L'association Aswat Nisaa (Voix de Femmes) a organisé, ce mercredi 14 mai 2024, une conférence régionale consacrée aux féminicides. À cette occasion, elle a présenté son deuxième rapport annuel sur les victimes de ce type de crimes en Tunisie pour l'année 2024. Des chiffres choquants : 26 crimes, 31 victimes Le rapport révèle l'enregistrement de 26 crimes ayant entraîné la mort de 31 femmes, certains de ces crimes ayant touché plus d'une victime. Ce document est le fruit d'un travail de terrain et d'analyse basé sur une approche multidimensionnelle, intégrant les aspects juridiques, sociaux et psychologiques dans le traitement de ce phénomène. Dans une déclaration à Tunisie Numérique, Ahmed Moqaddem, chercheur en droit pénal et criminologie, et responsable de la cellule de recherche au sein de l'association, a précisé que cette approche vise à mettre en lumière la complexité du phénomène et la nécessité de le traiter de manière globale. Un phénomène mondial qui nécessite une approche collective Moqaddem a souligné que les féminicides ne sont pas propres aux pays arabes, ce qui impose une démarche commune à l'échelle régionale et internationale. Il a évoqué à cet égard la participation de représentants de la Jordanie et du Maroc à la conférence, dans une optique de renforcement de la solidarité féminine et d'échange de perspectives. Le rapport met également en évidence l'extension géographique de ces crimes, passant de 11 gouvernorats touchés en 2023 à 16 en 2024, avec une hausse notable dans le Grand Tunis. Le rôle crucial des médias dans la reconnaissance des féminicides Le rapport aborde aussi la question de la couverture médiatique de ces affaires. Moqaddem a insisté sur l'importance de choisir les mots avec rigueur lorsqu'il s'agit de traiter des féminicides, en appelant à éviter les discours qui justifient ces crimes, notamment en les attribuant à des causes comme « l'infidélité conjugale », ce qui reflète une mentalité patriarcale inacceptable. Il a conclu en soulignant l'importance d'une formation académique et médiatique spécialisée, afin de reconnaître les féminicides comme des crimes à part entière, nécessitant un traitement juridique et social clair et ferme. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!