L'entreprise, bien qu'elle n'est pas une structure fondamentalement secrète et bien qu'elle est de plus en plus contrainte d'être transparente, elle comporte aussi sa part de secret, d'opacité et de sujets tabous. Les secrets de l'entreprise relèvent de divers ordres et se jouent autour de 3 facteurs : pouvoir, savoir et symbolique. Sachant que le symbolique constitue l'identité et la culture collectives spécifiques de l'entreprise. Depuis fort longtemps, les secrets de l'entreprise portent essentiellement sur les procédés de fabrication, les savoirs professionnels et les travaux de « recherche et développement R&D » qui constituent des données à protéger. Aujourd'hui, les sujets sensibles sont beaucoup plus liés aux plans stratégiques d'entreprise, aux décisions financières des actionnaires et à leurs effets sur l'emploi. De même, les annonces de fusion, de restructuration, de privatisation ou d'externalisation sont toujours tenues secrètes jusqu'au dernier moment, mondialisation et cotation boursière obligent.
Les secrets d'entreprise concernent aussi tout ce qui a trait à l'argent, aux primes, aux salaires, aux heures supplémentaires et aux congés. Les acquis sociaux et les statuts constituent aussi des secrets vis à vis de la concurrence. Les tabous existent également dans le domaine de la sécurité et de la prévention ; souvent, on a tendance à garder le silence sur les accidents survenus et sur les arrangements tarifaires avec les concurrents, les fournisseurs nationaux et étrangers… Ceci étant, les tabous de l'entreprise touchent surtout le secteur médical, en l'occurrence les cliniques et les organismes sociaux, car ceux-ci sont liés, lors de l'exercice de leur profession, à la déontologie du métier et à celle du savoir des médecins, psychologues, travailleurs sociaux qui sont tenus au secret professionnel pour protéger leurs patients ou clients mais aussi pour se protéger eux-mêmes.
CONTRE-INTELLIGENCE ECONOMIQUE Malheureusement, les risques de percer les multiples secrets d'entreprise sont réelles : piratage des systèmes d'information, pillage du know-how ou de brevets, propagation de rumeurs nuisibles à l'image de l'entreprise, etc… Et si l'entreprise se méfie spontanément et à juste titre de ses concurrents, elle risque paradoxalement d'être fragilisée, volontairement ou inconsciemment, par ses fournisseurs, ses salariés, ses consultants... Sachant que 65 % des " pertes " informatiques en général sont dues à des actes de malveillance internes ! Concrètement, il y a une panoplie de mesures à prendre pour se défendre. Certaines sont simples et applicables même dans les très petites entreprises TPE ; d'autres sont toutefois réservées aux plus grandes structures industrielles. Les nouvelles stratégies de « contre- intelligence économique » ont en effet pour objectif la défense du savoir-faire et des données confidentielles de l'entreprise. Comme les situations et les facteurs de risques dans la chaîne informationnelle s'accroissent, les entreprises devraient impérativement dresser un bilan de leur vulnérabilité et trouver comment se protéger de chaque menace identifiée.
PROTEGER SES ACTIFS IMMATERIELS ! Les actifs immatériels jouent un rôle de plus en plus primordial dans la valeur des entreprises basées aujourd'hui de plus en plus sur les TIC. C'est le cas particulièrement des entreprises où l'innovation est ardue et la copie aisée. Il appartient à ces entreprises innovatrices de protéger leurs actifs technologiques intangibles à l'aide d'outils juridiques appropriés, tels les droits de propriété intellectuelle, de cession, de licence, de collaboration et des brevets d'invention, mais aussi par des outils technologiques efficaces (Firewall, Proxy, authentification bio-métrique..). En outre, au vu de la complexité croissante des technologies, il est devenu difficile aux entreprises même les plus grandes - de maîtriser seules l'ensemble du savoir-faire nécessaire au développement et la protection de leur produits. Cette évolution implique des pratiques contractuelles associées avec des sous-traitants de type « start-up ».
CONFIDENTIALITE A TRAVERS LA BONNE GOUVERNANCE La bonne gouvernance est essentielle pour la survie et la pérennité de l'entreprise, surtout dans un contexte mondialisé où la transparence et la compétitivité constituent la seule arme de résistance possible. Mais, en quoi, la bonne gouvernance, est-elle indispensable pour les PME ? En fait, la bonne gouvernance est « la manière dont les entreprises sont dirigées et contrôlées ». Certains principes doivent être respectés, dont en première ligne la transparence aussi bien dans la gestion que dans la circulation de l'information. Ce principe a l'avantage de réduire les risques d'abus de tous genres dans la direction de l'entreprise. Idem, une bonne gouvernance suppose aussi la présence de dirigeants et d'administrateurs compétents, disponibles, intègres et responsables. Sans oublier que pour garantir une bonne gouvernance, l'entreprise doit être gérée selon une vision stratégique à long terme, plutôt que sur des considérations immédiates, au jour le jour. Ce qui veut dire que la bonne gouvernance est de nature à consolider les PME et à leur permettre de gérer dans la confidentialité les relations entre l'ensemble des parties prenantes. Car, on ne rappellera jamais assez que pour une bonne gouvernance, les rôles de chaque partie prenante devraient être définis séparément : conseil d'administration, comités spécialisés... En effet, l'adhésion aux principes de la bonne gouvernance et de la confidentialité constitue un atout de compétitivité et de pérennité d'autant plus que nos PME posent un réel problème de transmission. Ceci est une opération difficile puisque 30% de nos entreprises familiales passent actuellement le cap de la 2ème génération et que seulement 10 à 15% réussissent le passage à une 3ème génération préparée à l'avance. Néanmoins, il ne faut pas oublier que l'entreprise familiale a quand même ses cotés positifs dont principalement l'attachement à une certaine confidentialité concernant les indicateurs de performances financières et comptables. Les PME tunisiennes sont, aujourd'hui plus que jamais, appelées à adopter les meilleures pratiques de la bonne gouvernance. Celle-ci est seule garante de leur pérennité et d'une meilleure compétitivité dans un monde ouvert et de surcroît en crise.