Au moment où l'économie tunisienne souffre le martyre Les partis politiques ont-ils de vrais programmes économiques? ● Les partis politiques tunisiens semblent plutôt occupés par la course au pouvoir, que par la nécessité de contribuer à l'œuvre publique ● Les investisseurs aiment entendre des programmes économiques et des propositions concrètes
Depuis le 14 Janvier, plus de 55 partis politiques ont vu le jour, et ils sont aujourd'hui 63 à avoir obtenu leur autorisation. Le chiffre pourra dépasser les 120 partis, selon les dossiers déposés. On se hasarde à dire que, d'ici quelques mois, chaque quartier aura son parti. Certains y voient un résultat normal surtout après plus de 55 ans de parti unique et de pensée unique, d'autres y voient une anarchie qui ne fait qu'introduire le flou dans la pensée du citoyen. Mais, loin des considérations politiques, un parti n'est pas créé seulement pour accéder au pouvoir, qui est sa raison d'être, mais aussi pour proposer et confectionner des programmes, politiques, sociaux, culturels et économiques qui répondent aux attentes des citoyens. Jusqu'à nos jours, aucun parti, toutes tendances confondues, ne semble présenter un programme bien ficelé. Au moment ou l'économie tunisienne souffre le martyre, les partis ne présentent pas de solutions économiques, ils se contentent seulement de nous dessiner le tableau des objectifs. Le rôle d'un parti politique Un parti politique, c'est l'association d'hommes et de femmes, autour d'une idéologie ou d'un projet, qui cherchent à réaliser des objectifs, à conquérir le pouvoir et à dynamiser la vie politique. Ces partis sont considérés comme les intermédiaires entre le peuple et le pouvoir à travers l'élaboration de programmes présentant des propositions qui, s'ils remportent les élections, seront reprises dans le projet du gouvernement. Donc, les partis politiques sont une mine d'idées, de projets et de stratégie afin d'améliorer la situation du pays. Ce sont là les éléments sur le plan théorique, qu'en est-il au niveau de la pratique? Les deux présidents qui ont gouverné le pays depuis son indépendance, n'ont pas permis la naissance d'une véritable culture de la pratique politique. C'était, soit le parti unique, soit le multipartisme de facette. Donc, après le 14 Janvier, on ne doit pas s'attendre à une pratique mûre et avancée de la politique en Tunisie, vu la situation par laquelle nous sommes passés. Le manque de traditions et d'expérience est l'un des éléments qui expliquent l'instabilité politique dans laquelle nous sommes, et qui a engendré des problèmes économiques pour le pays.
Des partis politiques qui n'ont pas de programmes économiques A quelques semaines des élections tant attendues par le citoyen, pour élire une assemblée constituante en pleine transparence, le Tunisien ne sait pas à quel saint se vouer, ni quelle "figure ou parti" choisir. Les partis politiques ne font pas beaucoup de communication, à l'exception de quelques meetings et conférences de presse, la majorité n'ayant pas les moyens financiers et humains pour travailler, à l'exception d'un seul parti qui se détache du lot qui est Ennahdha. En effet, les partis politiques ne semblent pas partir d'une idéologie bien définie et d'une orientation fixée. Certains se disent du centre, d'autres de droite, d'autres de gauche ou de l'extrême gauche, etc. Sur le plan des programmes économiques, aucun parti ne semble présenter une construction logique et solide pour aider l'économie tunisienne et à développer des idées qui permettent de déclencher une éventuelle reprise. Les raisons de cette situation sont multiples : - Plusieurs partis ont été faits dans la précipitation sans aucune idéologie ou appartenance politique. Certains sont même une simple association d'amis qui ont eu l'idée de créer un parti politique, vu la facilité d'en créer un, après la révolution du 14 Janvier, - Les partis politiques en Tunisie n'ont pas d'expériences dans l'exercice de la politique, - Plusieurs partis ne sont pas bien outillés pour développer des programmes économiques, - Les partis politiques n'ont pas les compétences nécessaires pour développer des programmes économiques, Quand on pose la question à un secrétaire général ou un président d'un parti politique, sur le programme ou la tendance économique dans laquelle ils adhèrent, des réponses classiques sautent à la bouche : nous voulons la reprise de la croissance, le développement équilibré dans les régions, l'emploi pour tous les chômeurs, l'amélioration du pouvoir d'achat, la baisse des prix, l'amélioration de l'infrastructure, etc. Ce sont des objectifs ou des intentions qui ne sont pas suivis de propositions, de programmes ou de mesures concrètes. Or, le citoyen a besoin d'une vision claire pour le rassurer et pour pouvoir gagner sa confiance. Les partis politiques tunisiens semblent plutôt occupés par la course au pouvoir, que par la nécessité de contribuer à l'œuvre publique. Cette absence, compréhensible soit-elle, ne doit pas durer longtemps, car le rendez-vous du 24 Juillet est très proche et l'électeur a besoin d'éléments de choix, sinon ce sera le choix au pif. Les investisseurs, de leur côté, aiment entendre des programmes économiques et des propositions concrètes pour être rassurés sur le futur de leurs affaires et la rentabilité de leurs projets. Ils veulent que le flou se dissipe et juger du sérieux des partis politiques qui vont décider du futur du pays. Il est important que les partis politiques cessent de s'accuser et de s'acharner sur un gouvernement « provisoire ou transitoire », qui cherche à terminer son mandat jusqu'au bout et de préparer des programmes économiques et politiques qui peuvent donner du crédit aux futures échéances électorales.