Les insurgés offrent une récompense d'1.7 million de dollars pour la tête du colonel Mouammar Kadhafi, mort ou vif, ou devrait-on plutôt dire "Dead or alive", tant l'idée rappelle la récompense de 25 millions de dollars offerte par les Etats-Unis en 2001 pour la capture d'Oussama Ben Laden. Les soupçons entachant la réputation du CNLT, "qui serait composée d'agents au service des intérêts occidentaux", ne risquent pas de disparaître avec une telle initiative, qualifiée à l'époque des attentats de "Nine-eleven" de souvenir de l'époque du far-west. Moustafa Abdeljalil, chef du CNLT, a déclaré que toute personne de l'entourage de l'ancien dictateur libyen qui le remettrait aux nouvelles autorités du pays se verrait amnistié en guise de récompense. Par ailleurs, le président de la République Française, Nicolas Sarkozy, a annoncé la tenue à Paris d'une conférence internationale pour aider la Libye libre, le 1er septembre prochain. Ce jour-là, la Jamahiriya aurait eu 42 ans s'il n'y avait pas eu d'insurrection populaire. L'Histoire a cette faculté à reproduire parfois les scenarii en remplaçant les acteurs historiques. Du 17 juillet au 2 août 1945, les vainqueurs de la seconde guerre mondiale (Etats-Unis, URSS, Royaume-Uni) s'étaient réunis dans la ville allemande de Potsdam pour décider du sort des perdants (IIIème Reich, Japon, Italie), entérinant notamment la division de l'ex-Allemagne nazie en 4 zones d'occupations. En 2011, le fantasme d'un découpage de la Libye en trois zones (Tripolitaine, Fezzan et Cyrenaïque) peut reprendre du poil de la bête avec une nouvelle réunion de vainqueurs appartenant à l'Alliance Atlantique. Aujourd'hui, en analysant les motifs des insurgés dans les trois pays nord-africains libérés de leurs dictateurs, on passe généralement sous silence la volonté de souveraineté des peuples face à l'Occident décidant de la politique de ces pays. Le Conseil National Libyen de Transition devra faire attention à ne pas passer vis-à-vis des Libyens pour une sous-commission d'application des directives de l'OTAN, au risque de perdre toute légitimité, et de plonger le pays dans la discorde par manque d'autorité(s).