Le Parlement tunisien a adopté, mardi 1er juillet 2025 lors d'une séance plénière au palais du Bardo, un projet de loi autorisant la ratification d'un accord de prêt conclu avec l'Agence française de développement (AFD) en septembre 2024. Ce prêt, d'un montant de 50 millions d'euros (environ 170 millions de dinars), vise à renforcer les capacités opérationnelles de la protection civile tunisienne, à travers un vaste programme de modernisation de ses équipements et méthodes d'intervention. Un soutien financier structurant face aux défis climatiques Le texte de loi, qui ne comporte qu'un seul article, a été adopté par 98 voix pour, 2 abstentions et 8 voix contre. Il s'inscrit dans une stratégie nationale de préparation aux catastrophes naturelles, dans un contexte marqué par la recrudescence des inondations, vagues de chaleur et incendies au cours des dernières années. Ce prêt prend la forme d'un financement direct consenti à l'Etat tunisien et mis sous forme de don opérationnel au bénéfice du ministère de l'Intérieur, via le DGPB (le DGH ou Office national de la protection civile). En complément, l'AFD accorde une subvention de 1,5 million d'euros destinée à l'assistance technique, en partenariat avec l'Agence française d'expertise technique internationale. Un projet à long terme, assorti de délais de mise en œuvre Le financement prévoit une période de remboursement de 20 ans, avec 7 années de différé. Les échéances techniques ont également été fixées : * 24 septembre 2025 : date limite pour le retrait de la première tranche du prêt. * 31 décembre 2030 : échéance maximale pour le décaissement complet du financement. Objectifs opérationnels du projet Selon les documents officiels présentés aux députés, le projet entend : * Renforcer la capacité de réponse rapide face aux catastrophes naturelles et aux situations d'urgence. * Moderniser les équipements d'intervention (véhicules, drones, systèmes de télécommunication, outils de détection). * Former les agents de la protection civile aux standards internationaux de gestion des crises. * Adapter les dispositifs de coordination interservices dans les régions à risque élevé. Ce programme de modernisation est aussi perçu comme une réponse concrète aux défis posés par les changements climatiques, en dotant la Tunisie d'un cadre technique plus robuste et d'une meilleure logistique d'intervention en cas de crise. Un vote à majorité, mais pas unanime Malgré une large majorité favorable, 8 députés ont voté contre et 2 se sont abstenus. Certains élus ont exprimé des réserves concernant : * La soutenabilité de la dette publique, * Le recours récurrent à des financements extérieurs, * Le manque de visibilité sur l'impact réel des programmes précédents liés à la sécurité civile. Cependant, la majorité des groupes parlementaires ont salué une démarche pragmatique face à des enjeux de sécurité nationale de plus en plus pressants. Une stratégie de résilience à renforcer Ce prêt s'inscrit dans un effort plus large de résilience climatique engagé par les autorités tunisiennes. Face aux événements extrêmes qui se multiplient (pluies torrentielles, feux de forêt, canicules prolongées), la modernisation de la protection civile devient un pilier central de la gestion des risques. Il s'agit aussi d'améliorer la capacité de prévention à travers l'utilisation de données météorologiques, la cartographie des zones vulnérables et la mobilisation rapide des ressources humaines et matérielles en cas d'alerte. Analyse : une montée en puissance lente mais nécessaire Le projet de modernisation du dispositif de protection civile soutenu par l'AFD marque une étape importante, mais il soulève également plusieurs enjeux stratégiques : 1. Une opportunité d'alignement sur les standards internationaux Grâce à l'expertise française mobilisée, la Tunisie pourra mieux intégrer les outils de prévision, d'évaluation des risques et d'intervention rapide. 2. Un levier pour renforcer la gouvernance territoriale des urgences Le projet peut améliorer la coordination entre les services centraux et les directions régionales de la protection civile, souvent confrontées à des moyens limités. 3. Un besoin de suivi rigoureux et d'évaluation d'impact Le succès de ce type de projet repose sur la qualité de l'exécution : il sera essentiel de mettre en place des indicateurs de performance et une gestion transparente des fonds. 4. Un signal politique vers la coopération franco-tunisienne Ce prêt confirme le rôle de l'AFD comme acteur clé du soutien aux politiques publiques tunisiennes. Il contribue à entretenir une relation bilatérale solide dans le domaine de la sécurité civile et du développement durable. Dans un pays où les catastrophes naturelles risquent de devenir plus fréquentes et plus destructrices, la mise à niveau de la protection civile n'est plus un luxe mais une nécessité. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!