Le nouvel économiste dans sa livraison du 17/7/2008 a qualifié le système financier mondial d'un grand malade et estimé sa perte à 1000 milliards de dollars. Olivier Pastré, professeur d'Economie à Paris VIII et J.M. Sylvestre, journaliste et chroniqueur économique ont décrypté la crise dans un ouvrage de 275 pages intitulé « Le roman vrai de la crise financière ». L'expert synthétise sur ses colonnes le débat animé par le nouvel économiste auquel ont pris part les auteurs du livre. Cet ouvrage a ouvert le débat sur cette crise. L'un des auteurs (l'Economiste) considère, en effet, qu'il n'y a pas de débat en la matière ni en France, ni aux Etats-Unis et qu'aujourd'hui il faut tirer les enseignements d'une régulation qui n'a pas été mise en œuvre. LES REPONSABLES DE LA CRISE Au plan des responsabilités, l'un des auteurs ne désigne pas spécifiquement les agences de notation en dépit de leur implication. Tout le monde a sa part de responsabilité. Toutefois et de son point de vue, ces agences « vendent un bien public », elles doivent donc être publiques. La question conclut-il doit faire partie des 10 ou 15 débats qu'il faut ouvrir. De son côté, le journaliste reconnaît « que le métier aujourd'hui incite à la superficialité et à la légèreté ». Creuser, poursuit-il nécessite beaucoup d'effort. La matière économique en pâtit, ce qui explique, résume-t-il que « la France est un des pays où le peuple a une profonde méconnaissance des problèmes », les Français, selon lui, « ont peur de l'économie de marché parce qu'ils ignorent comment elle fonctionne ». Cette situation explique, pourquoi ils s'opposent à la mondialisation. Le journaliste et l'économiste forment une communion d'avis sur la gravité de la crise. Ils considèrent « qu'elle n'est pas finie, ni abyssale ». LA CRISE : IDENTIFICATION, PERCEPTION ET BILAN Pastré considère que, La crise des « subprimes », a été mal identifiée par ses confrères qui « ont rapidement mis en cause le système économique lui-même ». L'auteur estime que la crise actuelle n'a rien à voir avec celle de 1929. Il rappelle à cet effet que « nous sommes dans une économie mondiale en croissance avec des entreprises performantes ». Aujourd'hui, ajoute l'économiste, « il y a une espèce de schizophrénie entre un système financier en crise grave et un système industriel qui sort des résultats encore très bons ». Du côté du journaliste, il renvoie la crise à la mondialisation et à un système qui porte ses propres facteurs de dérèglement. Dans son diagnostic, il considère que la titrisation, si peu familière de l'opinion, est « une espèce de cancer américain qui a métastasé dans le monde entier par le biais des outils financiers ». Olivier Pastré reproche qu'on annonce 30% de baisse du prix de l'immobilier dans l'indifférence générale et J.M. Sylvestre, considère que « les chinois, vont se mettre à acheter des actifs occidentaux avec leurs masse de liquidité. Selon lui « l'Amérique est en solde : les usines, les meubles, les appartements, tout ». REMEDES PROPOSES Au plan des changements prioritaires Olivier Pastré est partisan de la réforme du système bancaire mondial. Il est également d'avis pour supprimer les normes IFRS. Pour J.M. Sylvestre, la solution réside dans la consolidation des contrôles internes des établissements financiers. En tout état de cause, les auteurs ont une large convergence d'avis au sujet du rôle joué par les banques Centrales. Ils considèrent que « dans l'opération de sauvetage qu'elles ont opérée à deux ou trois reprises, elles ont fait leur métier de préteur en dernier ressort ». Ils reprochent toutefois, le fait qu'on n'a pas « fait payer les dirigeants des établissements financiers et faire jouer leur responsabilité personnelle ».