Le rapport final de la commission d'enquête sur les causes de la mort des nouveau-nés à la maternité Wassila Bourguiba n'a rien apporté de neuf, sauf la mise en cause d'une infection bactérienne d'origine externe, mais il a, toutefois, mis à nu les insuffisances et les graves lacunes d'un système de santé qui peut causer, même, la mort des patients dans une indifférence des plus totales. Il a dévoilé, aussi, « une tentative de protéger les parties responsables de ce drame », selon l'Association tunisienne d'aide aux victimes d'erreurs médicales. En conclusion, il n'a pas fourni de réponses exhaustives quant aux parties responsables du décès de 15 nouveau-nés. Les analyses médicales effectuées par la commission d'investigation des décès de nouveau-nés au centre de maternité et de néonatalogie Wassila Bourguiba, ont prouvé l'existence d'une infection bactérienne d'origine externe, contractée lors de la préparation alimentaire parentérale, a indiqué Mohamed Douagi, président de la commission lors d'une conférence de presse, tenue jeudi, au siège du ministère de la Santé. Cette rencontre avec les médias Douagi a souligné que la composition de la commission chargée d'enquêter sur cette affaire est une commission technique et qu'elle a accompli son travail dans de bonnes conditions, ajoutant que ses membres ont pris le temps nécessaire et examiné plus de 100 dossiers médicaux de patients admis au service de néonatologie au cours de la période allant du 4 au 10 mars 2019. Selon la version détaillée remise à la ministre de la Santé ainsi qu'aux autorités judiciaires, Le rapport fait état de défaillances au niveau de la gouvernance en plus du non-respect des règles de stérilisation entrainant le passage de la bactérie (Enterobacter cloacae) dans les poches alimentaires parentérales dans la salle de préparation. Le rapport a, également, relevé un manque d'encadrement et de formation dans les rangs des agents responsables de ce service, affirmant que la plupart d'entre eux, ont refusé les analyses qui pourraient amener à définir l'origine de l'infection, tirant profit de leurs rapports privilégiés avec des parties se disant représentatives des syndicats mais qui n'a aucun lien avec la fédération générale de la santé. Douagi a expliqué que le service de néonatologie accueillait, avant ce drame 70 nouveau-nés, alors que sa capacité ne dépasse pas 30 nourrissons. Le président de la commission s'est abstenu de fournir des réponses aux questions posées par les journalistes quant aux parties responsables des négligences qui sont à l'origine de ce drame, soulignant que la commission a mené son enquête « en toute autonomie et loin de toutes pressions ». Il a ajouté que la commission a mis à la disposition des autorités judiciaires la totalité de données collectées durant la période de l'élaboration du rapport, allant du 4 mars jusqu'au 17 avril 2019, date de la dernière analyse dans le cadre de l'enquête. Douagi s'est engagé à fournir, dans les prochains jours, les résultats du rapport aux parents des nouveau-nés décédés, soulignant que la commission qui a regroupé 13 cadres médicaux, a coopéré avec la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme., Il a dans ce sens ajouté que le ministère de la santé a déjà entamé l'application des recommandations de la commission d'enquête, notamment, au niveau de la gouvernance dans les établissements hospitaliers, ainsi que la consolidation des ressources humaines nécessaires à leur bon fonctionnement. De son côté, la ministre de la Santé par intérim, Sonia Becheïkh a indiqué que l'équipe d'inspection du ministère mène sa propre enquête sur cette affaire. En conclusion, il n'y a qu'à citer la réaction du président de l'association tunisienne d'aide aux victimes d'erreurs médicales, Sabeur Ben Ammar qui a estimé que le rapport final « dilue les responsabilités et tente de protéger les parties responsables du décès des nouveau-nés ». Ben Ammar a mis en doute les résultats annoncés jeudi par la commission où il a été souligné que « le matériel médical ainsi que les médicaments utilisés, étaient conformes aux conditions d'hygiène ». Il a noté à cet effet que l'un des points faibles de la composition de ladite commission, réside dans l'absence de représentant de la société civile ou bien des syndicats. Il a ajouté que « le rapport de la commission n'a rien mentionné à propos des laboratoires qui fournissent les médicaments en question, ce qui représente une tentative de diluer les responsabilités », a-t-il dit, estimant que « la commission devait divulguer la liste des laboratoires fournisseurs et prouver l'innocuité de leurs produits ». Cela veut tout dire, et place, maintenant, aux doutes, aux interprétations et aux ragots, sur les pages des réseaux sociaux. Mais, les responsables savent que cette affaire allait faire la Une pendant un certain temps, et qu'elle va tomber dans l'oubli, comme d'autre multiples affaires. F.S.