Dans le domaine de la gestion efficace des ressources hydrauliques, la Tunisie est considérée comme un modèle à suivre, au double plan régional et international, et ce d'après une étude réalisée dernièrement par la Banque Mondiale. La classification distinguée de la Tunisie reflète les traditions ancestrales du pays dans le domaine de la gestion des eaux, partant des aqueducs romains en passant par Ibn Chabbat, il y a sept siècles, avec son fameux plan de partage des eaux dans les oasis du Jerid, jusqu'aux récentes politiques instituées par le pays en matière des ressources hydrauliques. A cet effet, la Tunisie a accordé une attention particulière à la préservation des ressources hydrauliques et naturelles, en vue de garantir le droit des futures générations à l'eau et de faire face aux changements climatiques. Ainsi, la Tunisie est parvenue à mobiliser jusqu'à ce jour environ 88% des ressources hydrauliques, contre 60% en 1990. Dans le même contexte, le volume des ressources en eau, en Tunisie, ne dépasse pas les 4,8 milliards m3 par an, dont 610 millions m3 peu renouvelables, 1,5 million m3 renouvelables chaque année à partir des nappes souterraines et 2,1 milliards m3 qui ruissellent chaque année au niveau des oueds. D'autre part, la répartition géographique des différentes sources d'eau indique que 81% de ces eaux sont disponibles au Nord, 11% au Centre et 8% au Sud du pays. Ces résultats sont le fruit de l'ensemble des chantiers mis en route par le pays en la matière. L'exemple de la stratégie de mobilisation, qui couvre la période 1990-2000, a permis la mise en place d'un réseau cohérent d'ouvrages hydrauliques. Cette stratégie a été renforcée par une deuxième couvrant la période 2001-2011, qui concerne la création de 29 grands barrages, 223 barrages collinaires, 825 lacs collinaires, la réalisation d'un ensemble d'ouvrages pour l'épandage des eaux, l'alimentation des nappes souterraines et le forage de puits d'exploration. Il s'agit, de même, de raccorder les barrages entre eux, en vue d'assurer un meilleur transfert des eaux, de répondre aux besoins des régions qui accusent un déficit hydraulique et d'améliorer la qualité des eaux Par ailleurs, cette infrastructure de base a permis à la Tunisie de répondre à la demande en eau des grandes zones urbaines du pays, notamment, au cours des périodes de sécheresse et de poursuivre la concrétisation du programme national de dessalement des eaux, ainsi que la stratégie nationale d'économie des eaux d'irrigation. D'autre part, la Tunisie est parvenue à réaliser un équilibre entre l'offre et la demande, moyennant la mobilisation des eaux tant profondes que de surface, et a pu approvisionner régulièrement en eau potable toutes les zones urbaines, les agglomérations rurales et les quartiers populaires au cours des périodes de sécheresse. En effet, la Tunisie a préservé l'équilibre régional aux plans de la planification, de la gestion et de la distribution des eaux pour tout le territoire de la République. Le taux d'approvisionnement en eau potable est de l'ordre de 100% en milieu urbain et s'élève à 90% en milieu rural. Près de 420 mille hectares de périmètres irrigués ont ainsi été approvisionnés en eau d'irrigation à travers la mise en place d'un système d'irrigation disposant en grande partie d'équipements d'économie d'eau, contre 450 mille hectares programmés. La Tunisie a, également, veillé à exploiter les nouvelles technologies et à promouvoir la recherche scientifique afin de maîtriser les ressources hydrauliques non conventionnelles comme les eaux traitées pouvant être utilisées dans plusieurs secteurs industriels, touristiques et agricoles, ainsi que pour l'alimentation de la nappe phréatique. Notre pays dispose, de même, de 100 stations d'assainissement produisant 225 millions m3 par an d'eaux traitées dont 40 millions m3 sont consacrés à l'irrigation des périmètres irrigués. Il est à signaler que la superficie des périmètres irrigués par les eaux traitées est estimée actuellement à près de 8 mille hectares. En somme, l'ancrage de la culture d'économie d'eau, qui demeure tributaire macro-économique, constitue à l'heure actuelle un défi majeur que l'ensemble des communautés se doivent de relever eu égard à son importance géopolitique.