À moins d'une semaine de la date butoir du 9 juillet, le président américain Donald Trump a de nouveau agité la menace de lourdes sanctions douanières à l'encontre du Japon, promettant des droits de douane pouvant atteindre 35 % sur l'ensemble des importations japonaises si aucun accord commercial bilatéral n'est conclu d'ici là. Lors d'une déclaration aux journalistes à bord d'Air Force One, Trump a affirmé : « Nous avons laissé à Tokyo suffisamment de temps. Je doute fortement qu'un accord soit trouvé. » Cette menace de surtaxation vient raviver les tensions commerciales entre les deux puissances économiques, alors que les négociations ministérielles entamées depuis avril peinent à aboutir. Une hausse tarifaire progressive, bientôt irréversible ? En avril dernier, Trump avait lancé un plan de pression commerciale baptisé « Jour de la libération », instaurant des tarifs punitifs de 24 % sur la plupart des partenaires commerciaux, dont le Japon. Face à la réaction diplomatique internationale, ces droits avaient été réduits temporairement à 10 % pour 90 jours, dans l'objectif affiché de permettre des négociations. À l'approche de l'échéance du 9 juillet, les discussions restent dans l'impasse. Si aucun compromis n'est trouvé, les droits douaniers passeront automatiquement à 35 %, selon des sources proches du Département au commerce. Tokyo joue la carte de la prudence diplomatique Face aux propos tranchants de Trump, les autorités japonaises ont opté pour une réponse mesurée. Kazuohiko Ooki, vice-secrétaire général du Cabinet japonais, a déclaré lors d'une conférence à Tokyo : « Nous sommes au courant des déclarations du président Trump, mais nous ne commenterons pas chaque sortie médiatique de responsables américains. » Le gouvernement japonais réaffirme néanmoins son engagement à poursuivre les négociations dans un esprit « amical et constructif », tout en refusant de céder sur des points jugés stratégiques, notamment la protection de son agriculture. Dans une publication sur Truth Social, Donald Trump a directement mis en cause la politique commerciale de Tokyo, accusant le Japon de refuser d'importer le riz américain malgré un « déficit massif d'approvisionnement » sur le marché local. « Le Japon est l'un des pays les plus gâtés au détriment des Etats-Unis », a-t-il lancé. Impact immédiat sur les marchés et l'industrie Les marchés financiers nippons n'ont pas tardé à réagir. Après une chute de plus de 1 % mardi, la bourse de Tokyo a continué de reculer légèrement mercredi, sous l'effet de la nervosité des investisseurs face à un risque d'escalade commerciale. Les secteurs automobile, électronique, et sidérurgique, très dépendants des exportations vers les Etats-Unis, sont les plus exposés. Actuellement, ces produits subissent déjà : * 10 % de droits de douane sur les exportations générales * 25 % sur les véhicules et pièces détachées * 50 % sur l'acier et l'aluminium japonais Toute nouvelle hausse pourrait entraîner une désorganisation des chaînes d'approvisionnement mondiales, alors que les deux pays jouent des rôles majeurs dans l'électronique, les semi-conducteurs et la construction automobile. Analyse : vers un retour d'une guerre commerciale à grande échelle ? L'offensive commerciale de Donald Trump, à quelques mois de l'élection présidentielle américaine, révèle plusieurs dynamiques stratégiques : 1. Un positionnement électoral calculé : En reprenant le ton musclé de ses précédentes campagnes, Trump cherche à séduire l'électorat ouvrier et protectionniste, notamment dans les Etats industriels clés. Le Japon devient ici un symbole d'un commerce international jugé déséquilibré. 2. Un signal à l'ensemble des partenaires commerciaux : Le durcissement envers Tokyo pourrait être lu comme un avertissement à l'Europe, à la Chine ou encore au Mexique, montrant que les concessions attendues par Washington sont impératives, sous peine de représailles économiques. 3. Un test pour le Japon et sa stratégie d'autonomie : En refusant de céder, notamment sur les produits agricoles, Tokyo tente de préserver ses intérêts stratégiques nationaux tout en naviguant dans une diplomatie de crise. Mais une absence d'accord pourrait affaiblir sa position à l'international, notamment vis-à-vis des autres membres du G7. 4. Des conséquences globales potentielles : Si les droits de douane devaient atteindre 35 %, les retombées se feraient sentir au-delà du bilatéral. Les prix à la consommation aux Etats-Unis, déjà sous tension, pourraient grimper, tandis que les exportateurs japonais seraient contraints de se redéployer vers d'autres marchés. 5. Un contexte global instable : Alors que les tensions commerciales s'ajoutent aux incertitudes géopolitiques et aux fluctuations énergétiques, le retour d'une guerre commerciale USA–Japon pourrait alimenter une nouvelle instabilité mondiale, avec des effets en cascade sur les économies émergentes, y compris en Afrique du Nord. Ainsi, à quelques jours d'une échéance cruciale, le bras de fer entre Washington et Tokyo illustre le retour d'une logique commerciale dure sur fond d'électoralisme et de rapports de force géoéconomiques. Le monde des affaires, comme les observateurs politiques, retient son souffle, alors que se profile peut-être un nouveau cycle de tensions commerciales dont les répercussions pourraient dépasser largement le cadre bilatéral. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!