Depuis le 22 mars, la Tunisie vit avec la hantise de la propagation du Covid-19, un virus malicieux qui a emporté un grand nombre de vies à travers le monde. Le combat a été mené et continue de l'être avec un certain degré de réussite, puisque les dégâts ne sont pas trop importants -et certains peuvent considérer cette remarque comme cynique-. Mais, qu'on le veuille ou non, il y a, toujours, des victimes dans une guerre, set, en particulier, lorsqu'on a affaire à un ennemi invisible qui a eu raison de nombreux pays, même les plus développés, l'absence d'un vaccin ou d'un médicament étant les facteurs-clé, pour vaincre toute pandémie. Toujours est-il que la Tunisie a passé le premier cap, avec une organisation assez satisfaisante ayant permis de circonscrire le fléau ravageur. Maintenant, on doit attendre ce qui va suivre, avec la mise en place d'un déconfinement ciblé qui, on l'espère, ne sera pas accompagné de mauvaises surprises. Le ministre de la santé, Abdellatif Mekki, qui mène le combat et qui profite de l'occasion pour afficher d'autres ambitions, a appelé tous les Tunisiens à se conformer aux recommandations sanitaires pour éviter la hausse des contaminations et réussir le déconfinement progressif entré en vigueur. Mekki a souligné la nécessité de mettre en œuvre la stratégie nationale de promotion de l'hygiène des mains dans les structures sanitaires à travers la mobilisation des ressources financières et des équipements nécessaires. Il a, dans ce contexte, mis l'accent sur l'importance du lavage des mains dans la limitation de la propagation du coronavirus soulignant également la nécessité de l'usage du masque qui protège, selon lui, de la contamination à raison de 70% outre la distanciation physique et autres comportements préventifs. « Nous souhaitons réussir cette première phase de déconfinement qui se poursuit jusqu'au 24 mai avant de passer à la deuxième phase puis la troisième phase afin de réussir à redynamiser le secteur économique actuellement en difficulté tout en protégeant la santé des Tunisiens « , a-t-il dit. Le ministre a signalé que le non-respect des recommandations sanitaires pourrait obliger le gouvernement à revenir au confinement total qui a des répercussions négatives importantes sur l'économie tunisienne. Selon Mekki, grâce à la stratégie de riposte adoptée par le ministère de la santé, au confinement total et au respect des consignes sanitaires par une grande partie de la population, la Tunisie a évité plus de 1000 décès des suites du coronavirus et environ 25 mille contaminations. Il a, par ailleurs, reconnu que le plus difficile actuellement c'est d'éviter la contamination dans les transports publics signalant que grâce à la mobilisation des efforts de toutes les parties, on pourra surmonter ce risque. A noter que depuis le 02 mars 2020, date de l'enregistrement du premier cas d'infection au nouveau coronavirus en Tunisie, le bilan des contaminations n'a pas dépassé les 1018 cas confirmés dont 406 rétablissements et 43 décès. Premier acquis de cette crise, le plus éclatant, est le passage forcé vers la digitalisation de l'administration qui fait face à plusieurs réticences. Cette digitalisation ne doit pas être limitée à la gestion de la crise de Covid-19, elle offre l'occasion de développer certains créneaux dont la télémédecine et la téléconsultation qui peuvent servir dans les zones où il y a un désert médical, selon Ahmed Dammak, Docteur en Management. La pandémie de Covid-19 a suscité une réflexion sur le changement des pratiques (l'enseignement supérieur, travail à distance, achat en ligne…) et la digitalisation peut apporter des réponses à plusieurs secteurs dont celui de la santé pendant les pandémies a-t-il ajouté, dans un Webinaire sur « la nécessité de digitalisation après coronavirus », organisé par l'Institut des Hautes Etudes (IHE) de Tunis. Ainsi, suite à la fermeture des cabinets, plusieurs médecins ont mis sur les réseaux sociaux leurs numéros de téléphones et des plateformes ont vu le jour, a-t-il dit, notant que parmi les outils digitaux d'intelligence artificielle utilisés, aujourd'hui, en Tunisie ou dans le monde, dans la gestion de Covid-19, figurent le drone équipé de caméra thermique et les caméras de surveillance capables de repérer les gens ne portant pas de masques dans les zones ou le port de masque est obligatoire. Il a également cité les chatbots développés par des startups tunisiennes, lesquels ont permis de gérer les appels des gens en détresse, et partant ont allégé la pression sur le SAMU. Rym Trabelsi, Docteur en Marketing, a de son coté, fait savoir que la grande distribution a connu une croissance exponentielle grâce au Covid-19, qui a incité les entreprises de ce secteur à développer leur e-commerce pour faciliter la vie des citoyens, notamment les seniors. Il s'agit d'un segment intéressant pour ces entreprises, déjà plusieurs enseignes de commerce traditionnel ont pris l'initiative d'offrir la possibilité de s'approvisionner à distance tout en assurant la livraison à domicile, a-t-elle dit. Et d'ajouter que les grands distributeurs doivent saisir l'opportunité qu'offre cette crise , pour développer des nouveaux business modèles d'e-commerce, et ce de manière à générer un chiffre d'affaires supplémentaire. Il s'agit également, d'une opportunité pour certains grands distributeurs qui disposent seulement, d'un site vitrine, de fidéliser leurs clients. Quant aux consommateurs qui étaient à un moment donné, réticents à passer une commende et de payer en ligne, ils sont aujourd'hui, obligés d'adopter de nouveaux comportements, et d'être « full digital ». Plusieurs entreprises, dont les efforts de communication sont davantage axés sur les réseaux sociaux, sont appelées à prendre le e-commerce au sérieux via la réorganisation de leur structure, pour pouvoir mettre une stratégie de distribution digitale a encore recommandé Trabelsi.
Légende : * Une guerre qui n'est pas totalement gagné contre le Covid-19