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Perspectives économiques en Afrique 2009
Publié dans L'expert le 14 - 07 - 2009

Jusqu'à maintenant, la crise financière internationale n'a pas eu d'impact sur le secteur financier tunisien. Les crédits au logement ne dépassent pas 10% du total des crédits (contre environ 87% aux Etats-Unis). De plus, les institutions financières tunisiennes disposent d'une très faible proportion d'actifs à l'étranger et n'utilisent pas les techniques à l'origine de la crise, à l'instar des produits de titrisation structurés.
Ainsi, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a réduit la part des placements auprès des banques internationales de 75%, avant la crise, à 39 pour cent du total des réserves, en novembre 2008, et la BCT a cessé de recourir aux marchés financiers internationaux jusqu'à fin 2009. Les ressources nécessaires au budget de l'Etat de 2009, soit 17,2 milliards de dinars (TND), seront exclusivement puisées sur le marché local et auprès des institutions financières internationales.

La crise devrait faire subir ses effets surtout sur le secteur réel, notamment le tourisme et le textile, frappés par la chute de la demande mondiale et surtout européenne, partenaire principale de la Tunisie. Cette situation a conduit à la création, en octobre 2008, d'une commission nationale du suivi de la conjoncture économique internationale et de ses retombées éventuelles sur l'économie nationale. La croissance du PIB réel devrait atteindre 5,1% en 2008 contre 6,3% enregistrés en 2007 grâce à l'augmentation des revenus du tourisme et à la hausse des prix des hydrocarbures et des phosphates. Mais, en raison de la crise financière internationale et des perspectives de ralentissement de l'activité économique en Europe, les estimations chuteront à 4,1% en 2009 et à 4,2 % en 2010.

Politique budgétaire
Le déficit budgétaire en pourcentage du PIB est estimé en 2008 à 3% et devrait continuer d'augmenter de 3,2% en 2009 et 3,3% en 2010, alors qu'il était de 2,8%t en 2007. En 2008, l'accroissement du déficit s'explique par la hausse, en raison des cours mondiaux élevés, des subventions aux biens de consommation de première nécessité et des carburants qui représentent environ 0,7% du PIB. La politique de subventions devrait se poursuivre en 2009, même si les prévisions des prix du pétrole sont à la baisse. Mais ce sont les dépenses de fonctionnement destinées à atténuer les effets de la crise qui devraient surtout peser dans le déficit budgétaire.
Certains produits, tels que le lait, ne sont plus subventionnés depuis début 2008. Les droits de douane et les taxes sur les importations de produits comme les pâtes ou l'huile végétale ont été réduits, voire supprimés. Dans la même ligne, l'année 2008 a connu deux nouvelles hausses du prix à la pompe des carburants qui ont augmenté de près de 21 % en moins de 30 mois, à la fois pour alléger la charge des subventions et encourager les économies d'énergie. Les prix des hydrocarbures ont été subventionnés à hauteur d'un milliard TND (552 millions EUR) en 2008, le budget de l'Etat ayant été établi sur la base du baril à 75 USD. Un programme d'économies d'énergie appliqué à tous les secteurs d'activité devrait permettre de réduire la consommation de 20 pour cent d'ici 2011.
La rationalisation des dépenses se révèle malaisée dans le contexte de crise et de chômage élevé. Ainsi, l'objectif visant à réduire la masse salariale de 12% à 10% du PIB, conformément aux recommandations des institutions de Bretton Woods, paraît difficile à atteindre en raison du niveau relativement élevé de l'inflation en 2008 et de l'objectif de création annuelle nette de 80 000 emplois.
Au total, les dépenses courantes représentaient 20,8% du PIB en 2008 contre 20,1% en 2007. Elles devraient se maintenir à un niveau élevé en 2009 (21%) en raison de l'aide octroyée à l'agriculture et des dépenses électorales. Le gouvernement ne souhaite pas réduire les dépenses courantes, indispensables, selon lui, à la stabilité sociale. Mais il a dû comprimer au fil des ans les dépenses en capital pour maintenir le déficit budgétaire dans une fourchette raisonnable.
S'agissant des recettes de l'Etat en pourcentage du PIB, elles reculent légèrement chaque année à cause des politiques de démantèlement tarifaire et de l'accord d'association avec l'UE qui entraînent la baisse des recettes douanières. De 23,9% du PIB en 2007, elles sont passées à 23,8% en 2008 et devraient baisser encore en 2009 puis en 2010 (23,2%). Pour compenser cette baisse, les autorités envisagent d'élargir la base d'imposition sur le revenu des entreprises tout en réduisant son taux, de simplifier la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de revoir les incitations fiscales accordées aux activités prioritaires et délocalisées.
L'utilisation partielle des recettes de privatisation pour le remboursement de certains emprunts a permis de réduire le ratio de la dette publique de 53,7% du PIB en 2006 à 45,1% en 2008. Ce taux est appelé à décroître en 2009 pour atteindre 44,7%. Malgré cette tendance, la dette publique reste relativement élevée par rapport à celle des autres pays émergents. Sa part exposée aux risques de taux de change et de refinancement s'est toutefois considérablement réduite ces dernières années grâce à une gestion efficace.

Politique monétaire
Le contrôle de l'inflation est la priorité des autorités monétaires qui s'orientent vers une politique de ciblage compatible avec la libéralisation progressive du compte de capital. Le taux d'inflation calculé sur la base de l'indice des prix à la consommation a augmenté entre 2007 et 2008 de 3,1% à 5%. Cette hausse s'explique par la récente augmentation des cours mondiaux des matières premières et du pétrole. Les pressions inflationnistes ont poussé la Banque Centrale à relever son taux de réserves obligatoires de 3,5 à 5% en novembre 2007 puis à 7,5% en avril 2008. Cependant, en janvier 2009, dans le contexte de la crise financière, la BCT a annoncé qu'elle baisserait son taux de réserves obligatoires afin de mettre à la disposition des banques des liquidités supplémentaires. Les taux d'intérêt sont constants depuis la-mi-2006, donc en diminution en termes réels. Le taux d'inflation devrait s'établir à 2,9% en 2009 et à 3,1% en 2010 avec la baisse des prix du pétrole et de certaines matières premières.
Les autorités monétaires ont cherché, jusqu'à la fin des années 90, à cibler le taux de change effectif réel (TCER). Cependant, depuis l'an 2000, la Banque Centrale a limité ses interventions sur le marché des changes, conformément à son objectif à moyen terme de passer à un taux de change flottant. Cette plus grande souplesse du régime des changes s'est traduite par une dépréciation tendancielle du TCER alimentée par des chocs négatifs persistants sur les termes de l'échange et par la plus grande ouverture de l'économie à la faveur de l'accord d'association avec l'UE. Cette dépréciation a renforcé la compétitivité des exportations. Les autorités considèrent que cette phase de flottement dirigé est une étape intermédiaire qui devrait déboucher sur un régime de change flottant et la convertibilité totale du dinar. En glissement annuel, entre décembre 2007 et décembre 2008, le dinar tunisien s'est déprécié de 3,6% par rapport à l'euro mais il s'est apprécié de près de 11% par rapport au dollar.

Position extérieure
Selon l'accord d'association entre la Tunisie et l'UE signé en 1995, les produits industriels circulent librement entre les deux rives de la Méditerranée depuis le 1er janvier 2008. Des négociations sur la libéralisation des services et de l'agriculture, en prélude à l'instauration du libre-échange total en 2010, sont en cours. De même, la Tunisie a manifesté son intérêt pour le projet de création de l'Union pour la Méditerranée (UPM) qui devrait entraîner de nouveaux engagements en matière de commerce extérieur et de recherche scientifique. La Tunisie a accédé au statut de «partenaire avancé» de l'UE en décembre 2008. Après l'absorption du choc de la concurrence asiatique, la Tunisie s'active à accélérer le rythme de l'intégration commerciale et financière entre les pays du Maghreb et à rechercher de nouveaux marchés en Afrique. Elle mise sur cette intégration pour drainer des investissements directs étrangers (IDE) créateurs d'emplois.
À cet égard, la Tunisie pourrait profiter davantage de l'accord de libre-échange d'Agadir, le premier associant des pays au sud de la Méditerranée (Egypte, Maroc, Jordanie, Turquie et Tunisie) et qui propose l'accès à un marché de 120 millions de consommateurs. Quant à l'Union du Maghreb arabe (UMA) qui regroupe l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, son processus d'intégration est en panne depuis 1994. Néanmoins, les Etats membres ont fixé à 2009 le démarrage de leur banque régionale dont la concrétisation est vivement recommandée par le Fonds monétaire international (FMI). Plusieurs accords de coopération ont été signés entre la Tunisie et la Libye. Depuis 2007, leurs monnaies respectives s'échangent librement, les restrictions à la circulation des biens et des personnes ont été levées et les dessertes aériennes ont augmenté.
Le tarif douanier moyen au titre de la nation la plus favorisée devrait être réduit de 25,3% en 2008 à 15% en 2011, et le nombre de taux du tarif devrait passer de 9 en 2008 à 7 en 2009. Les barrières non tarifaires, telles que les contrôles techniques, sont en train d'être répertoriées pour être rationalisées. Les procédures douanières ont été simplifiées par le nouveau code des douanes de 2008, et les normes et réglementations sont en cours d'harmonisation sur les standards européens.
En 2008, les exportations ont augmenté de 3,6% en volume. L'augmentation des importations de biens et services a été de 6,7%. En valeur, l'accroissement des importations (21,2%) s'explique par le renchérissement de la facture énergétique et des produits alimentaires de base. Les exportations ont bénéficié des prix élevés des hydrocarbures et des phosphates, principaux produits d'exportation tunisiens. Les échanges de marchandises se font principalement avec l'UE, qui absorbe près de 80% des exportations tunisiennes, et avec les pays de l'UMA (7,7% des exportations). Le solde commercial avec les pays d'Asie non arabes (Chine, Inde, Japon, Indonésie, Hong-Kong) est de plus en plus déficitaire. Les importations chinoises sont en forte augmentation, notamment les appareils mécaniques et électriques. Au total, le déficit commercial représente 8,4% du PIB en 2008 mais devrait diminuer en 2009 (7,6% du PIB) avec la baisse relative des prix des importations.
Dans la balance courante, les transferts de fonds des Tunisiens vivant à l'étranger représentent une part croissante. En 2007, les migrants tunisiens ont rapatrié des avoirs estimés à 2,21 milliards TND (1.22milliard EUR), dont 1.7 milliard sous forme de transferts monétaires. Ces fonds transférés ont plus que doublé en sept ans. Ils représentaient 5% du PIB en 2007 et 23% de l'épargne nationale. Plus de 85% des transferts proviennent d'Europe, essentiellement de France, où sont établis près de 600.000 Tunisiens. En raison de l'appréciation continue de l'euro face au dinar tunisien, ces fonds représentent la quatrième source de revenus en devises de la Tunisie. Outre les transferts d'argent, les expatriés tunisiens ont investi près de 386 millions TND ces 20 dernières années, principalement dans les services. Avec la crise économique en Europe, les transferts de fonds pourraient connaître un ralentissement. En 2008, l'investissement direct étranger (IDE) devrait atteindre 1.6 milliard USD, en hausse par rapport aux 1,5 milliard USD enregistrés en 2007. De grands projets sont en chantier ou à l'étude pour un montant de 30 milliards USD. Ces capitaux proviennent principalement des pays arabes du Golfe, notamment de groupes émiratis engagés dans des mégaprojets immobiliers et d'infrastructures.
Dès 2005, le processus de libéralisation progressive du compte capital a commencé selon un plan en trois étapes. Actuellement, les autorités préparent la troisième phase qui devrait aboutir à la libéralisation totale des capitaux monétaires et à une convertibilité totale de la monnaie. Elle nécessite, d'une part, la libéralisation des investissements de portefeuille à l'étranger par les résidents et des crédits consentis par des résidents à des non-résidents et, d'autre part, la robustesse du système financier et une solidité de la balance des paiements. Dans le meilleur des cas, début 2010 les Tunisiens pourraient déplacer librement leurs capitaux vers le reste du monde. La crise risque toutefois de retarder le processus en incitant les autorités à la prudence.
Le ratio de la dette a connu une baisse entre 2007 et 2008, passant de 54,9% à 51,8% du PIB, et devrait continuer à baisser pour atteindre 51,2% en 2009. L'analyse de soutenabilité ne montre aucun signe de fragilité. La Tunisie n'a jamais rééchelonné sa dette ou accumulé d'arriérés auprès d'institutions financières. Le service de la dette (en pourcentage des exportations) est passé de 13% en 2007 à 9,9% en 2008. En 2009, on s'attend, selon les projections, à un ratio de 13,4%. Ces fluctuations du ratio de la dette s'expliquent par les changements des parités des monnaies étrangères.
En somme, le rapport annuel des perspectives économiques en Afrique en 2009 mentionne bel et bien que la Tunisie est sur la bonne voie. Les politiques budgétaire et monétaire prudentes de la Tunisie lui ont permis d'assurer la stabilité macroéconomique et d'attirer la confiance des investisseurs étrangers depuis plusieurs années. Cette vision stratégique a permis à la Tunisie de bien réagir face à la crise financière et de parler des opportunités au lieu des répercussions et des effets néfastes de la crise.


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