Juste après son investiture, le Président américain Barak Obama, a appelé en premier le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbès. Pour beaucoup, ce geste atteste de la volonté de rééquilibrer les relations des Etats-Unis avec Israël et les Palestiniens. Mais pour beaucoup d'autres, il serait utopique de s'attendre à des changements révolutionnaires, Israël restant aux yeux d'Obama l'allié stratégique des Etats-Unis dans la région. N'empêche, plusieurs signaux plaident pour la détermination de la nouvelle administration américaine de relancer le processus de paix israélo-palestinien et à rompre avec la politique pratiquée par George Bush. Le choix de George Mitchell, comme émissaire américain au Proche-Orient, est l'un des signaux les plus clairs pour la recherche d'un règlement le plus équitable possible du conflit. Cet ex-sénateur, de 75 ans, a été préféré à Dennis Ross, l'envoyé spécial de Bill Clinton et à Daniel Kurtzer, l'ambassadeur américain en Israël. Tous les deux sont considérés comme pro-israéliens et la nomination de l'un ou l'autre aurait été considérée comme une provocation par les Palestiniens. Ayant la réputation d'un homme politique mesuré et qui ne compte « ni amis ni ennemis » au Moyen-Orient, Mitchell connaît très bien la région pour avoir présidé en 2000-2001, une commission internationale sur les causes de la seconde Intifadha et sur les moyens à mettre en œuvre pour arrêter les violences. Son rapport était considéré comme un modèle d'impartialité. Il préconisait entre autres, le gel des colonies juives de peuplement dans les territoires palestiniens, et celui de la croissance « naturelle des colonies existantes » tout en appelant l'Autorité palestinienne à respecter ses engagements et à prendre des mesures immédiates pour arrêter la violence. Seulement, Mitchell entame sa mission dans un contexte très difficile et doit faire face à une réalité plus complexe. Les stigmates de la dernière agression israélienne contre la bande de Gaza avec son cortège de morts, de blessés et de destruction, sont difficiles à cicatriser et sont toujours vivaces pour rappeler l'arrogance de l'occupant israélien, son refus de s'engager sur la voie de la paix et la barbarie de sa machine de guerre. La lutte intestine inter-palestinienne n'est pas, également, pour faciliter la tâche de George Mitchell. Et même dans le cas d'une réconciliation qui aboutirait à la formation d'un gouvernement d'union nationale, le spectre d'un véto américain, suivi de celui de l'Union européenne contre une participation du Hamas, n'est pas à écarter. Certes, l'émissaire américain est dans la région avec la consigne d'écouter et non de dicter, mais ce qu'il est en train d'entendre n'incite pas à l'optimisme. Les positions sont intransigeantes avec des violations quotidiennes du fragile cessez-le-feu et le refus israélien d'ouvrir les points de passage. La mission de l'émissaire américain est d'autant plus difficile qu'il aura pour probable interlocuteur, côté israélien, l'extrémiste Netanyahu, connu pour son hostilité à tout processus de paix et à tout dialogue avec les Palestiniens. Avant son départ pour le Proche-Orient, George Mitchell déclarait que « les conflits insolubles n'existent pas. Les conflits sont créés, menés et poursuivis par des êtres humains. Ils peuvent être achevés par des êtres humains ». Ces paroles sont-elles valables pour un conflit qui dure depuis plus de 60 ans ?