Le PIB a cru de 4.5% au premier trimestre 2010, selon des chiffres officiels de l'Institut national des Statistiques publiés Samedi dernier. Une performance importante qui confirme la solidité de notre économie ainsi que sa résistance aux chocs externes. Cette performance est d'autant plus importante, qu'au moment ou plusieurs pays développés peinent à retrouver une croissance soutenue, et où la zone euro est en pleine turbulence. La principale conclusion à tirer des détails de la croissance du PIB, est que, encore une fois la croissance est tirée par les industries manufacturières et les services marchands. L'industrie manufacturière et les services tirent la croissance : En 2009, le PIB de la Tunisie a cru de 3.1%, avec une nette accélération au 4ème trimestre, et contre des prévisions de plus de 6%. Au premier trimestre de cette année, la croissance est de 4.5% par rapport au premier trimestre 2009. En comparaison avec le 4ème trimestre 2009, le PIB enregistre une légère baisse de -0.7%. En chiffres concrets, la somme des valeurs ajoutées par les différents secteurs de l'économie tunisienne, a atteint 6576MD. Le premier constat qui se dégage de la lecture des chiffres de la croissance, est la baisse considérable de la contribution du secteur de l'agriculture et de la pêche, au PIB. En effet, en comparaison avec la même période de 2009, la contribution du secteur chute de -5.5%, et de -5.4% par rapport au 4ème trimestre 2009. Le secteur a souffert de conditions climatiques difficiles, et d'un niveau de production faible. Une situation de plus en plus alarmante, surtout que la production céréalière pour cette année s'annonce déjà médiocre, et que les perspectives de la production d'huile d'olive ne sont pas très prometteuse. Du côté de la pêche, la production nationale n'arrive pas à décoller, avec des quantités ne dépassant pas les 100 milles tonnes par an, et qui accusent une légère baisse d'une année à autre. Le deuxième constat est que la croissance en Tunisie, est tirée par les secteurs des industries manufacturières et des services marchands. Les deux enregistrent respectivement une croissance positive de 7.8% et 6.4%. Au niveau des industries manufacturières, « la palme d'or » est attribuée avec brio au secteur des industries mécaniques et électriques avec une croissance de 23.2%. Le secteur vit son age d'or en Tunisie, avec des investissements importants, et une production en croissance continue. Les exportations du secteur ont augmenté de 39% au cours des 6 premiers mois de l'année. La contribution du secteur dans le PIB atteint désormais plus de 15%. Les industries chimiques enregistrent une croissance de 20.5%, alors que l'industrie des textiles, habillement et cuir, accuse une baisse de -1.5%. Quant aux services marchands, ils ont représenté plus de 45.5% du PIB et ont augmenté de 6.4%, contre une baisse de -3.3% en comparaison avec le 4ème trimestre 2009. Les transports et télécommunications affichent la plus grande progression avec une croissance de 11.2%. Ces deux secteurs ont connu une évolution importante au cours des dernières années, suite aux réformes importantes introduites, et les investissements locaux ou étrangers qui ont été enregistrés. Dernier en date celui d'Orange Tunisie, titulaire de la troisième licence GSM en Tunisie. Produit Intérieur Brut trimestriel par secteur d'activité aux prix constant de 1990 1er trimestre 2010
Unité : Millions de dinars
Indicateur Données de la Période de référence Données de la Période précédente Variation (en %) par rapport à la période précédente la même période de l'année précédente AGRICULTURE ET PECHE 663.3 700.9 -5.4 -5.5 INDUSTRIES MANUFACTURIERES 1 026.7 1 015.8 1.1 7.8 ...Industries agricoles et alimentaires 200.9 194.2 3.5 1.6 ...Industries des mat. construct. et verre 115.9 111.3 4.1 7.4 ...Industries mécaniques et électriques 248.6 214.0 16.2 23.2 ...Industries chimiques 96.0 88.2 8.8 20.5 ...Industries textiles, habillement et cuir 210.1 252.4 -16.8 -1.5 ...Industries diverses 155.2 155.7 -0.3 2.0 MINES 32.7 31.4 4.1 0.3 ENERGIE 330.1 328.9 0.4 -0.3 BATIMENT ET GENIE CIVIL 311.3 296.3 5.1 3.3 SERVICES MARCHANDS 2 996.9 3 100.6 -3.3 6.4 ...Transports et télécommunications 1 086.7 1 171.6 -7.2 11.2 ...Hôtels, cafés, restaurants 287.1 304.8 -5.8 3.1 ...Autres services marchands 1 623.1 1 624.2 -0.1 4.0 ...Consommation intermédiaire non ventillée en services financiers -317.8 -406.1 -21.7 0.6 ACTIVITES MARCHANDES 5 043.0 5 067.9 -0.5 4.6 ACTIVITES NON MARCHANDES 849.7 856.5 -0.8 4.7 VALEURS AJOUTEE (aux côut de facteur) 5 892.9 5 924.4 -0.5 4.6 ...Impôts indirects nets de subventions 683.5 696.7 -1.9 3.0 P.I.B ( aux prix du marché) 6 576.4 6 621.1 -0.7 4.5
Source : Institut National de la Statistique (INS)
Benchmarking de la croissance en Tunisie : Les instances internationales étaient unanimes sur la capacité de la Tunisie à faire face à la crise et à enregistrer des performances économiques importantes. Dernière affirmation en date est venue de la part du Fonds Monétaire Internationale qui vient d'affirmer lors des conclusions des consultations, que « malgré un contexte international difficile, la Tunisie a enregistré une bonne performance économique en 2009. Bien que la crise internationale ait affecté négativement les exportations, le taux de croissance du PIB réel a dépassé 3 pourcent en 2009 et il a été accompagné par une nouvelle amélioration des indicateurs de solidité financière. Grâce au programme de reformes entreprises au cours des dernières années ainsi qu'à l'adoption de politiques macroéconomiques prudentes, les autorités ont été en mesure d'atténuer l'impact de la crise avec des politiques d'appui judicieuses. » Les perspectives de croissance pour cette année tablent sur 4.5%, dépassant le résultat enregistré l'année dernière (3.1%), et des objectifs de croissance de 5.5% durant le 12ème plan (2010-2014). Le Maroc fait légèrement, mieux que la Tunisie avec une croissance de 4.6% au cours du premier trimestre 2010. Selon le Haut Commissariat au Plan marocain « Les mines, le BTP et les services figurent parmi les secteurs les plus dynamiques. Par contre le secteur industriel peine à retrouver sa croissance tendancielle. ». Contrairement à la Tunisie, le secteur des télécommunications, voit sa valeur ajoutée baisser au premier trimestre 2010 avec une croissance ne dépassant pas les 0,2% environ, en variation trimestrielle. De son côté le PIB turque enregistre une croissance de 11.7% au premier trimestre de 2010. « La Turquie devient après la Chine qui a enregistré une croissance de 11,9% au premier trimestre, le deuxième Etat des pays riches et émergents du Groupe des Vingt (G20), à afficher une telle santé économique». La Turquie a commencé à sortir de la récession fin 2009 avec une croissance positive de 6% au quatrième trimestre, tout en enregistrant un recul de 4,7% pour l'ensemble de l'année 2009. La Jordanie vient d'enregistrer une croissance de son PIB de 3.5% au cours du 1er trimestre 2010. La Jordanie a enregistré une croissance de seulement 2.3% en 2009 contre 7.8% en 2008. Selon les prévisions du gouvernement jordanien, la croissance économique serait de 4% au cours de l'année en cours. Du côté de nos amis français, ils n'ont enregistré qu'une légère croissance au cours du 1er trimestre ne dépassant pas les 0.1%. Selon l'INSEE (Institut Français des statistiques), et après une récession historique (-2,5% en 2009), la croissance en France resterait sur l'ensemble de 2010 "limitée" à 1,4%, une performance moindre que l'Allemagne mais légèrement supérieure à la moyenne de la zone euro.
La croissance du PIB au cours du 1er trimestre 2010, concorde avec les prévisions des perspectives économiques africaines qui dotent la Tunisie d'une croissance de 4% en 2010 et de 4.5% en 2011. Les prévisions du FMI publiées au mois de Juillet dernier dotent la Tunisie d'une croissance de 3.8% au cours de cette année, contre des prévisions de croissance de 4% au mois d'Avril dernier, soit une révision à la baisse. Source : FMI
Les dernières perspectives de la Banque Mondiale du mois de Juin dernier, prévoient une croissance lente mais sûre, atteignant 4% en 2010, 5% en 2011 et 5,5% en 2012.
Les résultats du premier trimestre 2010, confirment que notre pays est sur la bonne voie de sortie de crise, avec des perspectives optimistes pour la prochaine période. L'essentiel c'est de maintenir le train des réformes, continuer à veiller sur le déroulement de la crise économique à l'échelle internationale et principalement chez nos principaux partenaires commerciaux. Le deuxième trimestre de cette année sera nettement marqué par la crise de la zone euro et la montée du déficit commercial, mais aussi par une performance des exportations tunisiennes au cours du premier semestre.