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L'Idylle censurée
Nouvelle
Publié dans Le Temps le 18 - 11 - 2011

C'est, paraît-il, le film de l'année. On parle d'une superproduction au coût astronomique. Curieusement, il ne passe pas dans les rares salles obscures encore ouvertes. Des rumeurs disent qu'on l'a censuré. Il y aurait des scènes osées dans ce long-métrage dont pourtant tout le monde ici possède une copie piratée. Il n'y a pas jusqu'aux écoliers qui l'ont déjà vu sur face-book et qui se le racontent dans la cour, voire même pendant les leçons. Mais personne n'en parle en public. C'est une histoire d'amour à la Roméo et Juliette qui réunit deux personnages que tout oppose, du moins en apparence, me dit-on.
Je n'ai personnellement pas encore vu le film, mais mes collègues de bureau m'en ont rapporté l'essentiel pendant nos fréquentes pauses quotidiennes. Certains d'entre eux trouvent que c'est une mièvrerie comme on en voit toujours dans les cinémas du monde arabe. Ils reconnaissent tout de même s'être amusés en le regardant et en comptant les baisers échangés entre le héros et l'héroïne. Najet, la secrétaire du directeur de l'agence, pense au contraire que l'idylle est pathétique : « Cela fait cinq fois que je regarde le film, dit-elle, et à chaque visionnage je verse des torrents de larmes. Mon amie Samira aussi le trouve très attendrissant. Bon, les scènes torrides mises à part, c'est un beau drame, quand même ! »
Si Rachid, mon chef de service qui d'habitude ne s'entretient guère de sujets confidentiels avec ses subordonnés, se montre plutôt familier avec moi, ce matin. « Alors, me demande-t-il, ce film censuré, il te plaît ? En ce qui me concerne, c'est seulement hier soir que j'ai pu le voir. L'un de nos clients m'en a filé le C.D. Les enfants et leur mère étaient rentrés au bled ; alors j'en ai profité ! » Il n'attend même pas de savoir ce que j'en pense et se répand en développements analytiques et critiques souvent contradictoires. Pour lui, au-delà de l'histoire d'amour, il y a un message politique dans le film. « C'est vrai, poursuit-il, que par moments, c'est à la limite du pornographique ! Mais on ne peut pas nier le réalisme dérangeant de certaines scènes. Tiens, lorsque… ». Le téléphone sonne. C'est Madame qui demande à rester encore deux jours chez ses parents. Il faut lui envoyer de l'argent. « J'aurais aimé t'en dire plus, mais comme tu vois, j'ai à faire, là tout de suite ; nous en reparlerons. ». Si Rachid n'est pas sorti tout de suite. Après moi, il a reçu Madame Héla. On raconte qu'ils ont une aventure ensemble. L'a-t-il appelée pour discuter du film ? Mais si leur idylle est réelle, ils doivent l'avoir vu et apprécié les bras l'un de l'autre ! Ce sont là mes sournoises supputations mais ce sont aussi les conjectures que j'ai lues sur les visages de Najet, Farid et Madame Bayya. Ils avaient vu Madame Héla entrer dans le bureau de Si Rachid au moment où j'en sortais.
Je suis enfin parvenu à avoir une copie du film interdit. C'est Habib, un ancien camarade de lycée devenu mon voisin, qui me l'a offerte. Il dit que c'est un document « historique ». Cela fait près d'une demi-heure que je regarde et je ne reconnais pas une seule séquence, ni le moindre personnage parmi ceux dont on m'a parlé jusque-là. Et les scènes torrides ! Où sont-elles passées ? Attendons-voir ! Une heure, et toujours rien ! C'est quoi cet étrange « film d'amour » que Habib m'a passé… Ah ! Je comprends, maintenant !... Il continue son manège politique, ce salaud… Il a toujours cherché à me nuire… Ce raté est jaloux de ma réussite. C'est ma perte qu'il veut, avec son « document historique » ! « Historique », mon œil, oui !... Si je veux, je le dénonce tout de suite à la police ! Ça ne lui suffit pas de m'envoyer régulièrement des mails sur les activités de son parti. Maintenant qu'ils ont échoué aux élections, ils veulent tout bousiller…Tu auras de mes nouvelles, Habib ! Et tout de suite !... « Allo, ah c'est toi Dalel. Tu peux me passer Habib, s'il te plaît ?…D'accord !... Te voilà toi ! C'est quoi ce film que tu m'as filé…Tu me prends pour un imbécile ou quoi !...Ecoute, je te connais assez pour m'attendre à tout de ta part…mais cette fois, c'en est trop. Pour de bon, tu as joué avec le feu…Sache que je peux te faire mal, moi aussi !...Oui, c'est ça, continue à faire l'intelligent…Ton film, il parle d'une drôle d'histoire d'amour ! Nabab et Niqab ! C'est ça ton couple mythique ?... »
A l'autre bout du fil, j'entends Habib ricaner. Il attend que je me calme, puis il réplique froidement : « Oui, mon cher Moncef, c'est l'idylle du moment ! »


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