Une ouverture à marche forcée, timide mais irréversible. Le Japon, on le sait, rechigne à faire de la place aux étrangers, c'est la résultante de freins culturels qui sont dans la tête des Nippons, depuis des générations. Le métissage n'est pas leur tasse de thé. Mais le vieillissement accéléré de la population doublé d'un taux de natalité historiquement bas condamne le pays à des compromis. C'est cela ou l'extinction de la population. Alors Tokyo s'ouvre, contraint et forcé. L'an dernier le nombre d'étrangers dans le pays a atteint un chiffre record, qui sera vite battu. Quand le Japon s'ouvrait c'était surtout pour laisser entrer des ressortissants du voisinage. Puisque le virage s'impose alors autant intégrer des migrants qui ressemblent aux « vrais » Japonais, ça passe mieux dans le paysage local. Mais on n'en est plus là, il est question d'accélérer le pas en accueillant 400 000 étudiants étrangers d'ici 2033. Et le mécanisme sera en place dès cette année. Le Japon a décidé de hausser son attractivité académique en desserrant les verrous autour des visas. Concrètement les procédures fastidieuses seront sensiblement allégées, avec des critères beaucoup plus souples pour étudier et travailler dans l'archipel. Le gouvernement japonais a officiellement annoncé cette révolution culturelle dictée par le pragmatisme démographique et économique. Les futurs candidats auront droit à des démarches administratives simplifiées et les titulaires de diplômés internationaux auront plus de facilités pour résider dans le pays et dénicher un emploi après leurs études. Ces mesures sont censées doper l'attractivité du pays face à une rude concurrence internationale, les Etats-Unis, le Canada, la France ou l'Australie étant des destinations plus prisées par les talents étrangers. D'après les chiffres du ministère de l'Education, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT), le Japon recensait plus de 312 000 étudiants étrangers à la mi-2024, contre quelque 228 000 en 2010… Certes le Japon est nettement distancé par l'Occident mais ce bond remarquable illustre l'efficience des politiques publiques de ces dernières années pour s'imposer dans la course mondiale vers les cerveaux. Les autorités nippones ont la ferme intention d'aller nettement au-delà du seuil actuel. Pour cela elles actionneront plusieurs leviers, à commencer par les frais de scolarité, généralement plus faibles que dans les pays occidentaux. En plus de cet argument phare il y a la solide réputation académique des universités japonaises, notamment grâce à des programmes tels que «Global 30» et «Top Global University Project». Ces dispositifs ont permis de muscler des cursus en anglais et d'augmenter le nombre de professeurs étrangers dans les établissements supérieurs… «Ce n'est pas seulement une question de recrutement, mais aussi de construction d'une communauté académique internationale», commente un responsable du MEXT, cité par le journal Ouest France. Le but est de transformer la quatrième puissance économique mondiale en hub de l'enseignement supérieur en Asie, tout en répondant aux besoins du marché de l'emploi en matière de main-d'œuvre qualifiée. Le Japon se positionne pour capter et fixer sur place les diplômés étrangers, avec de meilleures perspectives professionnelles. La nouvelle législation prévoit un élargissement du périmètre des permis de travail post-études, ce qui permettra aux jeunes diplômés d'être des acteurs dans l'économie locale. Le « pays du soleil levant » rejoint la dynamique mondiale qui fait des étudiants internationaux des talents nationaux au service de l'essor démographique et économique.
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