La situation générale n'est pas des plus reluisantes, dans le pays, surtout après les dégâts causés par le gouvernement de la Troïka (l'alliance entre Ennahdha de Rached Ghannouchi et consorts, le parti du Congrès pour la République de Moncef Marzouki et ses sbires, et celui d'Ettakattol pour le travail et les libertés de Mustapha Ben Jaafar et ses partisans), durant près de quatre ans. L'arrivée du mouvement Nidaa Tounes au pouvoir, avec ses alliances douteuses, entre Rached Ghannouchi et Slim Riahi, n'est pas venue pour améliorer les choses, surtout avec les querelles intestines du Nidaa et les magouilles qui sont en train de se tramer contre le pays, avec l'aide de forces et de puissances étrangères. Tous ces facteurs ont eu pour conséquence une stagnation, sinon un recul, des performances économiques dans le pays et la fuite des promoteurs ou les réticences des investisseurs étrangers à injecter des fonds en Tunisie, afin de créer des entreprises, et cela bien que le pays dispose de tous les atouts, et plus encore, pour les inciter à le faire. Certains hommes d'affaires tunisiens sont allés jusqu'à s'installer dans d'autres pays, notamment au Maroc, parce qu'ils n'ont plus confiance en la Tunisie et ses dirigeants et ne croient plus que la situation puisse s'améliorer, au niveau économique et social. Aujourd'hui la situation n'incite pas à l'optimisme et les mauvaises performances économiques sont notre lot quotidien, en particulier avec ces négociations sociales dans le secteur privé qui ont l'allure d'un dialogue de sourds, où le patronat intransigeant se camoufle derrière des pseudo-excuses en alléguant que leurs entreprises passent par des situations difficiles et critiques. Toutefois, on a respiré à l'annonce de l'accord, ce qui évite au pays une autre source de tension supplémentaire. Le nouveau code des investissements dont nous attendons la finalisation pour résoudre ce problème et le retard pris, à cet effet, est venu mettre de l'huile sur le feu, avec ses mesures qui ne sont pas pour améliorer la situation. Cet état des choses n'est pas à même d'inciter même ceux qui cherchent à faire quelque chose pour la Tunisie à se rétracter et à éviter de le faire, surtout avec les entraves et la lenteur qui caractérisent notre administration, comme l'ont constaté différents hôtes étrangers qui cherchent à aider à la dynamisation des investissements chez nous. Les tiraillements des pseudo-politiciens de la nouvelle ère sont venues ajouter de l'huile sur le feu, chacun tirant de son côté à boulets rouges sur ses partenaires, alors que notre humble Assemblée des représentants du peuple se morfond dans son sommeil léthargique, et que nous sommes en train de perdre le parti dans lequel les Tunisiens ont mis leurs espoirs, pour des raisons bêtes et inacceptables. Pourtant, ceux qui ont la moindre lueur de patriotisme auraient laissé leurs chamailleries de côté, pour mobiliser leurs efforts au service de la Tunisie et de ces pauvres, ces sans-emploi et ces hommes d'affaires qui croyaient que le pays sortirait de l'ornière et opérerait son décollage avec Nidaa Tounès qui s'est avéré un ramassis de personnes ambitieuses et qui ne cherchent que leur profit personnel. Aujourd'hui, la Tunisie est dos au mur et tout le monde doit prendre en compte et réfléchir tout ce qui est de nature à aider le pays à sortir de l'ornière, tout en évitant tout ce qui est de nature à perturber la bonne marche des programmes mis en place par les décideurs de notre politique. Les querelles politiques de Nidaa Tounes n'ont fait qu'envenimer la situation, surtout que ceux qui ont fait le nécessaire pour l'aboutissement à cette situation se frottent actuellement les mains dans l'espoir que ce parti que tous les Tunisiens avait espéré est en train de s'effriter et d'offrir le pouvoir à Ennahdah aux aguets qui cherche à se positionner dans une place que leur avait refusée par la majorité de tous les Tunisiens. Certains témoignages montrent que nombreux sont ceux qui veulent aider la Tunisie à dépasser ce stade critique, mais rien n'est possible sans un effort de notre part. Faouzi SNOUSSI L'environnement des affaires tunisien n'est pas très « amical » Dans ce sens, personne n'arrive à comprendre pourquoi nous sommes assis entre deux chaises, en Tunisie, alors que la situation nécessite davantage d'initiatives et d'incitations pour attirer l'investissement, surtout que le pays a choisi le système libéral, dans ses orientations. A ce propos, François Asselin, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), l'une des deux organisations patronales françaises, ne trouve pas l'environnement des affaires tunisien aussi «amical» avec les PME qu'il le devrait. Lors d'une conférence, samedi 12 décembre 2015, le patron des patrons des PME françaises a signalé deux problèmes qui sont de nature à refroidir l'enthousiasme d'un investisseur et en particulier d'un patron de PME : le difficile accès au crédit, un «défi auquel il faut répondre», et la difficulté d'être «payé en temps et en heure», impossible à supporter car «la PME ne peut pas attendre comme un grand compte». François Asselin, avait conduit, récemment, une mission de prospection, en Tunisie, et ce en collaboration avec la Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). Il a souligné que, pour attirer davantage les PME françaises, la Tunisie doit mettre en place un environnement « PME friendly ». Au cours de son séjour à Tunis, Asselin s'était entretenu, , notamment avec le président de la république, Béji Caïd Essebsi, le gouverneur de la Banque centrale de Tunis (BCT), Chedly Ayari, et le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim. il y a ceux qui y croient encore Ils sont rares à chercher à investir en Tunisie et, malgré la frilosité de certains investisseurs à l'égard de la destination Tunisie, le groupe Aberdeen Asset Management Plc (AAM) continue d'y croire encore et elle a souscrit, en milieu d'année 2015, à l'emprunt obligataire tunisien et se dit prêt à récidiver et acquérir d'autres obligations, étant profondément convaincu que le gouvernement Habib Essid a la capacité et la volonté d'honorer ses engagements. Le groupe international de gestion d'investissements, basé en Ecosse, présente un solide argument pour justifier sa sérénité : le rendement des obligations tunisiennes sur le marché international a enregistré un nouveau record au lendemain de l'attaque terroriste de l'avenue Mohamed V, le 24 novembre 2015, qui a coûté la vie à 12 membres de la garde présidentielle – quelque 5 mois après l'attentat de Sousse du 26 juin 2015, où 38 touristes ont trouvé la mort, outre l'attaque contre le musée du Bardo, le 18 mars 2015, qui a fait plus d'une vingtaine de victimes, et les nombreuses opérations terroristes déjouées par les forces de la sécurité et l'armée tunisiennes... L'investissement américain très faible Entre temps, l'investissement américain en Tunisie reste encore très faible et ce n'est pas par manque de promotion et de plaidoyer. C'est ce qui ressort de l'assemblée élective d'AmCham durant laquelle Khaled Babbou a été élu le jeudi 17 décembre 2015 président de l'AmCham, succèdant à Amel Bouchamaoui Hammami (HBG Holding Company) qui a dressé un bilan positif de son mandat qui, selon elle, a réalisé 95% des promesses faites il y a 4 ans. Mme Bouchamaoui a déclaré que la stratégie adoptée durant son mandat (2011-2015) a été orientée vers quatre axes fondamentaux, à savoir la consolidation et le renforcement des relations tuniso-américaines, le partage de l'information, le lobbying et l'advocacy et, enfin, la contribution à l'instauration d'un climat propice aux affaires. Parlant de l'investissement, l'ex-présidente de l'AmCham a précisé, dans un entretien avec Express FM, que cet organisme a participé à l'élaboration du nouveau code d'investissement et de la loi sur la partenariat public-privé (PPP), en collaboration avec les partenaires américains et tunisiens et à travers des concertations avec les institutions de l'Etat et les entreprises privées. Dans ce contexte, Mme Bouchamaoui a déploré la faiblesse de l'investissement américain en Tunisie, dont le volume ne dépasse guère 1,6% de l'enveloppe globale des investissements étrangers réalisés dans notre pays. Amel Bouchamaoui ne considére pas ce faible volume comme un échec de l'AmCham et précise que la chambre a largement débattu de ce problème avec les décideurs américains pour essayer d'y apporter les remèdes adéquats, « mais la petite taille du marché tunisien est la principale cause du faible intérêt des investisseurs américains pour notre pays », tranche-t-elle. La Tunisie condamnée par le CIRDI Marasme économique, recul des investissements locaux et étrangers, absence de créations d'emploi et négociations difficiles pour l'amélioration des salaires des travailleurs du secteur public, sont les principaux faits saillants de cette période noire vécue par le pays. Comme un malheur ne vient jamais tout seul, la Tunisie vient d'être condamnée pour la 1ère fois de son histoire par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi). Cette condamnation entre dans le cadre d'un litige fiscal opposant l'Etat à un investisseur étranger et ce tribunal arbitral, relevant de la Banque mondiale, a rendu, fin décembre 2015, sa sentence dans l'affaire Lundin Petroleum contre la Tunisie en condamnant cette dernière à verser 20 millions de dinars (MD) à la compagnie pétrolière suédoise. L'Etat tunisien risque une deuxième condamnation cette année dans le litige l'opposant à la société ABCI au sujet de la Banque franco-tunisienne (BFT). La décision du Cirdi sur la responsabilité dans cette affaire doit intervenir fin janvier 2016. Ensuite le tribunal arbitral rendra sa décision sur le montant de la compensation financière probablement avant l'été 2016. Soutien des Etats-Unis et de l'Union européenne Pour sa part, Patty Cao, analyste de recherche auprès d'AAM, souligne que rien n'y change: «Nous avons affaire à un pays dont la capacité et la volonté de rembourser ses dettes sont inébranlables », a-t-elle déclaré au site ‘‘Bloomberg.com'', ajoutant qu'«il est vrai que ces évènements meurtriers peuvent secouer certains acteurs financiers et semer le doute chez certaines personnes. Pareille réaction est tout à fait normale, et nous la comprenons. Pour notre part, par contre, notre assurance est restée intacte, car nous n'avons jamais perdu de vue le fait que la Tunisie continue d'entretenir de très bonnes relations avec les Etats-Unis et l'Union européenne. C'est là-dessus, également, que nous fondons notre évaluation de la situation dans ce pays.» Selon AAM, la Tunisie, « seul pays du Printemps arabe à avoir réussi le pari de la transition démocratique », pourra compter sur un plus fort soutien militaire et financier occidental dans sa lutte contre le terrorisme. De plus, pour Patty Cao, il y a des signes qui ne trompent pas : le Fond monétaire international (FMI), qui a déjà accordé à la Tunisie des prêts d'un montant total de 1,7 milliard de dollars, est actuellement en pourparlers avec le gouvernement tunisien sur de possibles rallonges.