La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a vivement critiqué ce lundi les récentes déclarations de Donald Trump à l'égard de l'Union européenne, qu'il accuse de nuire aux intérêts américains. Invitée sur la chaîne allemande ARD, la responsable européenne a dénoncé un « langage terrible », jugé provocateur et historiquement infondé. « Une provocation habituelle » Christine Lagarde a réagi aux propos de l'ancien président américain — et candidat potentiel à sa réélection — selon lesquels l'Union européenne aurait été créée dans l'objectif de porter atteinte aux Etats-Unis. Une déclaration qu'elle a qualifiée de « complètement contre-intuitive », rappelant que les Etats-Unis eux-mêmes ont soutenu la formation de l'Union européenne au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour garantir la stabilité économique et politique du continent. « Cela va à l'encontre de l'histoire, et ce n'est certainement pas le but de cette région », a-t-elle affirmé, en soulignant que ces propos s'inscrivent dans une stratégie de provocation politique à laquelle les Européens ne doivent pas rester indifférents. La menace douanière toujours d'actualité Le président Trump a récemment ravivé les tensions commerciales en menaçant d'imposer dès le 1er juin des droits de douane de 50 % sur les exportations européennes, reprochant au bloc un excédent commercial défavorable aux Etats-Unis et une absence d'avancées concrètes dans les négociations. Toutefois, cette mesure punitive a été temporairement suspendue après un échange téléphonique avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. La date limite pour une éventuelle mise en œuvre des droits de douane a été repoussée au 9 juillet, laissant une fenêtre ouverte à la négociation. Malgré ce report, l'UE reste toujours soumise à une taxe de 10 % sur ses importations imposée par Trump le mois dernier, en plus des droits de douane déjà en vigueur de 25 % sur les voitures, l'acier et l'aluminium. Lagarde plaide pour un dialogue stratégique Pour Christine Lagarde, la réponse européenne ne peut se limiter à l'attentisme. « On ne peut pas simplement rester les bras croisés et faire semblant », a-t-elle déclaré. Elle a appelé les responsables européens à dialoguer avec l'administration américaine, même dans un contexte tendu, afin d'éviter une escalade économique. « Nous devons engager le dialogue, travailler avec son équipe, écouter, faire des propositions, négocier », a-t-elle martelé. Ces déclarations interviennent alors que des discussions étaient prévues lundi après-midi entre les représentants du commerce européen et américain, selon un porte-parole de la Commission. Des tensions aux implications économiques majeures Cette nouvelle flambée de tensions commerciales entre Bruxelles et Washington survient dans un contexte international déjà tendu, marqué par les fragilités des chaînes d'approvisionnement et les incertitudes géopolitiques. Pour la zone euro, tout durcissement des barrières douanières représenterait un risque économique réel, notamment pour les secteurs industriels stratégiques. La position de Christine Lagarde, en tant que cheffe de l'institution monétaire centrale de l'eurozone, vise autant à protéger la stabilité économique qu'à préserver l'autonomie stratégique européenne face à un partenaire américain de plus en plus imprévisible. Le ton est donné : entre la provocation trumpienne et les appels au dialogue des institutions européennes, les semaines à venir seront cruciales pour l'avenir des relations transatlantiques. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!