La capitale libyenne, Tripoli, a connu dans la nuit de mardi à mercredi un nouvel accès de tensions armées, marqué par des échanges de tirs sporadiques dans plusieurs quartiers, des évasions de prisonniers et des fermetures d'institutions scolaires, sur fond de lutte de pouvoir entre forces gouvernementales et unités sécuritaires rivales. Selon des sources locales, les forces affiliées au gouvernement d'union nationale cherchent actuellement à prendre le contrôle de centres de détention et de bâtiments administratifs dans le sud et le centre de Tripoli, en particulier face à la police judiciaire et à l'influent dispositif de dissuasion (Radaa). Lors des affrontements, un incendie s'est déclaré dans un bâtiment du service de lutte contre l'immigration clandestine, et des dizaines de détenus se sont échappés de la prison de Jedida, selon les autorités pénitentiaires libyennes. Trois municipalités ferment écoles et examens Face à l'intensification de la violence, trois municipalités de Tripoli ont décidé de suspendre les cours et les examens, invoquant un contexte sécuritaire incertain. Par ailleurs, les vols ont été redirigés de l'aéroport international de Maïtiqa, situé à l'est de la ville, vers celui de Misrata, à quelque 200 km à l'est. Les tensions ont éclaté il y a deux jours, avec des combats meurtriers ayant coûté la vie à plusieurs militaires. Parmi les victimes figure Abdel Ghani Al-Kikli, alias Gheniwa, chef du redouté Appareil de soutien à la stabilité, structure sécuritaire parallèle et très influente dans l'ouest libyen. Dans une déclaration solennelle, Mohamed El Menfi, président du Conseil présidentiel libyen, a appelé les factions à l'unité nationale, soulignant « la nécessité d'un projet commun pour éviter la dérive vers la violence et l'effondrement de l'ordre public ». Il a insisté sur la responsabilité collective dans la préservation de la paix sociale dans la capitale. L'ONU tire la sonnette d'alarme La Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) s'est dite vivement préoccupée par la recrudescence des violences dans les zones résidentielles de Tripoli pour la deuxième nuit consécutive. Dans un communiqué, elle a exhorté à « un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel dans toutes les zones habitées ». Elle a mis en garde contre une déstabilisation accrue non seulement de la capitale mais de l'ensemble du pays, si les affrontements se poursuivent. L'ONU a appelé toutes les parties au dialogue sans délai, dans un esprit constructif pour résoudre les différends de manière pacifique. Une capitale sous tension permanente Ce nouvel épisode souligne la fragilité du tissu sécuritaire de Tripoli, où plusieurs groupes armés cohabitent avec l'Etat central, souvent en concurrence. En l'absence de forces unifiées et d'un véritable accord politique global, la menace d'un retour au chaos reste élevée. Alors que la communauté internationale appelle à la désescalade, la priorité demeure, selon les observateurs, la protection des civils et la restauration d'un cadre de sécurité stable, conditions sine qua non à toute relance du processus politique. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!