L'écosystème financier tunisien connaît une transformation accélérée, portée par la digitalisation et l'essor des technologies financières. Cette dynamique s'accompagne de progrès mesurables, tant en termes d'accès aux services qu'en matière d'usages concrets, illustrant une évolution profonde du rapport des Tunisiens à la banque et à l'argent. Des chiffres qui témoignent d'une progression rapide La Tunisie affiche une nette amélioration de l'inclusion financière. En 2021, 75% des Tunisiens étaient clients d'une institution financière formelle, contre 61% en 2018. Le pourcentage d'adultes possédant un compte bancaire est passé de 33% à 49% sur la même période. Cette progression s'accompagne d'une explosion des transactions électroniques : en 2024, celles-ci ont atteint 27 891 millions de dinars (environ 8,8 milliards de dollars), soit une hausse de 10,6% par rapport à l'année précédente. Le nombre total de transactions électroniques est passé de 149 à 163 millions en un an, traduisant une adoption massive des paiements numériques. Les cartes bancaires poursuivent leur essor avec 5,7 millions de cartes en circulation en 2025, tandis que le nombre de sites e-commerce actifs a augmenté de 19,2% pour atteindre 1 342 sites au premier trimestre 2025. Les paiements scripturaux ont également progressé, atteignant 13,5 millions d'opérations pour une valeur totale de 1,433 milliard de dinars. Des expériences concrètes d'inclusion et d'innovation L'impact de la digitalisation se mesure aussi à travers des initiatives concrètes. Les fintechs et les institutions de microfinance proposent des comptes simplifiés, des microcrédits et des produits d'épargne accessibles via smartphone, ciblant notamment les populations rurales et à faibles revenus. Ceci a permis de renforcer les capacités des autorités nationales et d'améliorer la protection des clients des institutions de microfinance, tout en développant un produit de micro-assurance adapté aux besoins locaux. Ce projet a aussi favorisé l'éducation financière et la création d'un fonds de refinancement pour élargir la portée de l'inclusion financière dans le pays. Disparités à réduire Malgré ces avancées, des disparités subsistent. En 2021, 9% des particuliers et 29% des entreprises déclaraient n'avoir aucun accès aux services financiers formels. L'usage reste basique pour 40% des particuliers et 51% des entreprises, qui se limitent souvent à des opérations simples comme le retrait ou le dépôt d'argent. Les populations à bas revenus, les auto-entrepreneurs et les très petites entreprises demeurent les moins bien servis par le système financier traditionnel. L'accès physique aux services reste un enjeu, notamment pour les institutions de microfinance dont les agences sont éloignées pour la majorité des ruraux. Toutefois, la Poste tunisienne, accessible à pied pour plus de 80% des répondants, joue un rôle clé dans la proximité des services financiers. L'expérience tunisienne montre que la digitalisation, appuyée par des politiques publiques volontaristes et des innovations adaptées, permet d'élargir l'accès au système financier. Les progrès sont tangibles, mais la réduction des inégalités d'accès et la montée en compétence des utilisateurs restent des axes prioritaires pour garantir que la transformation numérique bénéficie à tous. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!