La jeunesse sénégalaise n'hésite pas à battre le pavé pour manifester sa solidarité avec les Palestiniens et dire tout le mal qu'il pense du naufrage moral de l'Etat hébreu. Cette fois la protestation a eu lieu à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et l'ambassadeur d'Israël au Sénégal, Yuval Waks, en a fait les frais. Il a été « chassé » sans ménagement par les étudiants, indignés par les crimes génocidaires perpétrés par Tsahal à Gaza… Le diplomate israélien était censé animer une conférence sur le thème « Pratiques des relations internationales et accords entre les Etats », programmée à 17h00 GMT. Il n'a même pas eu le temps de placer un mot. Dès qu'ils ont eu vent de la présence de l'ambassadeur israélien, des dizaines d'étudiants ont filé vers la salle 205 de l'UCAD 2 où devait avoir lieu la conférence. « Il n'a même pas pu ouvrir les débats du fait des huées qui l'ont fait quitter la salle avant de s'engouffrer dans son véhicule et disparaître », s'est félicité un membre de la « Coalition Sénégal Palestine », organisation qui milite activement pour que les autorités expulsent l'ambassadeur du pays. Dans une vidéo qui a fait grand bruit sur les réseaux sociaux on voit l'émissaire israélien et sa délégation vider rapidement les lieux, copieusement hués, sur fond de slogans tels que « Free Gaza », « Free Palestine », »Israël criminel ». «L'ambassadeur de l'Etat d'Israël hué à l'université de Dakar par des étudiants qui dénoncent le génocide à Gaza», a commenté sur X Seydi Gassama, directeur d'Amnesty International Sénégal. La « Coalition Sénégal Palestine » n'en restera pas là, elle a programmé un rassemblement pacifique en soutien à la Palestine, à la Place de l'indépendance à Dakar, le 3 juin prochain. Elle réitérera à l'occasion la demande d'expulsion de Yuval Waks, lit-on sur le texte annonçant la manifestation. La pression monte sur le diplomate israélien mais également sur l'exécutif sénégalais… Le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont hérité de liens très troubles entre Dakar et Tel-Aviv. Cela s'est nettement vu dans les entrées qu'avaient les businessmen israéliens au palais de l'ex-président Macky Sall. Les relations ont pris la forme de passe-droits et privilèges accordés à ces investisseurs, qui avaient mis la main sur le domaine public maritime, pour des bouchées de pain. Le pouvoir en place a sifflé la fin, les terres bradées ont été récupérées. Dès qu'ils se sont installés Faye et Sonko ont pris leurs distances avec Israël et indiqué clairement leur inclination pour la cause palestinienne. L'ex-président n'a jamais été aussi ferme dans ses décisions. Quand l'Afrique du Sud et l'Algérie ont bloqué net les projets de l'Etat hébreu au sein de l'Union africaine certes le Sénégal ne s'y est pas opposé, mais il n'avait rien fait non plus pour barrer la route de Benjamin Netanyahu. Et le business n'a jamais cessé. Les nouvelles autorités sénégalaises y ont mis un terme. Elles ne sont pas allées jusqu'à demander le départ de l'ambassadeur israélien, en vertu des traditions diplomatiques du pays, mais il n'est pas impossible que la posture évolue si l'armée israélienne continue de boucher tous les horizons des Palestiniens, de tuer femmes et enfants, d'affamer, de coloniser, d'étouffer dans l'oeuf toute perspective d'Etat palestinien. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!