Le pèlerinage juif de la Ghriba a eu lieu sans anicroches ni incident digne de ce nom, malgré tout le brouhaha des politiciens et des détracteurs de la Tunisie, à l'échelle internationale et même locale et pas moins de 3000 personnes et une cinquantaine de journalistes étrangers ont pris part, jeudi dernier, à ce pèlerinage de la Ghriba où la majorité des pèlerins, dont une cinquantaine venus d'Israël, séjournent dans les hôtels de l'île. Les rites du pèlerinage juif ont démarré en présence notamment des ministres du Tourisme Selma Elloumi-Rekik, de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, Sonia Mbarek et des Affaires religieuses Mohamed Khalil, ainsi que de plusieurs députés, notamment Abdelfattah Mourou (Ennahdha), vice-président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), et Abdelaziz Kotti et Ons Hattab (Nidaa Tounes). Parmi les autres personnalités, dont des hommes d'affaires et des responsables politiques européens et américains, on citera le rabbin israélien Raphael Quinn, qui a tenu à effectuer les rites du pèlerinage malgré l'avertissement lancé aux juifs par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur les risques d'un attentat. Le président de la commission d'organisation de la Ghriba, Perez Trabelsi, a indiqué que le nombre de pèlerins, cette année, a presque doublé par rapport celui de l'an dernier, passant de 1500 à près de 3000, et ce grâce au renforcement du dispositif de sécurité. Ce nombre commence à se rapprocher de celui de la période post-révolution de janvier 2011, mais il reste très loin des 8.000 personnes qui venaient à Djerba, à pareille période, avant l'attentat-suicide perpétré par Al-Qaïda, le 11 avril 2002, devant la synagogue, et qui a fait 19 morts, en majorité des touristes allemands. Pour cette année, la fouille est systématique sur toutes les routes et dans les rues menant à la synagogue. Elle est effectuée par des patrouilles des forces de l'ordre, mobilisées depuis plusieurs jours et veillant sur la sécurité dans l'île. Avec les succès récents des forces sécuritaires et militaires dont les efforts ont été couronnés par des arrestations et le démantèlement de nombreuses cellules terroristes, l'espoir est rendu à Djerba où pas moins de 12.000 touristes passent actuellement leurs vacances, s'est félicitée la ministre du Tourisme. A l'issue de leur visite à la synagogue de la Ghriba, des membres du Congrès américain ont déclaré aux médias qu'ils transmettront au Congrès un message selon lequel la Tunisie est un pays de paix et de tolérance où tout le monde doit se rendre. Ira Forman, envoyé spécial des Etats-Unis chargé de la veille et de la lutte contre l'antisémitisme, qui visite la Ghriba pour la deuxième année consécutive, a indiqué que la communauté juive à Djerba se distingue par son histoire séculaire et son attachement aux traditions souhaitant que cette communauté demeure le symbole de la diversité et de la tolérance au sein d'une démocratie tunisienne stable et solide. Pour sa part, le conseiller spécial du département d'Etat américain chargé des minorités, Knox Thames, a souligné que la communauté juive à Djerba est un modèle de préservation de la culture et de la pratique de la religion. Il s'est félicité de l'engagement du gouvernement tunisien à protéger les communautés locales et le droit des Juifs à la liberté de culte malgré les défis posés au pays. Le pèlerinage a pris fin tard, dans la nuit du 26 mai, avec des festivités purement tunisiennes qui retracent le style de vie des Juifs tunisiens qui n'ont jamais voulu quitter le pays et qui demeurent les gardiens du temple séculaire du judaïsme et le second lieu de culte des Juifs.