Le vote a commencé, jeudi, alors que la première ministre va bientôt démissionner et que l'extrême droite est favorite face à l'émiettement des partis proeuropéens. Une première ministre dont la démission est attendue d'un jour à l'autre, une montée de l'extrême droite nourrie par l'impasse du Brexit, un émiettement des proeuropéens. Les élections européennes organisées jeudi 23 mai au Royaume-Uni ne sont pas extravagantes seulement parce qu'elles ont lieu alors même que le pays est censé, depuis presque trois ans, être en train de sortir de l'Union européenne (UE). Ce scrutin dont personne ne voulait se tient dans le contexte de la crise politique la plus grave qu'a connue le pays depuis 1945. Theresa May, en se montrant incapable de faire voter par les députés l'accord sur le Brexit, laborieusement négocié avec l'UE, a obligé le pays à organiser ces élections dans le pire contexte, tant pour elle-même que pour le parti conservateur qu'elle dirige. Mercredi 22 mai, de nombreux députés tory, furieux de l'ouverture vers un second référendum faite la veille par Mme May, faisaient d'ailleurs pression pour l'amener à quitter le pouvoir. La démission, dans la soirée, d'Andrea Leadsom, ministre des relations avec le Parlement – une fonction importante au Royaume-Uni – et très pro-Brexit, sonne comme un coup de grâce porté à la première ministre. Selon le quotidien The Times, Mme May devrait annoncer sa démission vendredi. Le Parti du Brexit en tête des sondages La question qui se trouve de fait au centre du scrutin de jeudi – le Brexit – est précisément celle à laquelle elle n'a pas su répondre. Une aubaine dont tous ses adversaires auraient pu s'emparer. Mais un seul d'entre eux y a vraiment réussi : le leader d'extrême droite Nigel Farage, dont le nouveau Parti du Brexit, créé il y a cinq mois, caracole en tête des sondages. Son credo, simple, unique, répété au fil de meetings enthousiastes : « Le vote pro-Brexit au référendum de 2016 doit être respecté. » Avec 34 % d'intentions de vote selon les sondages, il pourrait remporter jusqu'à vingt-neuf sièges de députés européens sur les 73 attribués au pays. Les tories, crédités de 10 % des voix et de seulement six élus, réaliseraient le plus faible score à des élections nationales depuis leur création en 1834. le Monde