Le déficit commercial de la Tunisie s'aggrave de jours en jours, et nous fait enfoncer dans une crise sans précédent. Cette situation est l'une des plus urgentes pour le pays actuellement, car elle touche la stabilité économique. Les récents chiffres publiés par l'INS sur le commerce extérieur, font froid au dos. Les exportations ont reculé de -3.2%, alors que les importations ont augmenté de 6%. Le déficit commercial se situe au niveau de -4485 millions de dinars durant les 4 derniers mois. Ce déficit représente près de 2% du PIB au cours de cette période. Une situation inédite, qui a réduit le taux de couverture à seulement 67% contre 73.5% durant la même période de l'année dernière. Nos réserves en devises ne couvrent pas plus de 96 jours d'importations, un niveau qui nous rapproche de la côte d'alerte. Tous les compartiments de la balance commerciale sont au rouge. Par ordre d'importance la situation se présente comme suit : Balance des biens d'équipements : -1329 MD. Balance des matières premières et demi-produits : -1293MD Balance énergétique : – 1147 MD Balance de l'alimentation : -616 MD Balance des biens de consommation : – 99.8MD Les causes du déficit de la balance commerciale sont multiples : – Baisse des exportations tunisiennes de mines et phosphates de plus de 25% – Une mauvaise production d'huile d'olive, qui a fait chuter nos exportations de plus de 500 MD à pas plus de 70MD, – La poursuite des importations à un rythme très soutenu, – La baisse de l'activité économique à cause de la situation politique et sécuritaire du pays, – La baisse de nos exportations d'énergie et lubrifiants de plus de 11%, à cause du blocage de certains sites et de la baisse de la production d'une manière générale. – Baisse de redevances obtenues par la Tunisie générés par le passage du gazoduc algérien vers l'Europe. L'inefficacité de l'action gouvernementale : Le gouvernement a décidé de prendre des mesures urgentes pour arrêter l'érosion au niveau de la balance commerciale. Or, mis à part, la décision de maintenir le même quota octroyé aux concessionnaires automobiles l'année dernière, aucune décision ou mesure importante n'a été prise. L'objectif est avant tout de réduire le flux des produits importés, or jusqu'à présent aucun produit n'a subi de restrictions ou mesures exceptionnelles. Les responsables de l'administration tunisienne sont plutôt soucieux de nos engagements avec l'union européenne et dans le cadre de l'Organisation Mondiale de Commerce. Or, même ces accords nous donnent le droit de prendre des mesures exceptionnelles pour imposer des mesures protectionnistes, face à une situation économique difficile. C'est le cas de la balance commerciale actuelle. La Tunisie peut dans ce cadre prendre des mesures tel que : – Mesures sanitaires et phytosanitaires, – Imposer des quotas d'importations, – Imposer de nouvelles taxes sur certains produits, sans toucher les droits de douanes, – Limiter l'importation de certains produits à des périodes précises, Rien de cela n'a été fait par l'actuel gouvernement, et les bateaux continuent d'affluer dans nos ports avec des produits de Chine et de Turquie (des chocolats, des jouets, des espadrilles, ...), qui ne font qu'enfoncer notre déficit de la balance commerciale. On ne doit pas avoir honte face aux pays occidentaux, et prendre des mesures protectionnistes, car c'est eux qui ont inventé le protectionnisme et le pratiquent d'une manière continue et unilatérale, surtout le cas de l'union européenne. Comme l'a indique le gouverneur de la Banque Centrale, la situation est très dangereuse, et il est important de prendre des mesures adéquates et urgentes.