Dans une vidéo publiée sur Business News, le 23 juillet 2015, Omar S'habou, dresse un bilan et une analyse personnelle des racines du terrorisme et des raisons de son évolution en Tunisie. L'ex membre de Nidaa Tounes, écarté du parti suite à la publication d'une lettre qu'il a adressé le 5 septembre 2014 à Béji Caïd Essebsi et dans laquelle il a révélé que l'état de santé de ce dernier ne lui permettait pas de se présenter à la présidentielle, a réaffirmé sa position.
Renvoyé de Nidaa Tounes par Béji Caïd Essebssi sans même passer par un conseil disciplinaire, Omar S'habou estime que le président de la République ne bénéficie pas d'un état de santé lui permettant d'occuper les 5 ans de son mandat, de surcroît dans un contexte difficile.
Cela étant dit, il est revenu sur le terrorisme qui menace et frappe aujourd'hui de plein fouet la Tunisie. « Le terrorisme n'est pas un phénomène nouveau » a précisé Omar S'habou « il menace la Tunisie et la vise depuis bien longtemps, depuis l'aube de l'indépendance à vrai dire » a-t-il ajouté. Selon Omar S'habou, certains courants rétrogrades et obscurantistes dans le monde arabe et islamique se sont, dès lors, mobilisés pour faire échouer le modèle tunisien d'après l'indépendance et ont œuvré pour que le chemin de réforme et de modernisation du pays n'aboutisse pas. Ces organismes sont représentés par les prédicateurs wahabites et les Frères musulmans. « Ennahdha, est une partie intégrante des Frères musulmans » a indiqué Omar S'habou, « le parti adhère aux frères musulmans intellectuellement, idéologiquement, stratégiquement et organisationnellement, même s'il le nie dans les discours» a-t-il précisé. Se basant sur les écrits de Rached Ghannouchi, publiés pour la plupart après la révolution, Omar S'habou a pu noter que le président du parti Ennahdha a des affiliations aux Frères musulmans, du moins dans ses écrits, et des idées wahhabites dans certains cas.
Omar S'habou est revenu sur les commentaires de Rached Ghannouchi concernant le code du statut personnel, pour lequel Bourguiba avait été accusé d'apostasie et visé par des « fatwas » appelant à le tuer. Dans son livre « Le mouvement islamiste en Tunisie » (الحركة الإسلامية في تونس) publié en 2011, Rached Ghanouchi déclare que le Code du statut personnel comporte des éléments en contradiction avec l'islam et a été établi sous l'influence de l'admiration de Bourguiba pour la culture occidentale et l'esprit catholique. Il s'agit clairement, selon Omar S'habou, d'une accusation, limite voilée, et absurde à l'encontre de Habib Bourguiba mais aussi de Ahmed Mestiri, alors ministre de la Justice, et également des Cheikhs de la Zitouna, d'avoir été influencés par le catholicisme.
Il en a été de même pour les réformes ayant concerné le planning familial, l'abolition du « Habous » ainsi que l'enseignement à la mosquée Zitouna, qui avaient suscité l'indignation de certaines parties dont les Frères musulmans, Ennahdha et Rached Ghanouchi qui y ont vu une occidentalisation du pays par "l'apostat" Bourguiba. Cette conception de la politique du gouvernement d'après indépendance a été clairement décrite lors du neuvième congrès d'Ennahdha, pendant lequel le parti a affirmé que son parcours, initié dans les années 60, a pour objectif de rétablir les doctrines de l'islam après que l'élite, occidentalisée, au pouvoir a détruit l'infrastructure de la société et de l'Etat.
Selon Omar S'habou, de telles accusations et un tel regard sur la politique de l'époque, sont absurdes surtout quand on regarde ce qu'a fait la Troïka pendant les trois ans qui ont suivi la révolution.
Un retour sur l'histoire est nécessaire pour expliquer que le terrorisme, d'abord intellectuel, guette depuis fort longtemps et bien avant la révolution du 14-Janvier, la Tunisie et le modèle tunisien moderniste. Aujourd'hui, les acquis de la Tunisie, et l'esprit révolutionnaire qu'a véhiculé le peuple tunisien à travers le monde arabe ainsi que la réussite du processus électoral et de la transition démocratique, gênent et dérangent voire menacent les idéologies et les valeurs de certains esprits rétrogrades. Ceci a fait que le terrorisme ait progressé pour devenir intellectuel, politique et armé, visant non pas l'Etat mais le modèle exceptionnel tunisien dans son intégralité.
Omar S'habou pointe du doigt Ennahdha, et plus précisément Rached Ghanouchi, qui ne cache pas son affiliation orientale et sa rupture avec le modèle tunisien, l'accusant d'être un « intégriste wahhabite ». « Pendant les trois ans durant lesquels la Troïka a été au pouvoir, des centaines de mosquées ont fabriqué des djihadistes » a indiqué Omar S'habou « trois ans durant lesquels le laxisme d'Ennahdha a permis à des terroristes de s'entrainer et de se préparer sans être inquiétés » a-t-il ajouté. Entre des déclarations invraisemblables du style : « ce sont des jeunes qui apportent une nouvelle culture » et « ce n'est rien ce sont des jeunes qui s'entrainent à la danse dans les montagnes » la mauvaise foi d'Ennahdha est tellement évidente qu'il est aujourd'hui difficile de croire aux nouveaux discours, en totale contradiction avec les fondements même du parti. « Qu'Ennahdha soit aujourd'hui en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, est une aberration » souligne Omar S'habou, « pour ma part ainsi que nombre de dirigeants du parti Nidaa Tounes avec lesquels je suis toujours en contact, ce revirement nous n'y croyons pas, il s'agit sans doute d'une manipulation visant à se racheter une conduite en vue des prochaines élections » a-t-il ajouté.
Pour finir, Omar S'habou, pose les questions suivantes « comment vaincre le terrorisme alors que le parti au pouvoir s'est allié, contre toute attente, avec Ennahdha qu'il était censé écarter ? Est-il possible de sortir de cette crise avec le gouvernement de bric et de broc actuel, avec une Assemblée pareille et avec l'actuel président de la république ? » Des questions auxquelles il promet de répondre dans sa future intervention.