Et l'on ne peut préserver un tel socle sans une politique d'investissements massifs, ciblés sur des objectifs bien identifiés. Partant l'on ne peut mener une telle politique d'investissements (qu'ils soient privés, étatiques ou injectés par l'étranger dans le cadre des IDE) sans une stratégie de construction d'une infrastructure de base au niveau national mais aussi et surtout au niveau régional. Tout se tient et l'on ne saurait faire réussir ce modèle si l'un de ces maillons par aventure arrive à manquer. C'est là une formule simple que tout citoyen est capable de faire sienne et sur laquelle s'entendent tous les décideurs économiques. Longtemps, la politique d'investissement a été appliquée dans les gouvernorats qui ont pignon sur la mer. Et encore: souvent cela se limitait, au sein d'un même gouvernorat à un étroit cordon littoral d'une quinzaine de kms de largeur. Au-delà, c'est le désert des Tartares, c'est-à-dire une zone où l'on ne vit que d'une désespérante attente et de très minces espoirs.
Et pourtant, les investisseurs sont nombreux et fort argentés. L'Union européenne a marqué, dans cette optique, sa présence dans le secteur industriel, touristique et dans celui des services. Les pays du Golfe l'ont fait au niveau de l'immobilier, des télécommunications. Et bien que l'afflux des IDE ait baissé au cours de la révolution, ils restent néanmoins assez consistants. Ils peuvent même augmenter dans le cadre du transfert vers les régions les moins bien loties, ces régions qui posent actuellement problème et font débats. Même remarque pour les investissements tunisiens privés. Les hommes d'affaires bien cuirassés au plan des fonds sont nombreux. Et déjà quelques-uns parmi eux, mus tout à la fois par une solidarité citoyenne et par les perspectives légitimes, de gains substantiels – même si cela peut ne s'inscrire que dans le moyen et long terme – certains donc d'entre eux ont déjà mis une main à la pâte et l'autre à la poche et se sont lancés dans des petites et moyennes entreprises.
Un tel élan est à encourager par des facilités d'ordre fiscal, foncier, bancaire, et urbanistique, le tout en harmonie avec les normes environnementales. Et, sur ce dernier point, celui de l'environnement, un grand secteur tend ses bras aux investisseurs: le tourisme culturel qui permettra de mettre en valeur l'exploitation et la mise en valeur de toutes les spécificités culturelles, patrimoniales et naturelles de ces régions qui ont brillé, dans l'antiquité, d'un grand éclat civilisationnel.
Mais au-delà de ces alléchantes perspectives, il y a lieu de s'engager dans de grands projets d'infrastructure de base comme c'est le cas dans le cordon côtier du pays. Un développement routier et même autoroutier conséquent doit être envisagé. D'énormes investissements doivent être focalisés sur ce genre d'entreprises qui changeront le visage de ces régions, longtemps mises au ban du progrès. Mais tout cela reste tributaire d'une condition incontournable: l'instauration d'un ordre sécuritaire efficient sans lequel il serait illusoire d'entreprendre quoi que ce soit.