C'est fait ! les appréhensions des économistes concernant la contamination de la sphère réelle par les déconvenues des finances internationales sont aujourd'hui vérifiées. L'année 2008 termine en effet ses jours sur fond de récession économique. Le chef économiste du Fonds Monétaire international, Olivier Blanchard, vient de qualifier la crise économique actuelle d'une crise de demande. «Nous sommes en présence d'une crise d'une amplitude exceptionnelle, dont la principale composante est un effondrement de la demande», avertit-il. Selon lui, «Il est impératif de juguler cette perte de confiance, de relancer (…) la demande privée, si l'on veut éviter que la récession ne se transforme en grande dépression».
La récession économique s'installe . Conformément aux anticipations des experts, le produit intérieur brut des Etats-Unis a reculé de 0,5% au troisième trimestre 2008 (en rythme annuel) par rapport au précédent. Les prévisions pour le quatrième trimestre sont encore plus mauvaises pour la croissance que le troisième en raison de la paralysie du crédit, du gel des marchés et des turbulences sur les marchés financiers. Aussi, les dépenses de consommation des ménages, qui assurent en temps normal près de 70% de la croissance de l'économie américaine ont-elles reculé. Les Américains étaient en effet, acculés à réduire drastiquement leurs dépenses au quotidien et à différer leurs gros achats, sous l'action conjuguée de la hausse du chômage et de la difficulté à l'accès au crédits. En France, après un mois d'octobre en baisse (-0,5%), la consommation des ménages s'est légèrement améliorée de 0,3% en novembre grâce à la baisse des prix. Cette résistance coïncide avec le reflux de l'inflation, tombée dans le sillage des prix du pétrole à 1,6% en novembre (après 2,7% en octobre), ce qui a contribué à redonner du pouvoir d'achat aux ménages. Malgré une consommation des ménages qui tient toujours, l'Insee « Institut français des statistiques » a pris acte de la récession en France et prévoit désormais une contraction du produit intérieur brut au 0,8% au quatrième trimestre, suivie de baisses de 0,4% et de 0,1% lors des deux trimestres suivants. Au Pays-Bas, la création de nouvelles richesses a été nulle au troisième trimestre par rapport au deuxième trimestre. Même climat de morosité au Danemark où l'augmentation du PIB s'est repliée de 0,4% sur la même période. Du coté de l'Espagne, le gouverneur de la Banque centrale de ce pays, a estimé qu'il est possible «d'entrer dans un cercle vicieux où les consommateurs ne consomment pas, les entreprises licencient et les banque ne prêtent pas. Cela nous mènerait à une plus grande dépression, ce qui n'est pas à écarter». Il a ajouté que le manque de confiance est total. Le marché interbancaire ne fonctionne pas et génère des cercles vicieux : les consommateurs ne consomment pas, les entrepreneurs n'embauchent pas, les investisseurs n'investissent pas, et les banques ne prêtent pas ». Une politique de relance. Face à cette situation, le Fonds monétaire international (FMI) appelle les Etats à relancer d'urgence la demande pour éviter une grave dépression comme celle des années 1930, alors que plusieurs indicateurs ont confirmé aujourd'hui l'installation de la récession dans de nombreux pays. Les dirigeants du Fonds ne cessent d'avertir depuis quelques mois que les plans de relance déjà mis en place par les grands pays industrialisés sont insuffisants par rapport à l'ampleur de la crise : les plans de relance prévus par les membres de l'Union européenne n'ont représenté que 1,4% environ du produit intérieur brut de la zone. «Pour le moment, une expansion budgétaire de 2% paraît suffisante. Mais si les circonstances l'exigent, il faut que les Etats soient prêts à faire plus, 3% ou plus si nécessaire», estime encore M. Blanchard. D'après lui, la relance doit intervenir par l'augmentation des dépenses publiques, via un programme de grands travaux de construction de ponts ou de rénovations d'écoles, plutôt que par la diminution des recettes publiques, à l'instar des réductions d'impôts que les ménages sont tentés de transformer en épargne de précaution. Voici encore une fois que l'on renoue avec la politique budgétaire d'inspiration keynésienne