L'économie mondiale s'est plongée depuis des mois dans une crise économique sans précédent. Malgré une mobilisation totale et coordonnée de tous les pays et de toutes les instances les plus influentes, on n'arrive pas encore à voir le bout du tunnel. Difficile de dire si les mesures prises par les Etats ont porté leurs fruits. Trop tôt pour le faire et même difficile de l'affirmer, car la crise à de multiples ramifications. Certains analystes confirment que la reprise sera perceptible à partir du deuxième semestre 2010, d'autres sont pour une crise longue et qui durera plus de 4 ans, en se basant sur l'historique des crises de l'économie mondiale. La situation actuelle est très compliquée et on joue surtout sur la psychologie. En effet, les dirigeants et institutions veulent faire reprendre la confiance des investisseurs dans l'économie mondiale, et pour cela ils interprètent les moindres avancées comme des signes de reprises. Illusion ou réalité, la vérité est ailleurs.
Les prévisions du FMI : plutôt optimiste : Les prévisions du Fonds Monétaire International sont très optimistes pour les prochains mois. En effet, selon cet organisme, l'économie mondiale est bien partie pour une reprise au début de 2010 mais certains pays auront peut-être besoin de nouvelles mesures de relance pour sortir de la crise, Selon le directeur général, le français Dominique Strauss-Kahn « Nous ne sommes pas sortis de la crise mais nous sommes sur la bonne voie pour en sortir. Nous avons des prévisions qui disent que la reprise interviendra au premier semestre 2010 mais cela ne veut pas dire que tout ce qui devait être fait l'a été ». Après de multiples révisions des prévisions économiques pour l'année actuelle et l'année prochaine, le FMI a estimé la croissance mondiale en 2010 à 2,5%, contre 1,9% projeté en avril. Selon les dernières déclarations d'un chef économiste du Fonds monétaire international « la reprise a commencé". Selon cet économiste "Les prévisions annoncent désormais que la croissance sera positive, y compris dans les économies avancées, au cours des prochains trimestres. Mais deux freins s'y opposent : la croissance ne sera pas assez forte pour réduire le chômage qui n'atteindra son maximum qu'au cours de l'année prochaine." "Ces prévisions de croissance reposent sur la combinaison d'une relance budgétaire et d'un restockage des entreprises, plutôt que sur une forte consommation privée et des dépenses en investissement fixe. Tôt ou tard, la stimulation budgétaire devra s'arrêter progressivement et le restockage s'achèvera." Selon le FMI, la dépense publique doit céder la place à la demande privée, car son gonflement fera passer le ratio d'endettement des pays du G20 à plus de 100 % de leur produit intérieur brut. D'autre part, il faut encourager la renaissance actuelle de l'épargne aux Etats-Unis (5 % aujourd'hui contre 0 % en 2007) - elle implique un recul de la consommation des ménages américains (3 points de moins pour le ratio consommation/PIB) - afin d'augmenter leurs exportations. Le chef économiste du FMI précise aussi qu"une dépréciation du dollar pourrait s'installer, mais de façon incontrôlée, et déboucher sur une nouvelle phase d'instabilité et de grande incertitude qui pourrait à son tour faire avorter la reprise."
Europe et zone euro : La semaine dernière était porteuse d'heureux évènements pour l'économie mondiale et même pour l'économie tunisienne qui est en étroite relation économique avec l'Europe, avec l'annonce d'un regain de croissance en France et en Allemagne. En effet, ces deux pays affichent pour la première fois depuis des mois une croissance de 0,3 % chacune. Cette annonce confirme l'espoir d'une sortie plus rapide de la crise dans la zone euro. Selon les derniers chiffres d'eurostat, cette zone n'arrive pas à décrocher depuis des mois, enregistrant une récession modérée de -0.1% au cours du précédent trimestre. Pour l'ensemble de la zone euro en revanche, l'économie s'est encore contractée - pour le cinquième trimestre consécutif - de 0,1 %, d'après une première estimation de l'Office européen des statistiques Eurostat. Selon l'Office européen des statistiques les principales économies européennes enregistrent une contraction relative de leurs économies. En effet, le PIB a encore reculé au deuxième trimestre de 0,9 % aux Pays-Bas, de 0,5 % en Italie, de 0,4 % en Belgique et en Autriche. Hors zone euro, la Grande-Bretagne a accusé une baisse de 0,8 %, l'Estonie de 3,7 %, la Roumanie de 1,2 %, la Hongrie de 2,1 %. Sur l'ensemble de l'union européenne on enregistre une contraction économique de 0,3 %. Tous ces chiffres, même s'ils sont négatifs, ils ne sont pas loin des valeurs positives et sont nettement mieux que les prévisions de début d'année. Selon les analystes il ne faut pas crier victoire. La prudence doit rester de mise. Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a récemment rappelé « que si le pire était passé pour l'économie mondiale, il était encore trop tôt pour parler de reprise. » Ce qui oblige à avoir cette attitude est que cet espoir de reprise est le fruit de fonds publics qui ont été injectés dans l'économie de ces pays, c'est-à-dire une croissance dopée et qui aura des conséquences énormes sur les finances publiques.
Une reprise dopée : Les déficits publics représentent une stimulation artificielle de la croissance économique. Selon des chiffres publiés récemment par le journal le Figaro, les déficits publics des principales économies européennes ont dépassé tous les records. • ESPAGNE : Sur les premiers mois de l'année, l'écart entre les recettes et les dépenses du gouvernement de José Luis Zapatero atteint 38,6 milliards d'euros (soit 3,64 % du PIB) alors qu'il était de 4,6 milliards l'année dernière à la fin du premier semestre. Soit une multiplication par plus de huit en un an. Le premier ministre espagnol chiffre dorénavant à 9,5 % du PIB le niveau du déficit des comptes publics à la fin de l'année.
• ITALIE : Le déficit public a grimpé à 9,3 % du PIB au premier trimestre 2009, contre 5,7 % un an plus tôt à la même époque. Soit une progression de plus de 60 % en un an. • GRANDE-BRETAGNE : Le déficit mensuel public s'est élevé en juin à 22 milliards d'euros, soit 9 de plus qu'il y a un an. Le déficit public pour l'exercice fiscal 2009-2010 (d'avril à mars), va représenter 12,4 % du PIB anglais. • ALLEMAGNE : Le déficit de l'Etat fédéral pourrait atteindre le niveau record de 47,6 milliards d'euros, soit près du triple de celui enregistré fin 2008 et 30 % supérieur à celui escompté il y a quelques mois. Quant au déficit public, il devrait cette année atteindre 4,4 % du PIB et dépasser 6 % en 2010.
Certains signes d'espoir au niveau de l'économie mondiale : Il existe plusieurs indicateurs qui ont été publiés récemment et qui laissent entrevoir un peu d'espoir quant à une possible reprise économique plus rapide que prévu. En effet : - Aux Etats-Unis, l'indice ISM des directeurs d'achat dans l'industrie est au plus haut depuis un an et le taux de chômage a légèrement reculé, à 9,4 %. - En Grande-Bretagne, les prix de l'immobilier ont grimpé de 4,50 % depuis leur point bas de février. - En Allemagne, les exportations ont rebondi de 7% - En juin, la production manufacturière française a augmenté de 0,4 % par rapport à mai, - Les exportations de voitures françaises ont crû de 4,8 % au deuxième trimestre ce qui peut avoir un impact positif sur le secteur des IME en Tunisie, qui exporte essentiellement pour l'industrie automobile française, - La consommation des ménages français est en augmentation de 0,7 %, ce qui laisse espérer une possible reprise de nos exportations vers ce marché qui accapare plus de 30% de nos exportations. La reprise de la demande interne en France est un signe positif pour notre économie. - Les exportations françaises commencent à se stabiliser au deuxième trimestre. - En Corée du Sud, le PIB a crû de 2,4 % au deuxième trimestre, par rapport au premier trimestre, - En Chine on enregistre un rythme de croissance de 7,9 %, Il est possible d'espérer une reprise de la croissance économique mondiale, à travers une lecture simple de ces chiffres et qui permettent d'introduire un peu de confiance dans l'esprit des opérateurs économiques. Mais ces indicateurs sont à relativiser avec d'autres indicateurs qui sont en nette régression tels que la baisse attendue du commerce mondial en 2009. Il faut rappeler que le fort taux d'intégration de l'économie tunisienne dans l'économie mondiale et son degré d'ouverture nous laisse très sensible aux grands développements de l'économie mondiale. Il faut suivre les signes positifs qui viennent des différentes économies partenaires pour pouvoir orienter notre stratégie économique.