La migration libère souvent les femmes et génère des gains importants en termes de revenus, de niveau d'autonomisation et d'éducation. Mais pour de trop nombreuses femmes, la migration présente également des risques d'exploitation et des conditions difficiles, selon le Rapport Mondial sur le développement humain paru récemment. Les femmes représentent presque la moitié des migrants, une proportion qui a peu évolué au cours des 20 dernières années. Cependant, comme le souligne le Rapport, derrière cette relative égalité entre hommes et femmes se cachent en réalité de grandes disparités dans les gains et les coûts de la mobilité pour les femmes.
En effet, dans la plupart des pays en développement, le taux de migration des travailleurs qualifiés est substantiellement plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Les femmes titulaires d'un diplôme de troisième cycle ont 40% plus de chances que les hommes d'émigrer vers des pays développés. Elles sont généralement issues d'un grand nombre de pays, dont l'Afghanistan, le Ghana, le Guatemala, le Malawi, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Togo, l'Ouganda ou la Zambie. Pour les femmes migrantes avec un bagage professionnel plus faible issues des pays en développement, les opportunités sur le marché du travail tendent à se concentrer sur des activités de soin, des travaux domestiques et dans le secteur informel. Deux écueils peuvent se dresser sur leur chemin : les emplois à bas salaires avec peu d'avantages et des opportunités professionnelles limitées qui renforcent leur condition sociale défavorisée. Malgré cette situation, elles envoient fréquemment une plus grande proportion de leurs revenus à leurs familles que les hommes. Pour les femmes qui migrent à l'intérieur de leur pays, l'autonomie est au rendez-vous lorsqu'elles quittent le milieu rural pour un milieu urbain, même si elles doivent laisser leurs familles et leurs amis. En acceptant un travail rémunéré en dehors de chez elle, elles accèdent à des possibilités et des opportunités plus larges.
Obstacles et barrières Néanmoins, les femmes doivent surmonter de nombreux obstacles liés à la migration et s'exposent à un certain nombre de dangers lorsqu'elles partent effectivement et coupent les amarres avec leur milieu. Par exemple, plus de 20 pays n'autorisent pas les femmes à déposer une demande de passeports seules, tandis que d'autres, comme le Maynmar, l'Arabie Saoudite et les Swaziland, restreignent les sorties des femmes. Lorsque les femmes parviennent finalement à émigrer, certains pays d'accueil les excluent des dispositifs légaux de protection des travailleurs.
Par exemple, si une femme célibataire migre dans les Etats du Conseil de Coopération du Golfe et tombe enceinte elle est expulsée. Selon une étude réalisée récemment dans les Etats arabes, les conditions de travail abusives souvent associées au travail domestique et au manque de mécanismes de réparation peuvent enfermer les migrantes dans un cercle vicieux de pauvreté et de vulnérabilité au VIH/ SIDA.
La même étude a révélé que de nombreux pays soumettent les migrants à un test de séropositivité et expulsent les personnes porteurs du VIH. Or les pays d'origines disposent rarement de programmes de réintégration des migrants forcés de rentrer chez eux en raison de leur séropositivité.
Les cas les plus atroces surviennent lorsque les promesses d'un travail bien rémunéré à l'étranger attirent les femmes dans les réseaux de trafic d'êtres humains. Les documents de voyage des victimes sont confisqués et celles-ci sont isolées, rendant toute fuite difficile. Elles peuvent finir en état de servitude pour dettes dans des pays dont la langue ou les barrières physiques et sociales les empêchent de demandeur de l'aide.
Avec leur statut de résidentes irrégulières, ces migrantes sont souvent peu enclines à se présenter aux autorités car elles risquent des sanctions juridiques ou des poursuites pénales.
L'élargissement à ces femmes des droits de protection qui sont déjà octroyés aux résidents et aux migrants légaux aidera à combattre et à punir de tels délits. Les lois contre le trafic d'êtres humains se sont multipliées ces dernières années et constituent une voie d'approche importante pour protéger les droits des migrants. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, on doit sensibiliser les femmes aux dangers du trafic d'êtres humains, leur donner les moyens de demander de l'aide et améliorer les opportunités économiques et leur statut dans leur région d'origine.