Depuis la fin du second mandat de G. W. Bush, le président français Nicolas Sarkozy ne recèle pas sa volonté d'impliquer davantage la France, voire l'Union européenne, dans le processus de paix au Proche-Orient, tentant ainsi de briser ce qui est souvent considéré comme un monopole historique et incontestable de Washington. Objectivement, la France possède un argument assez convaincant. C'est le pays qui compte la plus grande communauté juive et la plus grande communauté musulmane en Europe. Toutefois, l'on peut aisément reconnaître l'empreinte personnelle de Sarkozy dans ce qui semble constituer une nouvelle doctrine orientant la politique étrangère française vers plus d'engagement et de rayonnement à l'échelon international.
L'accroissement des chances de Barack Obama, durant les derniers jours de la campagne électorale aux Etats-Unis, raffermissait les ambitions du locataire de l'Elysée, vu l'intérêt modeste que l'ancien sénateur de l'Illinois attachait au conflit israélo-palestinien dans son discours électoral. Une position qui promettait un certain désengagement américain propice à un rôle français et européen plus important dans la région.
Mais la dernière opération menée par Tsahal dans la bande de Gaza, et les conséquences tragiques qui en résultaient, modifiaient, dans les derniers mètres, l'ordre des priorités de la politique étrangère d'Obama. La nomination précoce de Georges Mitchell en tant qu'envoyé spécial pour la région en apportait la preuve.
Désormais, nombreux observateurs n'hésitent pas à souligner une certaine « compétition » entre Obama et Sarkozy pour la paix au Proche-Orient. Alors que Mitchell inaugurait officiellement sa mission, le président français proposait la tenue d'une grande conférence internationale à Paris, qui permettrait de poser les bases d'une paix durable au Proche-Orient. Une fois concrétisée, cette proposition fera, sans doute, une belle victoire diplomatique pour l'Elysée.
Reste qu'une compétition n'est pas forcément positive ou constructive. Tout d'abord, il est très peu probable que la nouvelle administration américaine se dote d'une nouvelle approche dans le traitement d'un dossier de plus en plus complexe. Les Israéliens ont déjà obtenu de Mitchell deux assurances fondamentales : celle que l'administration américaine « soutient le droit d'Israël à sa sécurité » et celle que cette même administration reprend à son compte la lettre signée en 2004 par le président Bush, dans laquelle il rejetait le droit au retour des réfugiés palestiniens tout en avalisant l'idée que la frontière définitive entre Israël et le futur Etat palestinien devra prendre en compte « la réalité du terrain ». Une phrase qui signifie, en fait, que de larges blocs d'implantations resteront sous souveraineté israélienne, et donc qu'ils ne seront jamais démantelés.
Pour sa part, le président français ne fait pas mieux. En réitérant récemment que la libération du corporal israélien capturé par Hamas, Gilad Chalitt, demeure une priorité française, Nicolas Sarkozy semble omettre ce petit détail minuscule : plus de 11.000 prisonniers palestiniens, dont la plupart sont des civils, relégués dans les bagnes de l'Etat hébreu ! Cela étant, Sarkozy fera-t-il la différence ? La réponse, dans ce cas, devrait être fermement négative. Un nouveau rôle suppose impérativement une nouvelle vision. Cette vision doit respecter les droits légitimes du peuple palestinien, car le passé a toujours été partial. Autrement, ce sera encore le monopole. Un monopole de visions cette fois-ci…même si les parties se voient multipliées.