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« Que de partis ! Que de partis !... »
La chronique de dimanche


Par Sadok Belaid*
C'était en des termes assez proches qu'un vaillant Maréchal de France, appelé à exprimer sa sympathie pour des populations en détresse, a laissé éclater sa frayeur face au spectacle de désolation laissé par les inondations historiques de la Garonne…
Nous pourrions être saisis par le même sentiment de peur et de découragement devant la multiplication pathologique des créations de partis politiques ces tout derniers mois! Ils sont déjà plus de cinquante et ils seront le double ou plus dans peu de temps…
Ce phénomène peut certes s'expliquer par le fait que pendant trop longtemps, le pays a été privé du droit de s'exprimer librement, qu'il en a saisi la première occasion pour s'épancher sans retenue et pour manifester, dans une sorte de défoulement collectif, toute sa joie de pouvoir exercer sans frein ni entrave une liberté, pour lui si vitale, si naturelle, même s'il devait le faire d'une manière parfaitement gratuite et sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir un jour.
Que la Révolution du 14 janvier y prenne, cependant, bien garde‑: il est beaucoup plus difficile de maîtriser une force une fois libérée que de la tenir entravée‑! En sincère partisan des libertés fondamentales, nous pensons cependant qu'une liberté exercée sans discernement nuit et risque de conduire tout simplement à l'anarchie et qu'il serait bien triste que la Révolution, qui a si bien démarré le 14 janvier, connaisse une fin aussi décevante… Regardons-y de plus près‑:
1 - Le premier effet – et le plus indiscutable‑– de la multiplication effrénée des partis politiques est la dispersion des affiliations et des adhésions. Mais la conséquence la plus inévitable est que, contrairement à ce que peuvent espérer les fondateurs de ces nouveaux partis, leur multiplication actuelle n'empêchera nullement le renforcement des grands partis présents sur la scène politique. Plus les partis politiques sont nombreux, plus ils tendent à rester petits et, plus les grands partis tendront à devenir plus grands… Par leur prolifération même, les nouveaux partis sont en train de ramer à contre-courant de leur propre désir d'émerger sur la scène politique et de se faire une place au soleil…
2 - D'un autre côté, plus les partis politiques se feront nombreux, plus ils auront, par ce fait même, tendance à perdre de leur attractivité auprès de l'opinion publique et de l'électorat qu'ils veulent précisément conquérir. Le citoyen ou l'électeur va en effet se trouver face à un trop grand choix de partis au point qu'il risque d'y perdre son latin et, par la suite, perdre goût à la politique : créés pour conquérir le cœur des citoyens et des électeurs, les nouveaux partis politiques ne réussiront, par leur trop grand nombre, qu'à semer le trouble dans leurs esprits et, finalement, à les détourner de la politique, ce qui est l'opposé des objectifs que la Révolution veut précisément atteindre, i.‑e‑.‑faire de la poussière d'individus qui composent la nation, des citoyens dans le sens plénier du terme. Le risque de désintéressement de la politique pour cause de déception provoquée par les politiciens est déjà fort connu dans les démocraties traditionnelles et il vide la démocratie dans ces pays  d'une grande partie de son contenu : il se nomme l'abstentionnisme‑! Ce phénomène est en effet le sous-produit de la désaffection de la population pour la classe politique en général, et pour les partis politiques, plus particulièrement.
3 - Le risque pour les partis politiques de perdre une grande partie de leur crédibilité n'est pas seulement généré par leur prolifération même. Il sera encore provoqué par un vice plus profond‑: l'absence d'attractivité de ces partis politiques du fait de l'importance de l'indifférenciation de leurs programmes politiques. Un parti est un regroupement de personnes autour d'un programme politique, animé par une élite qui réussit à mobiliser la multitude autour de ces objectifs. C'est donc l'originalité de leurs programmes qui est le facteur le plus marquant dans la formation et le développement des partis politiques. Plus ces programmes sont originaux, plus les citoyens tendront à s'y identifier et à apporter leur adhésion à tel parti plutôt qu'à tel autre.
Or, en raison même des particularités de l'actuelle situation économique, sociale, culturelle et politique de notre pays, il y a lieu de douter qu'il puisse s'y trouver cinquante programmes politiques différents et correspondant aux exigences précitées au niveau des programmes politiques. Plutôt, ces programmes se caractérisent par une grande ressemblance entre leurs contenus respectifs. Ils tournent tous autour d'un très petit nombre de concepts et d'objectifs, la seule différence qui les sépare tenant souvent à la place qu'ils occupent dans ces programmes. C'est-à-dire très peu de choses… En raison de cette importante indifférenciation entre leurs programmes, les partis politiques tunisiens, qui ont profité de ce printemps de la Révolution pour pousser comme des champignons, se sont condamnés à une disparition ou du moins à une marginalisation qui sera aussi rapide qu'aura été leur naissance.
4 - La récente prolifération des partis politiques a déjà, aujourd'hui, montré qu'elle est capable d'exercer une influence négative sur la vie politique de notre pays en cette période cruciale par laquelle passe actuellement la Révolution. L'illustration de ce phénomène est fournie par l'observation du mauvais fonctionnement dont souffre actuellement la Haute Instance de réforme. Cette commission était, au départ, composée d'un nombre limité de personnalités connues pour leur expertise mais aussi pour leur indépendance politique, qualité qui l'a fait apprécier par un large secteur de l'opinion publique.
Or, du fait de l'étendue de la mission qu'elle s'est attribuée ou qu'elle s'est fait conférer – la question est ici relativement secondaire, cette commission a été très rapidement prise d'assaut par les partis politiques – anciens et nouveaux, ceux qui y sont déjà et ceux qui veulent en faire partie – qui y ont vu une arène très propice à leur action et à la construction d'une notoriété qui leur fait défaut. C'en est fait de la commission initiale : les experts ont été circonvenus par les politiciens. En effet, ces derniers n'ont pas hésité à perturber systématiquement les travaux de la commission, faisant fi des exigences de son agenda déjà très chargé et poussant leur président à brandir des menaces de démission. De même, ils n'ont eu aucune hésitation à s'employer à occuper par tous les moyens les devants de la scène médiatique et à engager par anticipation leurs campagnes électorales pour la Constituante. Mais le plus significatif dans ces développements, c'est le processus d'enchères et de surenchères dans lequel tous les partis, syndicats, et autres mouvements associatifs représentés dans cette commission ont engagé leurs manœuvres et ont donné la mesure de leurs ambitions et de leur capacité à freiner ses travaux, pour ne pas dire la conduire dans l'impasse.
Plus préoccupant encore : par le nombre et par la compétition effrénée dans laquelle ils se trouvent ainsi entraînés, les partis ont rapidement pris conscience de la puissance politique dont ils peuvent disposer au sein de la commission, et grâce à la commission. Profitant du vide institutionnel actuel, ils se sont fait les ténors de la Révolution, et ils se sont arrogé le droit de parler en son nom, alors que tout le monde sait que la Révolution s'est faite sans eux.. Ne sont-ils pas allés jusqu'à étaler des exigences multiples et pouvant aller jusqu'à transformer cette simple commission consultative en une sorte de Convention, de régime d'assemblée, qui leur donnerait autorité et pouvoir de contrôle?
5 - Ce tableau ne serait pas complet si l'on ne disait pas un mot du risque de voir ce qui se passe aujourd'hui au sein de la Haute Instance préfigurer en mal ce qui se passera demain au sein de l'Assemblée constituante et, ensuite, dans les futures assemblées législatives. Que l'on opte pour tel régime politique ou pour tel autre, il est fort à craindre que le système de partis mis en place à l'occasion de la Révolution et sous prétexte de mettre en œuvre les libertés qu'elle a instituées marque indélébilement et négativement le style politique de la future République, et mette en danger les acquis démocratiques de la Révolution. L'expérience l'a montré d'une manière définitive‑: l'effritement de la volonté politique entraîne l'impuissance du pouvoir et réduit les institutions à l'incapacité. L'inaction conduit à l'anarchie et l'anarchie à la dictature. Que l'on y prenne garde‑: la jeune démocratie tunisienne est peut-être en train de produire les ferments de sa future destruction. Si des mesures énergiques ne sont pas prises dès aujourd'hui – au niveau de la loi électorale, pour commencer‑– en vue de la maîtriser, la prolifération effrénée des partis politiques risque de nuire considérablement à la construction d'une réelle démocratie dans notre pays…


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