés en Libye, en Syrie, au Nord Mali, au Sahara Algérien, ce qui remettait de nouveau la question de l'internationale intégriste, sur la table des discussions. Pendant ce temps là, la Troïka ouvre grande ouverte la porte de la Tunisie à recevoir les bagnards des camps de rééducation et des prisons américaines et britanniques, comme une terre promise. C'est dans ce contextes que des innocents furent éliminés physiquement, en tête desquels, notre confrère Chokri Belaid assassiné à bout portant le 6 février 2013, tandis que la Constitution attendue est toujours dans état comateux.
Le 23 Octobre 20012, les Tunisiens manifestaient devant le siège de l'assemblée nationale constituante, pour sonner le glas de la fin la légalité électorale. L'opportunisme de « l'intelligentsia » politique se livra pieds et mains liés au Gouvernement de monsieur Ali Larayedh, en substituant à la légitimité élective en perte de vitesse une légitimité « compromisionnelle » imposée d'en haut, sans tenir compte des besoins du peuple martyr. Il a toujours était ainsi, au pays du jasmin, où se cultivent depuis des siècles une hypocrisie de la classe politique qui ne cherchait que ses intérêts les plus égoïstes, et la langue de bois, devenue monnaie courante.
La question qui demeure ici et maintenant est savoir comment l'opposions allait accepter une Constitution toujours en attente, mais dont les principes fondateurs vont dans le sens d'une « Constitution islamique » ? Quelles répercussions de l'éviction de Moursi par le peuple révolté sur le paysage politique tunisien, et notamment l'avenir politique de la Troïka ? Et enfin, comment la société civile, et la jeunesse qui représente plus de 60% des moins de 40 ans qui furent laissés sur les abords de la route par les nouveaux révolutionnaires fraîchement débarqués des Pays du Golfe persique, de l'Europe occidentale, des Etats Unis, de l'Irak, d'Afghanistan , de la Somalie et de la Tchétchénie pour s'autoproclamer les tombeurs de Ben Ali, et les « protecteurs » de la Révolution, allaient agir à l'avenir le plus proche ,avec le Mouvement « Tamarroud », et le mouvement « khnak' touna» , et dont des pétitions et des signatures se profilent à l'horizon ?


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