Constructions anarchiques, sit-in et grèves et spéculation, autant de facteurs qui ont contribué à la pénurie et surtout la flambée des prix des ciments. Les explications divergent. Mais, elles demeurent floues et de temps-à-autre sans fondement. Mais, de toute façon on affirme que le pays devrait normalement être à l'abri d'une éventuelle pénurie de ciment. Car, la production est largement supérieure à la consommation locale. Le paradoxe ! Bien que l'offre dépasse largement la demande (différence de 700 000 tonnes) le marché local risque ainsi une éventuelle pénurie. Cette pénurie a été manifeste la semaine dernière à la région du Kef, malgré l'existence de la Cimenterie Om Eklil, dont la production annuelle est estimée à un million de tonnes. Raison pour laquelle la contrebande de ce produit foisonne dans cette région pour parer à cette pénurie. Prix inchangés Le ciment figure parmi les produits où le gouvernement n'encourage pas l'investissement et surtout l'exportation. Sur le marché local, les prix sont fixés par le gouvernement en négociation avec la profession. Ces prix sont récemment maintenus inchangés suite à la décision commune du Ministère de l'Industrie, celui du Commerce ainsi que la Chambre nationale de l'industrie du ciment. Une décision qui a été également accompagnée d'autres mesures concernant l'intensification du contrôle des circuits de distribution du ciment ainsi que la sensibilisation des grossistes, détaillants et transporteurs pour le respect des quotas d'approvisionnement relatifs à chaque région. Actuellement, le marché de la production du ciment est partagé entre 7 unités de production, dont deux unités étatiques (Les Ciments de Bizerte et les Ciments d'Oum ElKeli et quatre sociétés privatisées à l'instar des Société de Ciments de Gabès, Société les Ciments Artificiels Tunisiens, la société des Ciments de Jbel Oust et la société des Ciments d'Enfida et la cimenterie Société Tuniso-Andalouse du Ciment Blanc (SOTICIB), qui vient de commercialiser son produit à partir du samedi 14 avril. Filiale du groupe industriel espagnol "Cementos Molins", cette unité prévoit la production de 1,2 million de tonnes annuellement pour un coût de 465 millions de dinars. La capacité de production du secteur devrait par conséquent atteindre les 8,4 millions de tonnes d'ici la fin de cette année, contre 7,2 millions de tonnes actuellement. Cette production devrait normalement satisfaire à la demande locale annuelle évaluée à 6,5 millions de tonnes. Le reste pourrait être ainsi exporté à condition que les volumes exportés ne dépassent pas les 30% de la production. Ces chiffres, bien qu'ils semblent rassurants, ne reflètent pas la réalité. Le marché local demeure confronté à une forte spéculation et il n'est pas surtout à l'abri d'une éventuelle pénurie. Zied DABBAR
Une industrie énergivore ! Une cimenterie avec une capacité de production annuelle d'un million de tonnes de ciment nécessitent environ 80 000 tonnes équivalent pétrole (TEP), soit environ la consommation de 10 briqueteries. La capacité de production programmée peut couvrir la demande intérieure pour les prochaines années avec une marge d'exportation qui n'excèdera pas le seuil de 30% de la totalité de la production. En Tunisie, l'énergie représente environ 70% du coût du revient de ce produit. Raison pour laquelle, il demeure un produit dont l'exportation devrait être soumise à une autorisation. A rappeler que l'évolution des prix de vente sur le marché local sur la période 2002-2009 est de l'ordre de 5,6% pour des ventes évoluant annuellement à 2,3%. La marge d'un grossiste ne dépasse pas 2,500 dinars par tonne vendue.
Un secteur sursaturé ? Depuis l'année 2010, le ministère de l'Industrie indique qu'il a reçu 15 demandes de création de cimenteries. Ces demandes sont ainsi rejetées par le ministère de tutelle, pour la simple raison que le marché ne supporte pas l'entrée d'une nouvelle unité et surtout que la production locale qui avoisine annuellement les 7 millions de tonnes est suffisante pour satisfaire la demande. Selon les prévisions du ministère de l'Industrie et de la technologie, cette production devrait atteindre à l'horizon 2015 environ 12 millions de tonnes par an, ce qui rend le marché saturé. De l'autre coté, les mêmes chiffres du ministère indique que la demande de ciment à moyen et à long termes devrait augmenter de 4,5% par an avec un pic allant jusqu'à 7% en 2013-2014. Ce pic de consommation attendu est dû aux grands projets d'infrastructures et de construction immobilière prévus en Tunisie. La production locale sera ainsi suffisante pour répondre à une éventuelle demande.