Le Syndicat tunisien des pharmaciens privés, réuni le 24 mai 2025, a déclaré que « compte tenu de la détérioration continue de la situation professionnelle, des tentatives déguisées de prise de contrôle de l'expertise des pharmaciens dans la manipulation et la délivrance des médicaments, et de la baisse des moyens de subsistance des pharmaciens, de nombreuses pharmacies locales sont appauvries, et même certaines pharmacies dans les villes sont menacées de faillite et de fermeture », selon un communiqué publié à cet effet. Le syndicat affirme que « le secteur est épuisé par la fiscalité directe et est presque asphyxié par la fiscalité indirecte, compte tenu du doublement des dépenses, des coûts salariaux et des cotisations sociales, en plus des prélèvements récurrents ajoutés chaque année en vertu des lois de finances sans tenir compte de la situation du secteur. » Le syndicat a également souligné que le secteur est accablé par les dettes accumulées par la Caisse nationale d'assurance maladie et les institutions d'assurance privées et publiques, qui supportent seules le poids des violations répétées, en l'absence d'une vision claire de réforme. Le Syndicat a fermement condamné la vague sans précédent d'arrestations et de détentions dont le secteur a été témoin au cours de l'année écoulée, qui a touché plus de 60 pharmaciens en un seul mois, y compris ceux arrêtés, détenus et condamnés. Le syndicat a ajouté : « Ces pratiques représentent une atteinte flagrante à la dignité des professionnels, sèment la peur et la confusion au sein des pharmacies et menacent la continuité des services de santé dans tout le pays. » Le phénomène du trafic de drogue Le syndicat a appelé à intensifier les efforts pour lutter contre le phénomène de contrebande et de commerce parallèle de médicaments d'origine inconnue, qui est devenu une menace sérieuse pour la santé publique, ajoutant : « Fermer les yeux sur la vente de médicaments sur les marchés hebdomadaires, au bord de la route et même sur les réseaux sociaux, sans aucune surveillance ou intervention significative, est devenu la règle, et non l'exception. » Il a également affirmé son rejet du circulaire n° 17 de 2019, qui contrevient à la loi sur les impôts locaux et impose des frais municipaux aux pharmaciens sans aucune base légale, le considérant comme une forme de harcèlement administratif. Les municipalités concernées ont été appelées à respecter le processus judiciaire et à cesser toute mesure arbitraire en attendant une décision de justice, ou jusqu'à ce que le ministre de l'Intérieur intervienne pour annuler ces circulaires et revenir à l'application de la loi. Les ministères de la Santé et de l'Agriculture ont été appelés à faire respecter l'Etat de droit et à appliquer les décisions judiciaires définitives concernant les médicaments vétérinaires, à mettre un terme au gaspillage des fonds publics qui se poursuit depuis 2006 et à garantir le respect des canaux de distribution. Compléments alimentaires Le syndicat a également appelé à accélérer la publication de textes juridiques réglementant la promotion des compléments nutritionnels, des produits cosmétiques et des fournitures médicales, tout en dotant le Département d'inspection pharmaceutique des pouvoirs légaux nécessaires pour poursuivre et saisir tous les médicaments et produits de santé commercialisés illégalement, que ce soit via des plateformes numériques ou des marchés parallèles. Il a souligné la nécessité d'accélérer la numérisation de la relation entre les pharmacies et la pharmacie centrale, en garantissant la transparence des transactions et une distribution équitable dans tout le pays. Caisse nationale d'assurance maladie Le syndicat a relevé les violations graves et continues de la Caisse nationale d'assurance maladie de toutes ses obligations, tant celles stipulées dans la convention signée en 2019 que dans ses annexes, ainsi que la non-application des conclusions du procès-verbal de la dernière session signé sous la supervision du ministre des Affaires sociales. Cette défaillance a conduit un grand nombre de pharmacies à cesser de traiter avec la caisse pour éviter la faillite, perturbant l'approvisionnement en médicaments des citoyens dans plusieurs villes, selon le communiqué. Le syndicat a tenu la caisse entièrement responsable de cette situation dangereuse, appelant le ministre des Affaires sociales à accélérer la mise en œuvre du procès-verbal de la réunion comme solution fondamentale pour assurer la durabilité du secteur et aider les pharmacies à supporter le fardeau financier résultant du retard sans précédent dans le versement de leurs cotisations. Le syndicat a également appelé à un projet efficace de numérisation de la caisse, garantissant la transparence et réduisant l'intervention humaine et les erreurs récurrentes. Il a exprimé sa profonde stupéfaction face aux atermoiements persistants dans cette affaire depuis plus de 17 ans, affirmant clairement qu'il est impossible de poursuivre la relation contractuelle dans les circonstances actuelles. Les pharmaciens et les propriétaires de pharmacies privées ont affirmé leur totale ouverture à un dialogue sérieux et responsable, « mais ils n'hésiteront pas à prendre toutes les mesures juridiques et combatives pour défendre les pharmaciens, les patients et le système national de santé. La dignité des pharmaciens est une ligne rouge... et la sécurité des médicaments des citoyens est une responsabilité partagée qui ne peut être différée », selon le communiqué. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!