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Libéré mais pas encore libre
Publié dans L'expert le 17 - 11 - 2011

Un pas, une porte qui s'ouvre, une respiration, encore un pas. Non ce n'est pas une seul personne c'est tout un groupe.
La cadence s'accélère et mon cœur s'emporte avec. J'entends encore le bruit sourd de mes pulsations qui résonne dans mes oreilles. Mes pupilles se dilatent et mes poils s'hérissent. Je sens la tension qui monte. Mes boyaux se déchirent et ma gorge se resserre. Signes que mon corps est fin prêt à endurer la nouvelle salve.
Des cris, des pleurs, des hurlements. Ouf ce n'est pas pour moi cette fois c'est pour les marocains. Je me sens coupable d'éprouver une satisfaction à être épargné mais ce n'est pas mon être qui est au commande c'est mon corps.
Ca fait déjà 3h que je suis la. 3h qui m'ont paru une éternité. Le temps parait suspendu pour ne rien me laisser oublier. Chaque pensée, chaque bruit, chaque mouvement, semble figé comme si le destin voulait s'acharner doublement sur moi.

Mais je m'étale. Revenons plus en avant...

Il est 18h j'embrasse mon amie elle met son sac sur le dos fait la bise aux autres et part sans se retourner comme happé par la porte d'embarcation. De la sort un premier policier avec un gars attaché. Il le roue de coups sur la tête et sans que cela ne suffise il se retourne vers l'officier a la porte d'embarcation et lui dit frappes frappes c'est un marocain (plutôt pas frappes mais niklou omou)!! Puis tout un groupe de policiers (une 20ene a peu prés) sortent avec d'autres marocains en sang. Ils bousculent les voyageurs sans faire attention a personne pour laisser le hall supérieur libre pour leur jeu macabre. Les marocains sont en sang c'était des gamins Leurs pulls étaient déchiré et certains n'avaient plus de chaussures. Un des marocain tombe par terre pensant peut être diminuer la cadence des coups mais au lieu d'avoir trois policier sur lui c'est maintenant une dizaine qui se ruent sur son corps a coup de brodcains sur le dos. Ils le relèvent et le trainent avec les autres en bas des escaliers. L'aéroport est son dessus dessous les passagers et leurs familles courent dans tout les sens affolé par le spectacle. J'entends des femmes crier aux policiers d'arrêter. Moi par contre je suis scotché sur place je n'arrive plus a bouger. Ma mère se retourne vers moi et me dit il faut que ca cesse quel pays de merde. Elle me dit de filmer ca pour que plus jamais ils ne se croient impunis. J'arrache le téléphone d'un ami et je cours descendre filmer le reste de la scène.

Le téléphone m'énerve j'arrive pas a trouver le caméscope Je cherche je tâtonne merde ils sont presque sortis Ah c'est bon voila la vidéo je lève mon bras pour commencer a filmer Putain c'est pas entrain d'enregistrer je.. Quelqu'un m'attrape par derrière Aye une gifle Je suis fait un policier en uniforme m'a attrapé Il arrache mon téléphone et me métrise Il appel ses amis « Un traitre Un traitre » qu'il dit « Il veut nous mettre sur Facebook » Et commence alors une danse macabre entre moi et les policiers Une danse faite de va de viens de coups et d'évitement Leur nombre ne cesse d'augmenter. Je crie dans un dernier espoir que je suis innocent que je n'ai rien fait qu'ils n'ont pas le droit (mais comme j'étais dupe). Des souvenirs d'enfances me reviennent a ce moment la. Un traumatisme ressurgi.et Je me vois a 5ans entrain de fuir une ruche d'abeilles. Mais les abeilles sont de plus en plus nombreuses. Leur bruit est de plus en plus strident. Les piqures de leur dars me fait de plus en plus mal. Je tombe par terre, un policier m'a fait un croche pied Une 20aine commencent a me chooter. Je revois les visages éclatés et les lèvres déchiquetés de mes amis Amine Rekik et de bachkouta (Walid Ibn Said) a la fac apres les manifestations de mai. Je les revois me dire « protèges toi le visage ne penses qu'a ca ». Je tire mon blouson comme bouclier et me recroqueville dans ma carapace de fortune. Les coups n'arrêtent pas. J'ai envi de me tortiller de douleur mais je me maitrise. Je ne leur laisserai pas mon visage ! Je ne leur laisserai pas mon visage !! Je crie je hurle j'attends que quelqu'un viennent cesser tout ca.

Ils me relèvent me sortent de l'aéroport. Un agent de sécurité leur dit « lui aussi c'est un marocain » . Non lui répond celui qui m'agrippe par le cou « lui c'est un tunisien il veut nous mettre sur Facebook » Et voila qu'une autre salve de policiers en civils et en uniforme courent vers moi sommant leurs amis d'attendre. Ils veulent tous y participer. Ils sont 30 autour de moi chacun voulant sa part du gâteau. Un coup de matraque m'atteint à la jambe gauche. Je tombe de douleur et voila que recommence un autre cycle de coups de bottes sur le corps. Cette fois ci mes mains ne sont pas libres. Ils peuvent m'avoir a la tête ! J'enfonce ma tête contre le sol et j'encaisse sans broncher. Ils finissent par se lasser et me trainent vers le poste. Ils me poussent dans des escaliers Je monte en prenant attention de ne plus tomber pourtant ma tête tourne ma vision est trouble et mon équilibre n'est plus. Chaque policier qui passe à coté donne sa contribution.
Enfin je suis dans la salle !! Les marocains sont tous la !! Je m'assois sur une table. Non s'écrit un policier « toi ta place est dans le coin par terre» en me donnant un coup de poing en plein visage. J'obéis (je ne peux faire que ca) Ils sortent et ferment la porte derrière. Je revis !!

« y'a un tunisien ?? » « il voulait filmer ?? » La porte s'ouvre. 4 policiers baraqués me regardent et me disent « c'est toi le tunisien » Naïf comme je suis, je leur réponds oui. « Non toi tu n'es pas tunisien ! Toi tu es un traître ! Toi tu es un israélien» Ils me relèvent et se liguent contre moi. Un marocains s'écrit « non laissez le il a rien fait il n'était pas avec nous » D'un cou de botte a la gueule un des policier le fait taire puis se retourne un sourire a la bouche vers son zémil et lui dit « Tu vois quand je te disais qu'ils sont ami » J'essaye de parer leurs coups je les bloque avec mes avant bras mais je ne les évite pas. Ma chaire doit encaisser leurs coups plutôt que le mur (les représailles serait terribles). Ils m'emmènent dans la pièce d'à coté et m'installent sur une chaise. Mon calvaire ne s'arrête pas voila qu'un gros bonhomme s'approche sournoisement de moi. Il était trapu petit de taille si bien qu'assis il ne me dépassait que d'une tête Il avait la cinquantaine moustachu et un gros bide de bière Il me dit tout doucement « n'ais pas peur, je vais rien te faire. Tu es tunisien ?? Tu voulais filmer les policiers??» Je baisse ma garde et je hoche la tête.
Un coup, deux coups, trois coups. Ma tête raisonne sous les chocs, je ne sens plus mon visage. Un poing percute ma tête au niveau de la bouche, mes lèvres éclatent dans une éclaboussure de sang. « Rabbek tu veux bruler le pays ?? Les policier sont devenus des moins que rien a cause de votre Facebook et de votre révolution!! Les marocains vont sortir et toi tu croupiras ici pour haute trahison !! Seul Béji Caied Sebsi te sortira de la »
Ce nom pourtant me redonna un souffle un souffle qui m'a permis d'encaisser les autres coups. C'était pour moi le repère. Ma haine pour cet homme me rappela que j'étais la pour une cause. Que ce n'était pas moi le méchant. Que je n'étais pas le traître qu'ils disaient !!

Je suis resté assis la pendant trois heures encaissant les salves de coups les unes après les autres
6 équipes en tout sont passées sur mon corps pétrifié de douleur. A chaque ouverture de porte je voyais la faucheuse me sourire. A chaque ouverture de porte je m'en voulais d'être né tunisien car la question « c'est lui le tunisien ? » était devenu synonyme de beigne raclé. A chaque ouverture de porte j'espérais que le gars qui frappera (car il frappera) n'éprouve rien, que ce soit des coups automatiques et non des coups sadiques. Dans ce commissariat j'ai compris que les plus humains d'entre eux sont ceux qui sont vraiment cruels car les autres ne sont que machines. Que des engins mécaniques des appareils de torture des instruments de mort.

Voila la dernière équipe qui entre ! L'un d'eux se retourne vers moi et me dit « c'est toi le fils de madame bouguira ?? » J'ai compris qu'il était mon sauveur. Il leur dit « ca mère est médecin Je la connais Elle est très inquiète Elle est diabétique ». Les larmes ruissellent le long de mon visage. Je ne suis plus. Je pense a l'état de mes proches ne sachant ce qu'il m'arrive. Il leur dit que je fais également médecine que je suis en 5eme année que je ne suis pas un gars à problèmes pensant alléger ma sentence. Un de ceux assis a mon chevet se lève alors et me dit tu fais médecine ? Je lui réponds que oui. Il se mord la lèvre, hésite, se retourne la langue et me donne un coup de poing en plein estomac « Ceux qui font médecine ne filment pas les policier! Tu mens! Toi tu n'es rien tu es un moins que rien même! Tu ne peux même pas avoir eu le bac!» L'autre (le gentil) l'arrête le pousse en dehors de la salle et leur demande de ne plus me frapper. Il revint après avec une bouteille d'eau et mis un policier à coté de moi pour me protéger. Les coups se sont arrêté a ce moment la.

Mais certaines choses sont peut être pire que les coups. Leurs mots sont parfois plus dures qu'un coup de poing, leurs ricanements plus dégradant qu'une gifle. Je les entends encore me répéter qu'ils m'enlèveront mon pantalon que je dormirai en jupe que sous prétexte que je suis blond que je plairai beaucoup au gars de bouchoucha….
D'autres choses sont tout aussi pénible Savoir qu'on est impuissant quand dans la pièce d'à coté des êtres humains sont entrain de se faire torturer de se faire les jouets de policiers frustrés qu'on les oblige à dire que mohamed V est une pédale (oui c'est mohamed VI le roi mais nos policier sont tellement cultivés qu'ils ignorent cette information) D'ailleurs une scène restera a jamais gravé dans ma mémoire. Alors que j'étais au toilette me laver le visage un marocain était entrain de vomir. Un policier (le baraqué qui est passé a la télé disant qu'il s'est fait agressé) entre et demande a son collègue « c'est un des marocains ? » Ayant appris son identité il court vers lui et saute avec ses deux pieds sur le marocains écrasant sa tête sur la cuvette Il lui écrasa encore la face a plusieurs reprises avec un pied contre la cuvette jusqu'à le laisser dans son sang corps inanimé et tête dans les toilette. Il sort ensuite des toilette et couru vers la chambre des marocains ou son entré ne causa que cries de douleurs et hurlements de paniques.

Arriva ensuite le temps de la grande mascarade sous les feux des projecteurs Ayant appris qu'il se pourrait que des témoins aient filmé la scène à l'aéroport l'équipe de télévision a été dépêché. Al-Watania a été la première à arriver suivi de prés par Hannibal. Mon choc n'a été que plus grand je ne pouvais croire mes yeux. Ces journalistes n'était en fait pas les victimes de Ben Ali ou du Système Non ces journalistes sont les complices des bourreaux et des tortionnaires Ces journalistes demandaient aux flics de nettoyer le sang des marocains de leur donner des pulls propres pour qu'il n'y ait pas de problème pour les policiers. Ces journalistes ayant su qu'une cargaison de munition a été arrêté chez un libyen n'ont pas hésité à demander à filmer ces cartouche pour orienter encore plus le téléspectateur…

A 22h enfin mon avocate arrive les policiers commencent a sourire Loin déjà est le temps ou ces même policier me ruaient de coups Loin déjà est le temps ou les insultent fusaient Loin déjà est le temps ou j'étais traité tels un objet sans vie Elle parle deux minutes au big boss On me fait signer un papier (je sais toujours pas ce qu'il y'a d'écrit dedans) On me rend le téléphone Et je sors !!
J'ai certes été libéré a ce moment la mais suis-je pour autant devenu libre ?

Proposé par Zakaria Bouguira


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