La crise actuelle a eu pour première conséquence la réduction significative les flux d'investissements Directs Etrangers en 2009. Les investisseurs sont de plus en plus prudents dans leurs décisions d'investissements à moyen terme, car la visibilité du monde des affaires est floue. Plusieurs décisions d'investissements prises au cours de 2008, ont été annulées ou reportées. Selon les analystes les flux d'IDE pourraient chuter de 30 à 40 % en 2009. Face à cette situation, qui risque de s'aggraver au fil de la crise, les Agences de Promotion de l'Investissement, auront encore plus du « pains sur la planche ». Il faudra mieux faire pour pousser à la décision d'investissement. La concurrence entre les pays sera encore plus dure, et il faut s'outiller de professionnalisme et d'imagination pour pouvoir attirer le maximum d'IDE. L'accompagnement de l'investisseur et la fourniture d'une information pertinente et la plus détaillée possible, sont des éléments importants de la réussite de chaque API. L'institut « IFC » du groupe de la Banque Mondiale, vient de publier son rapport sur « L'Indice Global de Promotion de l'Investissement » qui mesure la capacité des APIs à satisfaire les besoins en informations des investisseurs au stade préliminaire du processus d'investissement. Selon les résultats de ce rapport, la région Moyen Orient Afrique du Nord (MENA), semble mal placée dans le monde, mais la Tunisie, à travers la FIPA, semble sortir du lot.
L'Indice Global de Promotion de l'Investissement Les rédacteurs du rapport ont tenu à préciser que l'Indice Global de Promotion de l'Investissement ne mesure pas la compétitivité globale des IDE dans le pays, ou le climat des affaires. Cet indice tient plutôt compte de: - La qualité de l'information et des services pre-investissement fournis aux investisseurs potentiels par le biais de leurs sites Internet respectifs (50% du score final). Selon une enquête du cabinet Development Counsellors International (DCI) citée par la Banque Mondiale, « le pourcentage de sociétés qui considèrent le site Internet comme l'outil marketing le plus efficace d'une API est passé de 34 % en 2002 à 56 % en 2008 ». - La capacité des API à fournir une réponse adaptée (pertinence) et dans les temps à deux demandes-type de renseignements soumises à toutes les API testées (25% du score final chacune). La première demande-type portait sur un projet de production de boissons non alcoolisées, l'autre sur un projet de développement de logiciels. En 2009, 181 API nationales et 32 API infranationales ont été évaluées, donnant lieu à la publication d'un rapport comparatif. De manière générale, les pays de l'OCDE à haut revenu ont obtenu les meilleures performances (moyenne de 70%), tandis que la région MENA se classe à l'avant-dernière place (35%), juste derrière l'Asie du Sud (36%) et devant l'Afrique subsaharienne (25%). Contrairement aux autres régions du monde qui comptent toutes au moins un représentant parmi les 25 API nationales les mieux classées (top 25 mondial, dominé par l'agence autrichienne) aucun pays MENA n'y figure. Dans la région Moyen Orient Afrique du Nord, dont fait partie la Tunisie, le design des sites Internet est jugé bon (moyenne de 73%) mais les informations disponibles sur le pays et les secteurs médiocres (52%), faisant chuter la moyenne régionale pour cette première composante à 56%. En ce qui concerne le traitement des demandes, la moyenne régionale est très faible (15%) ; le projet de services ayant reçu un accueil légèrement meilleur que le projet de production. S'il est possible de joindre les API (68%), la réponse fournie et le suivi des dossiers ne sont en général pas à la hauteur des attentes (6%). Une progression générale par rapport à 2006 est néanmoins observable (+16%). Les pays qui tirent la région vers le haut selon cette étude sont la Jordanie, la Tunisie et l'Egypte. Cette évolution s'explique principalement par une nette amélioration des sites Internet (23%), récompensant les efforts consentis par les API pour fournir en ligne une information sectorielle répondant aux attentes des investisseurs (variation record de +150%). En revanche, la qualité du traitement des demandes personnalisées d'information a légèrement décliné par rapport à 2006. La Jordanie, qui partait d'un niveau très faible sur ce point, est le seul pays qui se distingue, avec une progression de 26%. La Tunisie, à travers la FIPA a nettement amélioré son score de 2006 passant de 30% à 50%. L'Egypte quant à elle est passée de 22% à 38%. Plusieurs API récemment créées ont obtenu de très bons scores : l'étude démontre ainsi que l'efficacité d'une agence ne dépend pas de son ancienneté mais de l'importance accordée à la qualité de l'information produite, de la gestion interne et de la formation du personnel.
Ce qu'il faut faire pour améliorer les services : Selon l'Institut IFC, les pays du monde doivent : o Focaliser et appuyer l'effort de promotion. Les sociétés étrangères recherchent une information liée à leur secteur et aux besoins de leurs projets. Elles ont besoin de savoir la viabilité d'un lieu d'implantation et, pour ce faire, elles requièrent des données spécifiques sur leur secteur et sur l'opération en vue, qu'elle soit industrielle ou de services. Pour les leur fournir, les APIs doivent adopter une stratégie d'investissement qui reflète leurs atouts comparatifs et concurrentiels. Cela signifie souvent l'adoption d'une stratégie par secteur et la fourniture d'informations importantes sur ces secteurs. Confrontés à des ressources limitées, les APIs devraient donner la priorité aux investissements visant les secteurs cibles. o Obtenir et actualiser constamment l'information. Les APIs doivent se concentrer sur le développement de leur capacité interne à rassembler et renforcer l'information pertinente. Ils doivent constamment anticiper les besoins des sociétés étrangères et s'assurer qu'elles disposent de l'information nécessaire disponible. o Mettre en place des programmes réguliers de formation et de contrôle de qualité. Le personnel des APIs doit comprendre que les sociétés étrangères, notamment celles des pays à haut revenu de l'OCDE, ont souvent des niveaux de services professionnels plus exigeants que dans beaucoup d'autres régions. o Comprendre la concurrence et comparer les points forts d'un lieu d'implantation. Les APIs devraient connaître la concurrence et savoir ce que vaut leur pays en tant que lieu d'implantation par rapport aux autres pays compétiteurs et vis à vis des critères de l'investisseur.
FIPA et IDE en Tunisie : L'Agence de Promotion de l'Investissement Extérieur (FIPA), est en train de fournir des efforts considérables pour attirer les investisseurs vers la Tunisie. Le site web de l'Agence n'a rien à envier à des sites de pays développés. Les informations contenues sont rédigées en 8 langues différentes, et son ergonomie est très agréable. Des profils sectoriels sont téléchargeables sur le site, ce qui peut donner une plus grande idée pour l'investisseur sur l'opportunité de son investissement. Cependant plusieurs améliorations sont à prévoir. En effet, il n'existe pas un guide complet, pour l'investisseur, traçant les étapes à suivre, les administrations à contacter, les régimes appliqués dans le secteur bien précis,…..Cet outil est très important pour faciliter la décision d'investissement et accompagner l'investisseur. Dans le cadre du rapport publié par l'IFC, la FIPA n'a pas accompagné le client qui a demandé des informations sur le projet de boissons non alcoolisées et le projet de développement de logiciels. En effet, l'Agence Autrichienne qui a obtenu la première place était l'une des rares agences cherchant à vérifier par elle‐même si les réponses sont bien parvenues au destinataire ; le personnel a aussi vérifié en temps voulu auprès de l'investisseur fictif de l'IGPI si «l'investisseur» avait réagi et s'il y avait quelque chose d'autre qu'il pouvait lui fournir. Il faut signaler aussi que les services de la FIPA doivent s'accompagner d'une valeur ajoutée pour le client et ceci demande un grand investissement dans les ressources humaines et la formation. Malgré tout la Tunisie réussit à attirer un nombre important d'investisseurs étrangers et le montant des investissements est en nette croissance.
Flux des investissements étrangers En millions de TND
Malgré la crise, la Tunisie commence l'année 2009, avec un léger recul en comparaison avec l'année 2008. En effet, les investissements étrangers ont atteint 559,4 millions de dinars au cours des quatre premiers mois de l'année 2009 dont 542 millions de dinars d'investissements directs et 17,4 millions de dinars en portefeuille.