Dans une décision aux répercussions potentiellement explosives, le gouvernement israélien a annoncé mardi 10 juin l'annulation d'une dérogation cruciale qui permettait aux banques israéliennes de collaborer avec leurs homologues palestiniennes. Cette mesure pourrait entraîner la paralysie totale du système bancaire palestinien, aggravant une situation économique déjà fragile en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Selon un communiqué du ministère israélien des Finances, cette décision fait suite à la volonté du ministre Bezalel Smotrich de répondre à la « campagne de délégitimation » menée, selon lui, par l'Autorité palestinienne contre Israël sur la scène internationale. Il a ainsi ordonné l'annulation de l'indemnité accordée jusqu'ici aux établissements bancaires israéliens traitant avec les institutions opérant dans les territoires palestiniens. Une mesure à portée systémique L'annulation de ce mécanisme met immédiatement en péril les flux monétaires essentiels : salaires, importations de biens, transferts de fonds, règlements commerciaux, et aides internationales transitent en grande partie via ces relations bancaires interconnectées. Des observateurs soulignent qu'il ne s'agit pas d'une simple mesure technique, mais d'un outil de pression économique, à un moment où l'Autorité palestinienne multiplie ses démarches juridiques et diplomatiques contre Israël auprès de la CPI et de l'ONU. Un risque de chaos économique en Cisjordanie Le gel des relations bancaires mettrait en suspens des milliards de shekels transférés mensuellement entre les deux systèmes financiers. En 2023, plus de 8 milliards de shekels ont transité entre les banques israéliennes et palestiniennes. Les effets attendus seraient immédiats : * Inaccessibilité des salaires pour des dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens. * Blocage des transferts internationaux, y compris ceux de l'UNRWA ou d'autres ONG. * Effondrement du secteur bancaire palestinien, qui repose sur les compensations et services de clearing fournis par les banques israéliennes. * Augmentation du recours au cash et au marché noir, favorisant les réseaux informels. Un nouvel outil de contrôle politique ? En refusant toute souplesse ou prolongation technique, le gouvernement Netanyahou semble instrumentaliser l'économie à des fins politiques, punissant l'Autorité palestinienne pour ses démarches à l'international tout en évitant de rompre officiellement la coordination sécuritaire. Cette stratégie fragilise davantage l'équilibre déjà précaire des territoires palestiniens, qui subissent une pression croissante depuis le déclenchement du conflit à Gaza. Elle intervient également alors que la communauté internationale peine à concrétiser ses annonces de reconnaissance de l'Etat palestinien, à l'image de la France, qui n'a toujours pas officiellement franchi le pas malgré des déclarations en ce sens. Conséquences prévisibles : Cette rupture unilatérale de coopération bancaire pourrait ouvrir la voie à une crise économique sans précédent, en plus d'alimenter les tensions politiques et sociales dans les territoires palestiniens. À terme, la déstabilisation de l'Autorité palestinienne pourrait profiter aux factions les plus radicales, réduisant les perspectives de paix et de dialogue. Une telle décision risque enfin d'aggraver l'isolement international d'Israël, déjà confronté à des accusations croissantes de génocides et de violations du droit international humanitaire. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!