La Tunisie aujourd'hui caracole en tête de la plupart des classements élaborés à l'échelle continentale africaine. Le dernier rapport Mckinsey publié sur l'Afrique intitulé « Les lions en mouvement : les progrès et les potentialités africaines », plaçant la Tunisie dans le peloton de tête des pays les plus avancés d'Afrique, authentifie toutes ces tendances. Un certain nombre d'actions envisageables ou à pérenniser tireraient plus sur tous les baromètres notre pays vers des sommets qui feraient emprunter résolument les chemins de l'émergence et être plus compétitifs au rang des pays développés à l'échelle internationale. Ce ne sont pour autant pas les moyens qui manquent, des ressources identiques utilisées plus stratégiquement pourraient nous vers des cimes plus glorieuses. Avec ce potentiel, loin des sentiers battus de la diplomatie, parle-t-on du pays du jasmin dans les chaumières africaines ? Parle-t-on de Tunis, Sfax, Sousse, Hammamet avec la même passion, le même désir, quand il s'agit de Paris, Marseille, Rome, Berlin, New York, Tokyo, Montréal ? en nous intéressant à quelques domaines qui nous paraissent encore pas suffisamment exploités, nous verrons que la Tunisie gagnerait à améliorer sa visibilité, à tous les niveaux sur le continent africain. 1-Le paysage médiatique Les chaînes tunisiennes couvrent-elles suffisamment l'Afrique ? Combien de pays reçoivent les chaines tunisiennes ? La Tunisie est-elle réellement connue en Afrique ? En 2009, le continent a atteint le milliard d'habitants. Longtemps laissé pour compte dans le paysage mondial, exploité de la pire des manières pendant des siècles avec notamment la traite des esclaves, notre continent peine à retrouver ses marques. Aujourd'hui, il pèse de plus en plus lourd démographiquement parlant. Alors que l'on se demande s'il arrivera à s'imposer et prendre sa place, à se faire respecter en tant que continent adulte, la Tunisie doit se faire plus voir. Le continent va continuer à prendre du poids, car sa population devrait doubler d'ici 2050 et passer à 2 milliards. De spots publicitaires sur la Tunisie seraient la bienvenue, de même que de séries télévisés tunisiennes diffusées par de chaînes nationales africaines, contribueraient à vendre le modèle tunisien. 2-Transport aérien La nature a doté notre pays d'une position géographique très enviable. Nous sommes arabes, maghrébins, méditerranéens, bénéficiant de plusieurs accords avec l'Europe, et, aussi et surtout africains. Notre position géostratégique nous donne la faveur d'être un véritable hub intercontinental. Le nouvel aéroport Enfidha, est l'aéroport le plus à la pointe en matière de technologie en Afrique, combien de lignes seront ouvertes vers le sud su Sahara ? Combien de lignes directes sont ouvertes de TunisCarthage vers les capitales africaines ? Notre compagnie nationale est-elle connue en Afrique ? L'on signale l'ouverture de deux lignes en décembre, en plus des quelques lignes existantes vers l'Afrique de l'Ouest. Qu'en-est-il du Centre de l'Afrique ? De l'Est ? Du Sud ? La banque Africaine de Développement a pour siège temporaire Tunis. Elle compte 53 Etats membres, africains. Quelles compagnies les fonctionnaires de cette institution internationale empruntent-ils pour leurs missions ? Leurs vacances? Et les fonctionnaires des Etats non régionaux ? 3-Le commerce extérieur Les produits made in Tunisia se trouvent de plus en plus sur le marché africain, la Tunisie est d'ailleurs aujourd'hui l'un des principaux fournisseurs d'Afrique Centrale en produits vivriers. Elle se fait également présente dans de domaines technologiques. Beaucoup restent encore à faire. Avec un système bancaire stable, crédible comme le nôtre, l'on gagnerait à envisager mettre en place ders lignes de crédits pour financer les exportations vers pays frères d'Afrique. De plus, les banques doivent accompagner les entreprises tunisiennes pour faciliter leur développement sur le continent, à l'instar de la banque d'habitat qui, de surcroit, gagnerait à étendre son réseau de correspondant et participer à la vente du label Tunisie. 4-L'enseignement supérieur privé Le pays draine chaque année de plus en plus d'étudiants africains. Grâce à des accords de partenariat, quelques uns bénéficient de bourses pour étudier dans des établissements étatiques. La quasi-totalité se retrouve dans l'enseignement supérieur privé. La qualité de la formation est-elle la même ? Quel est le niveau réel de l'étudiant issu d'une faculté privée ? Nous ne mettons pas en cause les enseignements dispensés par ces structures, certaines se distinguant même par la qualité de leur formation et enseignement. Seulement nous pensons qu'avec une rigueur généralisée sur ces temples intellectuels, en veillant à sa mise à niveau, serait un facteur déterminant pour assurer la qualité de la formation de ces futurs ambassadeurs de la Tunisie dans leur pays respectifs, qui contribuerait à faire du pays un pôle international du savoir. Certains étudiants subsahariens sont obligés de retourner dans leur pays afin de bénéficier de stages académiques. Il serait louable que les entreprises tunisiennes prennent de plus en plus des stagiaires parmi ces étudiants, ce qui participerait à renforcer leur attachement à leur seconde patrie qu'est la Tunisie, terre d'accueil et de tolérance. 5-Socioculturel De même, multiplier encore plus les manifestations culturelles, mixtes, regroupant jeunes tunisiens et jeunes africains, les faire participer à des débats télévisés, pour qu'ils vivent leur Tunisie, organiser également des visites de jeunes tunisiens, de charters vers des destinations régionales africaines. Il s'agit bien de notre Afrique. Encourager alors toutes les actions culturelles, sociales et humanitaires pour rapprocher davantage nos peuples et par conséquent développer les échanges commerciaux et à travers aussi les réseaux sociaux. La jeunesse pourrait à ce titre servir de fer de lance. Cette jeunesse qui se célèbre cette année à travers l'année internationale de la jeunesse, est belle et bien une initiative tunisienne. Cette Tunisie pourra donc à juste titre se retrouver être le carrefour mondial des jeunes du 12 juillet 2010 au 11 août 2011, et en toile, une amélioration du système de visas, pour faciliter la circulation des personnes, qui pourra devenir à termes une action pérenne. Dans cet ordre d'idée, la facilitation de création de consulats honoraires participera à rendre la Tunisie plus proche, partout où besoin sera. En tant que pays en passe au développement, la Tunisie se doit d'imposer sa présence dans une Afrique qui se dote petit-à-petit de structures de classe internationale. L'Afrique doit se faire respecter sur la scène internationale, elle doit prendre son envol seule, avec ses propres moyens et ses propres idées. Les pays riches doivent la respecter et lui laisser le temps de se développer. Elle n'en sera que plus rentable pour le reste de la planète, et pas seulement en termes financiers. La Tunisie est et bien en Afrique, et devrait plus se tourner vers ces pays frères, non seulement pour une coopération sud-sud plus accrue, mais également une once d'efficacité et d'efficience dans sa stratégie de développement à l'échelle internationale. Ceci pourra passer à travers l'association d'amitié africaine, 3A, qui regroupera l'ensemble des pays africains, que l'on gagnerait à créer le plus tôt possible.